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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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l’épaule et le consola. L’atmosphère était orageuse ; encore un mot et tous se jetteraient à la gorge d’Agamemnon. Le bras qui tenait mon épée commençait à me démanger, je regardai Ulysse debout, immobile, le bâton à la main, tandis qu’Agamemnon restait assis, les mains croisées sur les genoux. Pour finir, c’est Nestor qui monta au créneau et s’en prit violemment à Achille.
    — Jeune homme, tu mérites d’être fouetté pour ton manque de respect ! De quel droit critiques-tu notre grand roi, alors que des hommes tels que moi ne se le permettent pas ? Ulysse n’a porté aucune accusation, comment oses-tu prendre la liberté de le faire ? Tiens ta langue !
    Achille ne sourcilla pas. Il plia le genou devant Agamemnon en signe d’excuse et s’assit. Ce n’était pas un coléreux, mais les relations entre Agamemnon et lui étaient très mauvaises depuis la mort d’Iphigénie. On s’était servi de son nom, sans son consentement, pour attirer la jeune fille et la sacrifier. Achille ne le pardonnait pas, surtout à Agamemnon.
    — Ulysse, continua Nestor, donne-moi le bâton. Ce conseil est un vrai scandale ! Dans ma jeunesse, personne n’aurait osé prononcer les paroles que j’ai entendues ce matin ! Prenez l’exemple d’Héraclès. Son roi, indigne de porter la pourpre sacrée due à son rang, lui imposa de sang-froid des tâches destinées à l’humilier et à mettre fin à ses jours. Héraclès n’éleva pas la moindre protestation. La parole qu’il avait donnée était sacrée. Chez lui la grandeur d’âme s’alliait à la force physique. Peut-être un dieu l’avait-il engendré, mais c’était un homme avant tout ! Tu ne pourras jamais l’égaler, jeune Achille. Toi non plus, jeune Ajax. Le roi est le roi . Héraclès, lui, ne l’a jamais oublié. Sa force de caractère lui a valu de surpasser Eurysthée, l’homme qu’il servait. C’était cette qualité qu’on admirait en lui, celle pour laquelle on l’honorait. Il savait ce qu’il devait aux dieux et il savait ce qu’il devait au roi. La conscience qu’il avait de sa place, son respect et sa patience lui ont valu une gloire éternelle et le statut de héros. Jamais il n’aura de pareil en ce monde. Si j’avais su quel genre d’hommes se disent rois ou héritiers de rois, ici, sur cette plage troyenne, je n’aurais pas quitté Pylos. Patrocle, verse-moi plus de vin. Je n’en ai pas terminé et j’ai la gorge sèche.
    Patrocle se leva lentement. Il était le plus abasourdi de nous tous et, visiblement, il avait été choqué d’entendre tancer Achille. Le vieux roi de Pylos avala une rasade de vin pur sans ciller, se lécha les lèvres et s’assit près d’Agamemnon. Il reprit la parole.
    — Ulysse, je vais te couper l’herbe sous le pied. Je n’ai pas l’intention de t’offenser en le faisant mais, apparemment, il faut qu’un ancien remette ces blancs-becs insolents à leur juste place.
    — Continue, répondit Ulysse. Tu exposeras la situation aussi clairement, sinon mieux que moi.
    Je commençai à flairer quelque chose de louche. Les deux compères passaient leurs journées ensemble depuis un certain temps. Auraient-ils mijoté tout cela à l’avance ?
    — J’en doute, répliqua Nestor, dont les yeux bleus pétillaient. Pour quelqu’un de si jeune, tu as de la tête. Il faut traiter cette question avec calme, ne pas avoir l’esprit confus et ne pas commettre d’erreur. Tout d’abord, ce qui est fait est fait. Inutile de ressasser le passé pour ranimer des rancunes. Notre armée est composée de cent mille hommes, qui campent à une lieue des murs de Troie. Parmi les non-combattants nous avons des cuisiniers, des esclaves, des marins, des armuriers, des palefreniers, des charpentiers, des maçons et des ingénieurs. Nous ne les aurions pas si, comme le prétend Achille, l’expédition avait été mal organisée. Donc, trêve de discussion sur ce point. Considérons plutôt le problème du temps. Calchas a parlé de dix ans et je suis enclin à le croire. Nous ne sommes pas ici pour vaincre une simple cité ! Nous y sommes pour vaincre de nombreuses nations, qui s’étendent de la Troade à la Cilicie. Nous ne pourrions accomplir une tâche de cette ampleur en un tournemain, quand bien même nous parviendrions à abattre les murs de Troie. Il nous faut vaincre aussi la Dardanie, la Mysie, la Lydie, la Carie, la Lycie et la Cilicie.
    Et si nous divisions notre armée en

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