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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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fortune pour l’équiper. Son char était doré, ses chevaux de loin les plus beaux : trois étalons blancs de Thessalie, aux harnais étincelants d’or et de pierreries. Sa cuirasse était dorée à l’or fin, renforcée de plaques de bronze et d’étain, entièrement décorée de symboles et de motifs sacrés, le tout rehaussé d’ambre et de cristal de roche. Seuls Ajax et lui pouvaient arborer une si lourde armure !
    Achille, curieusement, n’était armé que d’une vieille lance des plus ordinaires. C’est son cousin Patrocle qui conduisait le char et, quand un obstacle l’obligea à faire halte, les chevaux d’Achille se mirent à parler.
    — Salut, Myrmidons ! cria celui de droite en faisant onduler son épaisse crinière blanche.
    — Nous le transporterons vaillamment, Myrmidons ! proclama ensuite le cheval du milieu.
    — N’ayez crainte pour Achille tant que nous tirerons son char, ajouta enfin le troisième.
    Les Myrmidons souriaient et abaissaient leurs lances pour saluer. Mais Idoménée, qui précédait Achille, en resta stupéfait et sans voix.
    Je me trouvais quant à moi juste derrière le char doré, et j’avais saisi le stratagème : c’était Patrocle qui parlait, lèvres presque closes, pour les chevaux !
     
    Le temps clair et la brise persistaient ; tous les présages annonçaient une traversée paisible. Mais la nuit précédant le départ, ne parvenant pas à trouver le sommeil, je me levai et marchai longuement sous les étoiles. Un homme me rejoignit alors.
    — Tu ne peux pas dormir non plus ?
    Nul besoin de le regarder pour savoir qui c’était. Seul Diomède pouvait chercher ainsi la compagnie d’Ulysse. Quel précieux ami, ce vieux camarade endurci par les batailles ! Il me tenait en haute estime, et j’avais parfois l’impression que cela frisait l’idolâtrie. Diomède ne pourrait nous décevoir. Il avait combattu dans toutes les campagnes, de la Crète à la Thrace, et avait compté parmi ceux qui s’étaient emparés de Thèbes et l’avaient rasée. Il s’était empressé de venir d’Argos à Mycènes, plein de fougue, car il avait aimé Hélène à la folie et, tout comme le pauvre Ménélas, il se refusait à croire qu’elle s’était enfuie.
    — Il va pleuvoir demain, déclara-t-il en levant la tête pour scruter le ciel.
    — Je ne vois aucun nuage, objectai-je.
    — Mes os me font souffrir, Ulysse. Mon père disait toujours qu’un homme dont le corps a été maintes fois meurtri par les lances et les flèches a mal partout quand viennent la pluie et le froid. Et ce soir la douleur est si vive que je ne puis dormir.
    — J’espère que tes os se trompent cette fois, Diomède. Mais pourquoi me cherchais-tu ?
    — Je savais bien que le Renard d’Ithaque ne dormirait pas tant qu’il ne sentirait pas son navire bercé par les vagues, répondit-il avec un fin sourire. Je voulais te parler.
    Je l’entraînai, un bras autour de ses larges épaules.
    — Alors allons-y. J’ai du vin et un bon feu.
    Il faisait bon dans la pénombre de ma tente. Nous nous installâmes sur les couches disposées autour du brasero et je nous servis à tous deux du vin pur, dans l’espoir que cela nous assoupirait quelque peu. Il était peu probable qu’on vînt nous déranger mais, par précaution, je tirai le rideau.
    — Ulysse, tu es l’homme le plus remarquable de cette expédition, commença-t-il avec conviction.
    Je ne pus m’empêcher de rire.
    — Non, non ! C’est Agamemnon ! Ou peut-être bien Achille…
    —  Agamemnon  ? Un pareil autocrate ? Non, pas lui, il n’en tirera les honneurs que parce qu’il est grand roi. Quant à Achille, ce n’est qu’un gamin. Oh, je t’accorde qu’il a l’étoffe d’un héros ! Il est intelligent, et plus tard il sera redoutable. Mais pour le moment, il n’a pas encore été mis à l’épreuve. Qui sait ? Peut-être prendra-t-il ses jambes à son cou à la seule vue du sang ?
    — Non, pas Achille, rétorquai-je en souriant.
    — Je te concède ce point. Mais jamais il ne te surpassera ! Ce sera grâce à toi, et à toi seul, que Troie tombera entre nos mains, je le sais.
    — Tu divagues Diomède, lui dis-je doucement. Que peut l’intelligence en seulement dix jours ?
    — Dix jours ! ricana-t-il. Tu veux dire dix ans ! C’est d’une véritable guerre qu’il s’agit. Mais je ne suis point venu pour parler de cela. Je suis venu solliciter ton aide.
    — Mon aide ?

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