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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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est le seul vrai marin parmi la noblesse, il en aura donc la responsabilité.
    Je terminerai en rappelant à tout le monde que, selon Calchas, la guerre durera dix ans. C’est exact, j’en suis persuadé. N’imaginez pas qu’elle puisse se terminer plus tôt. Vous serez loin de chez vous pendant dix ans. Dix années durant lesquelles vos enfants grandiront et vos femmes devront régner à votre place. Notre pays est trop loin et la tâche trop astreignante pour que nous puissions jamais y retourner avant la fin de la guerre.
    — Seigneur, ajouta Ulysse à l’intention d’Agamemnon, le plan que Nestor et moi-même avons élaboré ne peut être appliqué qu’avec ton accord. S’il ne te plaît pas, nous n’en parlerons plus.
    — Qu’il en soit ainsi ! soupira Agamemnon. Dix ans ! C’est le prix que nous devons payer, sans doute, mais nous avons beaucoup à gagner. Je soumets cependant la décision au vote.
    J’aimerais vous rappeler que, pour la plupart, vous êtes rois ou le serez un jour. En Grèce, la royauté n’a de sens que dans la mesure où les dieux nous accordent leur faveur. Nous avons rejeté le joug matriarcal quand nous avons remplacé l’ancienne religion par la nouvelle. Nous en étions à l’époque les victimes sacrificielles, les créatures infortunées que la reine offrait à la Mère pour l’apaiser, quand les récoltes étaient mauvaises, que nous perdions la guerre, ou qu’un terrible fléau s’abattait sur nous. La nouvelle religion a libéré l’homme de cette fatalité, elle nous a élevés à la véritable dignité royale. Je me rallie donc à cette grande entreprise. Elle sauvera notre peuple, elle répandra nos coutumes et nos traditions. Si je revenais maintenant dans mon pays, je me sentirais humilié devant mon peuple et devrais admettre que je suis vaincu. Comment m’opposer alors à ce que mon peuple retourne à l’ancienne religion, me sacrifie et accorde tous les honneurs à ma femme ?
    Passons au vote. Si quelqu’un désire se retirer et retourner en Grèce, qu’il lève la main.
    Aucun bras ne se leva. Le silence régnait dans la salle.
    — Qu’il en soit ainsi. Nous restons. Ulysse, Nestor, avez-vous d’autres suggestions ?
    — Non, seigneur, répondit Ulysse.
    — Non, seigneur, répondit Nestor.
    — Alors, venons-en aux détails. Patrocle, fais-nous apporter à manger.
    — Comment diviserons-nous l’armée, seigneur ? demanda Mérione.
    — Comme je l’ai suggéré, répondit Agamemnon, par roulement des contingents. Je spécifie toutefois que la deuxième armée comportera un noyau permanent, qui ne la quittera pas de toute la guerre. Il me faudra rester à Troie toute l’année ainsi qu’Idoménée, Ulysse, Nestor, Diomède, Ménesthée et Palamède. Achille, le grand et le petit Ajax, Teucer et Mérione, vous êtes jeunes. Je vous confie la deuxième armée. Achille, tu en seras le commandant en chef et c’est à moi ou à Ulysse que tu rendras compte. Tu prendras les décisions concernant les opérations sur la côte ou à Assos. Acceptes-tu mon offre ?
    D’un bond Achille fut debout. Il tremblait. L’éclat de son regard était pareil au soleil.
    — Je jure par tous les dieux que jamais tu n’auras à regretter de m’avoir accordé ta confiance, seigneur.
    — Alors reçois le haut commandement, fils de Pélée, et choisis tes lieutenants, dit Agamemnon.
    Je regardai Ulysse et secouai la tête. Il leva un sourcil et ses yeux gris s’illuminèrent.

16
    Récit d’Hélène
     
    Agamemnon édifiait une cité, pierre à pierre, dans l’ombre de Troie. Chaque jour, du haut de mon balcon, je regardais les Grecs sur la côte de l’Hellespont. Ils s’affairaient comme des fourmis, roulaient des rochers, empilaient les troncs de grands arbres pour bâtir un mur entre le Simoïs et le Scamandre. Des maisons, des casernements pour les soldats, des silos pour emmagasiner l’épeautre et l’orge poussaient comme des champignons.
    Depuis l’arrivée de la flotte grecque, ma vie était devenue plus austère, bien qu’elle n’eût jamais été ce dont j’avais rêvé avant de vivre à Troie. Pourquoi ne peut-on pas deviner l’avenir ? Mais Pâris était tout pour moi. En dehors de lui, rien n’existait, absolument rien.
    À Amyclées j’avais été la reine. Les Lacédémoniens attendaient de moi, la fille de Tyndare, que je leur serve d’intermédiaire avec les dieux. J’avais de l’importance à leurs yeux. On me

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