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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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Aulis ?
    Au même instant, Patrocle entra.
    — Une visite, Achille ? Je m’en vais.
    Je me précipitai pour lui saisir le bras.
    — Patrocle, elle prétend être Iphigénie ! murmurai-je. Ce doit être la fille d’Agamemnon. Et elle croit que j’ai envoyé un messager à sa mère pour demander sa main !
    — Serait-ce un complot pour te déshonorer ou un test pour éprouver ta loyauté ?
    — Je l’ignore.
    — Ne devrions-nous pas la ramener à son père ?
    — Non. De toute évidence elle est venue me voir en cachette et nul n’est au courant de sa présence ici. Le mieux, c’est que je la garde avec moi pendant que tu iras chez Agamemnon pour découvrir ce qui se trame. Fais vite.
    Il avait déjà disparu.
    — Assieds-toi, princesse, je t’en prie. Veux-tu un peu d’eau, un gâteau ? dis-je à ma visiteuse.
    Elle se jeta alors sur mes genoux, enlaça mon cou de ses bras et posa la tête sur mon épaule avec un soupir. J’étais prêt à la jeter à terre puis me ravisai à la vue de ses boucles désordonnées. Elle n’était qu’une enfant, une enfant qui m’aimait. Cela faisait six mois que je n’avais pas vu Déidamie et cette jeune fille éveillait en moi des émotions bien différentes. Ma femme avait sept ans de plus que moi et c’était elle qui m’avait courtisé. Pour le garçon de treize ans que j’étais et dont les sens commençaient à s’éveiller, cette expérience avait été extraordinaire. À présent je m’interrogeais : quels sentiments éprouverais-je pour Déidamie à mon retour de Troie ? J’étais si heureux de tenir Iphigénie, de respirer le suave et frais parfum de la jeunesse.
    Elle esquissa un sourire en me regardant, puis ses lèvres caressèrent mon cou. Sa gorge, tout contre ma poitrine, était brûlante. Patrocle , Patrocle , reviens vite  ! Puis elle murmura des mots qui m’échappèrent. Je passai les mains dans son épaisse chevelure de feu et lui relevai la tête.
    — Que dis-tu ? demandai-je.
    — Je voulais simplement que tu m’embrasses, dit-elle en rougissant.
    — Non, répondis-je en tressaillant. N’as-tu point vu ma bouche, Iphigénie ? Elle n’est pas faite pour les baisers.
    — Alors, laisse-moi t’embrasser, partout.
    J’aurais dû la repousser, mais j’en fus incapable. Je laissai ses lèvres, douces comme du duvet de cygne, errer sur mon visage, frôler mes paupières mi-closes, se nicher dans les replis de mon cou, la où les nerfs font battre le cœur d’un homme. Je désirais la serrer fort contre moi, jusqu’à ce qu’elle haletât de plaisir. Je dus lutter contre moi-même pour la libérer et plonger mon regard dans ses yeux avec sévérité.
    — Cela suffit, Iphigénie. Tiens-toi tranquille.
    Enfin, Patrocle revint. Debout sur le seuil, il me fixait d’un air narquois. Alors j’effleurai la joue d’Iphigénie et la repoussai pour qu’elle s’assît sur une chaise. Patrocle avait l’air sombre et irrité. Il ne voulut pas parler avant d’être bien sûr qu’elle ne pouvait l’entendre.
    — Ils ont ourdi un complot infâme, Achille.
    — Je n’en ai jamais douté. De quoi s’agit-il, exactement ?
    — Agamemnon et Calchas étaient seuls dans la tente et parlaient. À leur insu, j’ai entendu presque tout ce qu’ils disaient. Achille, ils se sont servi de ton nom pour enlever cette enfant à sa mère ! Ils ont raconté à Clytemnestre que tu souhaitais épouser Iphigénie, avant le départ de la flotte, pour la faire venir à Aulis. On doit demain la sacrifier à Artémis. Ainsi seulement Agamemnon, coupable de parjure envers la déesse, pourra expier sa faute.
    J’entrai dans une colère terrible, les dieux de l’Olympe eux-mêmes durent en être secoués. Ma rage me faisait tout oublier : principes, décence, raison. Je tremblai comme si le sortilège s’était à nouveau emparé de moi. Je me serais précipité sous la pluie pour abattre Agamemnon et le prêtre à coups de hache, si Patrocle ne m’avait pas saisi les poignets avec une force incroyable.
    — Achille, réfléchis  ! murmura-t-il. Réfléchis donc  ! À quoi cela servirait-il de les tuer ? Le sang d’Iphigénie est indispensable pour que la flotte lève l’ancre ! Notre grand roi a sans conteste été manipulé par Calchas !
    Je serrai les poings si fort que je me dégageai de son étreinte.
    — Espères-tu que je vais rester passif et approuver ce crime ? Ils se sont servi de mon nom pour commettre un

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