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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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sèche. Vous êtes tous au courant de la situation, aussi ne vois-je pas l’intérêt d’y revenir. Vous pourrez me retirer votre soutien, si vous le jugez bon, et ce malgré le serment de l’étalon. Ulysse seul a quelque chose à vous dire, pas moi. Patrocle, remets le bâton à Ulysse.
    Ulysse était debout au milieu de la salle (Agamemnon s’était fait construire une maison en pierre car il faisait de plus en plus froid). Sa crinière rousse était rejetée en arrière en une masse de boucles, ses grands yeux gris nous transperçaient jusqu’au tréfonds pour déceler notre vraie nature : nous étions des rois, mais aussi des hommes. Nous, les Grecs, avons toujours honoré les hommes doués de prescience et Ulysse était de ceux-là.
    Après avoir fait servir du vin par Patrocle, il expliqua pourquoi il avait pris sur lui d’emprisonner les pires éléments de l’armée dans un endroit où ils ne pouvaient nuire à personne. Je savais qu’il ne divulguerait pas sa véritable intention : il n’avait pas confiance en certains de ceux qui étaient présents.
    — Bien que nous n’ayons pas tenu conseil, poursuivit-il d’une voix douce, il n’est pas difficile de deviner quels sont vos sentiments. Ainsi nul d’entre nous ne veut-il assiéger Troie. Je respecte votre point de vue ; en tentant de la conquérir de cette manière, nous pourrions périr. Je n’ai donc pas l’intention de parler de siège. Diomède et moi sommes allés à plusieurs reprises à l’intérieur de Troie, la nuit. Nous y avons appris que, si nous sommes encore ici au printemps prochain, la situation sera totalement différente. Priam a contacté tous ses alliés sur la côte d’Asie Mineure et tous lui ont promis une armée. Quand la neige aura fondu sur les montagnes, Priam aura à sa disposition deux cent mille hommes. Et nous serons chassés.
    — Tu nous peins un tableau bien noir, Ulysse, interrompit Achille. Sommes-nous partis de chez nous pour connaître l’infamie la plus totale, aux mains d’ennemis que nous n’avons affrontés qu’une fois ? Selon toi, nous nous serions lancés dans une expédition coûteuse dont nous ne retirerons aucun profit. Où est le butin que tu nous a promis, Agamemnon ? Qu’en est-il de ta guerre de dix jours ? De ta victoire facile ? Quoi que nous envisagions, la seule perspective que nous ayons c’est la défaite. Et il y a des défaites pires que de perdre une bataille. La pire de toutes serait d’être obligés d’évacuer cette plage et de rentrer chez nous les mains vides.
    — Êtes-vous tous aussi démoralisés qu’Achille ? demanda Ulysse en riant. Comme je vous plains ! Pourtant il dit la vérité. J’ajouterai que si nous passons tout l’hiver ici, il sera de plus en plus difficile de s’approvisionner.
    — C’est ce que je t’avais dit à Aulis, bien avant notre départ, dit haineusement Achille à Agamemnon. Tu ne t’es pas préoccupé des difficultés que soulève le ravitaillement d’une si grande armée. Nous n’avons pas le choix. Nous devons profiter des vents du début de l’hiver pour retourner en Grèce et ne jamais revenir ici. Tu es un sot, Agamemnon ! Un sot et un prétentieux !
    Agamemnon parvint à se contrôler et ne broncha pas.
    — Achille a raison, grogna Idoménée. Tout a été fort mal organisé. Ulysse, peut-on ou ne peut-on pas prendre d’assaut les murs de Troie ? demanda-t-il en le regardant d’un air furieux.
    — C’est impossible, Idoménée.
    La colère montait, suscitée par Achille et attisée par le silence d’Agamemnon. Ils étaient tous prêts à s’en prendre à lui et il le savait. Il se mordait les lèvres pour se maîtriser.
    — Pourquoi n’as-tu pas admis que tu étais incapable d’organiser une expédition de cette importance ? demanda Achille à Agamemnon. Tu nous as menés à Troie avec une seule idée en tête, ta propre gloire ! Tu t’es servi du serment pour réunir ta grande armée et tu as ignoré les souhaits et les besoins de ton frère. Peux-tu dire honnêtement que tu agis dans son intérêt ? Bien sûr que non ! Dès le départ, ton but a été de t’enrichir en pillant Troie et de te constituer un empire en Asie Mineure ! Nous en aurions tous profité, je l’admets, mais pas autant que toi !
    Ménélas poussa un cri, les larmes ruisselaient sur ses joues. Son chagrin révélait la perte de ses illusions. Tandis qu’il sanglotait comme un enfant, Achille le prit par

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