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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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Achille n’en saura jamais rien !
    — Eh bien vas-y, dit-il, j’y consens.
    Avant de partir, je pris Ménélas à part.
    — Ménélas, veux-tu récupérer Hélène ? demandai-je.
    — Ulysse, c’est mon seul désir !
    — Aide-moi, en ce cas, ou nous ne ferons jamais voile pour Troie.
    — Je suis prêt à t’obéir en tout.
    — Agamemnon va sans nul doute faire prévenir Clytemnestre de mes desseins pour qu’elle refuse de me confier sa fille. Il faut que tu interceptes le messager du roi.
    — Je jure, Ulysse, que nul autre avant toi ne parlera à Clytemnestre.
     
    Clytemnestre fut ravie du mariage qu’Agamemnon avait envisagé pour sa fille cadette. Elle adorait Iphigénie. Son mariage avec Achille lui permettrait de la garder encore un peu à Mycènes, en attendant que son époux revînt de Troie. Clytemnestre passa un temps infini auprès de sa fille pour l’initier aux mystères de la vie de femme et à ceux du mariage, tout en emplissant elle-même les malles d’Iphigénie. Elle se trouvait encore près d’elle quand sa litière franchit la Porte des Lionnes, et se pencha à l’intérieur pour donner à Iphigénie un baiser sur le front. Je frémis. La reine était-elle aussi excessive dans ses haines que dans ses amours ? Comment réagirait-elle en apprenant la vérité ? Agamemnon ferait bien de craindre sa vengeance.
    Nous voyageâmes aussi vite que nous le permettaient les porteurs, car j’avais hâte d’arriver à Aulis. Quand nous faisions halte pour nous reposer ou camper, Iphigénie ne cessait ses innocents bavardages : comment elle avait admiré Achille quand elle le regardait à la dérobée dans le Palais du Lion, comment elle en était tombée passionnément amoureuse, combien il était merveilleux de l’épouser, car c’était ce qu’elle désirait par-dessus tout… Je m’étais endurci pour n’éprouver nulle pitié pour elle, mais c’était de plus en plus difficile, tant ses yeux reflétaient d’innocence et de joie !
    À la nuit tombée, j’amenai la litière, rideaux tirés, dans le camp royal et installai aussitôt Iphigénie dans une petite tente près de celle de son père. Je la laissai avec lui. Ménélas guettait, au cas où, face à sa fille, Agamemnon renoncerait à ses résolutions. Jugeant préférable de ne pas attirer l’attention sur la venue d’Iphigénie, je ne postai aucun garde près de sa tente, Ménélas devant veiller à ce qu’elle n’en sorte pas.

11
    Récit d’Achille
     
    Chaque jour et par tous les temps, j’entraînais mes hommes en les réchauffant grâce à des exercices difficiles. Les Myrmidons aimaient cette discipline stricte et se sentaient meilleurs encore que les autres soldats.
    Je ne me rendais jamais au quartier général. Nous commencions tous à songer que l’expédition n’aurait sans doute pas lieu, et n’attendions que l’ordre de nous disperser.
    Une nuit de pleine lune, seul dans ma tente, je jouais de la lyre et chantais, quand un bruit me fit lever la tête ; une femme enveloppée d’un manteau ruisselant de pluie écartait le rabat de la tente. Je la regardai, ahuri, n’en croyant pas mes yeux. Elle entra, tira le rideau et secoua la tête pour chasser de ses cheveux les gouttelettes importunes.
    — Achille, s’écria-t-elle, les yeux brillants comme de l’ambre doré, je t’avais aperçu à Mycènes, par l’entrebâillement d’une porte, derrière le trône de mon père. Oh, je suis si heureuse !
    Je m’étais levé, mais ne sus quoi répondre.
    Elle avait tout au plus quinze ou seize ans, du moins ce fut mon impression avant qu’elle n’ôtât son manteau, me dévoilant des seins bien ronds et une peau laiteuse. Sa bouche rose était joliment dessinée, et ses cheveux avaient la couleur des flammes. L’air semblait vibrer autour d’elle, tant son visage rayonnait et, malgré son extrême jeunesse, on y devinait une force d’âme peu commune.
    — Ma mère n’a pas eu à me persuader, se hâta-t-elle de poursuivre. Je n’ai pu attendre jusqu’à demain pour te dire à quel point je suis heureuse ! Oui, Iphigénie est enchantée de t’épouser !
    Je sursautai. Iphigénie  ? La seule Iphigénie que je connaissais était fille d’Agamemnon et de Clytemnestre ! Et de quoi donc parlait-elle ?
    Je continuai à la fixer, comme un pauvre imbécile, incapable de parler. Je me décidai à la questionner en voyant l’incertitude envahir ses yeux.
    — Que fais-tu à

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