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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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l’heure du dîner, nombre de nouveaux venus – dont certains n’avaient pas prêté serment – se pressaient dans la salle. Je leur exposai mes plans : envahir la péninsule de Troie, m’emparer de la cité et libérer l’Hellespont. Par fidélité envers mon frère absent, je m’attardai sur la perfidie de Pâris, mais nul ne se laissa duper. Tous connaissaient les véritables raisons de cette guerre.
    — Partout les marchands réclament à cor et à cri la réouverture de l’Hellespont, expliquai-je. Il nous faut davantage d’étain et de cuivre. Les barbares du Nord et de l’Ouest ont des vues sur nos terres. Certains de nos États sont surpeuplés ; pauvreté, émeutes et complots en sont la conséquence. Ne vous méprenez pas, je ne vais point guerroyer seulement pour récupérer Hélène. Cette expédition contre Troie et les États côtiers d’Asie Mineure nous permettra d’envoyer notre surplus de population dans des territoires riches et sous-peuplés, afin d’y fonder des colonies. Sur les côtes de la mer Égée, on parle plus ou moins grec. Imaginez ce monde comme étant totalement grec. Imaginez-le comme l’Empire grec.
    Avec quel plaisir chacun d’eux écouta ce discours ! Tous mordirent avidement à l’hameçon. Je n’eus finalement même pas besoin de parler du serment. La cupidité est une motivation bien plus puissante que la peur. Bien sûr, Athènes prit mon parti ; je n’avais d’ailleurs jamais douté de l’aide de Ménesthée. Ni de celle d’Idoménée de Crète, le troisième grand roi. Mais le quatrième, Pélée, me refuserait la sienne, j’en étais certain.
     
    Plusieurs jours après, Ménélas revint avec Nestor. Je fis aussitôt amener le vieil homme dans mes appartements, où se trouvait déjà Palamède, et renvoyai Ménélas. La prudence exigeait qu’il continuât à croire que l’unique cause de la guerre était Hélène. En effet, il n’avait pas encore songé à ce qu’il adviendrait d’elle quand nous l’aurions reprise et cela valait mieux, car une reine adultère devait être décapitée.
    Je n’avais aucune idée de l’âge de Nestor, roi de Pylos. C’était déjà un vieillard chenu lorsque j’étais enfant, mais il n’avait en rien perdu sa sagesse, depuis. On ne percevait aucun signe de sénilité dans ses yeux bleus qui pétillaient d’intelligence ; ses doigts ornés de bagues ne tremblaient pas.
    — Qu’est-ce donc que cette fable, Agamemnon ? demanda-t-il. Ton frère est plus sot que jamais ! Tout ce qu’il a su me dire, c’est qu’on avait enlevé Hélène par la force. Vraiment ! Ne va pas prétendre t’être laissé duper au point de satisfaire ses caprices ! La guerre pour une femme ? Reprends-toi, Agamemnon !
    — Seigneur, nous allons nous battre pour nous procurer de l’étain et du cuivre, pour étendre notre commerce, libérer l’Hellespont et fonder des colonies grecques en Asie Mineure, le long des côtes de la mer Égée. L’enlèvement d’Hélène, le vol du trésor de mon frère, ne sont que des prétextes, voilà tout.
    — Voilà qui me rassure. Combien d’hommes espères-tu rassembler ?
    — Nous comptons sur environ quatre-vingt mille soldats et, avec l’intendance, le total dépasserait cent mille hommes. Mille navires prendront la mer au printemps prochain.
    — C’est une expédition importante. J’ose espérer que tu la prépares avec soin.
    — Assurément, répondis-je d’un ton hautain. Mais une telle armée ne manquera pas de venir rapidement à bout de Troie ; ce sera l’affaire de quelques jours à peine.
    — En es-tu bien certain, Agamemnon ? demanda Nestor stupéfait. T’es-tu déjà rendu à Troie ?
    — Non.
    — N’as-tu donc jamais entendu parler de ses murailles ?
    — Si, bien sûr, mais nulle muraille ne saurait résister à l’assaut de cent mille hommes !
    — C’est possible… Attends cependant d’avoir abordé aux rivages de la Troade pour en mieux juger. Troie n’est pas Athènes, avec sa citadelle fortifiée défendue par un simple mur qui descend jusqu’à la mer. À Troie, la cité entière est encerclée de bastions. Je sais que tu peux triompher, mais je sais également que la bataille sera longue.
    — Permets-moi de ne pas partager ton avis, seigneur, déclarai-je d’une voix ferme.
    — Ni moi ni mes fils n’avons prêté le serment, cependant tu peux compter sur nous. Ne pas briser la puissance troyenne, Agamemnon, c’est

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