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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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étaient presque épuisées. On fabriquait en bois les socs de charrue et les couteaux en os. Les nations grecques ne pourraient longtemps survivre, à moins de mettre fin au plus vite à la politique d’exclusion imposée par Troie. Les tribus barbares étaient massées au nord et à l’ouest, prêtes à fondre sur nous pour nous exterminer.
    Où trouver le bronze afin de fabriquer les armes indispensables à notre défense ?
    J’avais écouté, promis de trouver une solution. Il n’y en avait pas d’autre que la guerre mais, parmi les rois de la délégation, nombreux étaient ceux qui refuseraient d’en venir ainsi aux pires extrémités. Maintenant, grâce à Clytemnestre, je connaissais le moyen de régler le problème. J’étais dans la force de l’âge, j’avais déjà fait la guerre et m’y étais distingué. Je pouvais fort bien commander l’expédition ! Et Hélène me servirait d’excuse. Le rusé Ulysse avait tout prévu, il y a sept ans, quand il avait poussé Tyndare à exiger ce serment des prétendants éconduits d’Hélène.
    Je devais accomplir de hauts faits, sinon ma renommée périrait avec moi. Quel exploit eut été plus admirable que la conquête de Troie ? Grâce au serment de l’étalon, j’étais en mesure de lever une année de cent mille hommes. Une dizaine de jours suffiraient à ma gloire. Une fois Troie en ruines, qui oserait m’empêcher d’attaquer les États côtiers d’Asie Mineure pour en faire les satellites d’un Empire grec ? Bronze, or, argent, électrum, joyaux, terres, tout serait à moi. Il me suffisait d’avoir recours au serment de l’étalon. Oui, j’avais le pouvoir d’édifier un empire pour mon peuple.
    Clytemnestre et Ménélas m’observaient.
    — Hélène a été enlevée, finis-je par annoncer sobrement.
    Mon frère secoua tristement la tête.
    — Si seulement c’était vrai, Agamemnon, mais il n’a pas été besoin de la contraindre.
    — Ce qui s’est réellement passé ne m’intéresse pas, répliquai-je. Tu diras que c’est un rapt, Ménélas. Si tu laissais entendre qu’elle est partie de son plein gré, notre plan s’effondrerait, comprends-le, Obéis sans discuter et je lèverai une armée.
    Anéanti l’instant d’avant, Ménélas exultait à présent.
    — Oh oui, Agamemnon ! Oui !
    Clytemnestre sourit avec amertume. Nos parents n’étaient autres que des imbéciles et, tous deux, nous le savions. Un esclave apparut au loin.
    — Envoie-moi Calchas, lui ordonnai-je.
    Quelques instants plus tard le prêtre fit son entrée, se prosterna devant moi. Pourquoi donc était-il venu à Mycènes ? Il y a peu de temps encore, ce Troyen de la plus haute noblesse était grand prêtre d’Apollon à Troie. Quand il était venu en pèlerinage à Delphes, la Pythie lui avait enjoint de se mettre au service de l’Apollon de Grèce, lui interdisant de jamais retourner à Troie. Lorsqu’il se présenta à moi, je fis vérifier son histoire ; la Pythie confirma ce qu’il m’avait appris. Désormais Calchas serait à mon service, telle était la volonté du seigneur de la Lumière. Je n’avais nulle raison de le soupçonner de traîtrise. Doué de seconde vue, il m’avait annoncé quelques jours auparavant la visite de mon frère.
    C’était un véritable albinos, aussi sa physionomie était-elle fort peu engageante. Il était chauve, sa peau était aussi blanche que le ventre des poissons. Ses yeux rouges louchaient et sa grosse figure ronde n’exprimait que la stupidité. Signe trompeur, car Calchas était loin d’être bête.
    — Calchas, quand as-tu quitté Priam, exactement ?
    — Il y a cinq lunes, seigneur.
    — Le prince Pâris était-il déjà rentré de Salamine ?
    — Non, seigneur.
    — Tu peux disposer.
    Il se raidit, outragé d’avoir été si sommairement congédié ; de toute évidence, à Troie, il était traité avec plus d’égards. Mais Troie adorait Apollon le Très-Haut, alors qu’à Mycènes, le Très-Haut était Zeus. Comme il devait souffrir d’avoir été contraint par Apollon à servir en un lieu étranger à son cœur !
    — Qu’on fasse venir le chef des hérauts, ordonnai-je en frappant à nouveau dans mes mains.
    Ménélas soupirait.
    — Courage, frère. On la ramènera. Nul ne peut rompre le serment de l’étalon. Tu auras ton armée dès le printemps prochain.
    Le chef des hérauts arriva.
    — Tu enverras un messager à tous les rois et princes grecs et crétois qui

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