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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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avec toi. Nous sommes tous deux exilés et cela me semble très doux de partager cet exil dans la chair comme dans l’esprit.
    Ainsi lui et moi sommes devenus amants. Cependant je ne trouvai pas l’extase dont j’avais rêvé. La trouve-t-on jamais ? Achille éprouvait des désirs, mais il ne recherchait pas l’assouvissement de la passion physique. Peu importe. Il me donnait plus qu’à une femme et j’éprouvai au moins une sorte de satisfaction. L’amour n’est pas vraiment physique, c’est la liberté de vagabonder dans le cœur et dans l’esprit du bien-aimé.
     
    Cinq années s’écoulèrent avant que nous nous rendions à Troie pour voir Agamemnon. J’accompagnai Achille, bien sûr ; il emmena également Ajax et Mérione. Il y avait longtemps que nous aurions dû lui faire cette visite mais je croyais que, même en ces circonstances, Achille ne l’aurait pas faite s’il n’avait eu besoin de s’entretenir avec Ulysse. Les États d’Asie Mineure s’étaient faits méfiants et inventaient des stratagèmes pour prévenir nos attaques.
    La longue plage entre le Simoïs et le Scamandre n’était plus ce qu’elle était quatre ans auparavant. Tout donnait l’impression de permanence, tout était planifié. Les fortifications étaient efficaces et bien conçues, des ponts de pierre avaient été jetés par-dessus le fossé et de grosses portes s’ouvraient dans le mur. Ajax et Mérione débarquèrent à l’extrémité de la plage à l’embouchure du Simoïs, tandis qu’Achille et moi remontâmes le Scamandre. Des cantonnements avaient déjà été construits pour loger les Myrmidons à leur retour. Nous longeâmes la rue principale qui traversait le camp, à la recherche de la nouvelle maison d’Agamemnon.
    Assis au soleil, des hommes pansaient leurs blessures, d’autres sifflaient gaiement en graissant des armures de cuir ou en astiquant du bronze ; certains arrachaient les plumes pourpres des casques troyens pour les porter pendant la bataille. C’était un endroit agréable, animé. Les troupes demeurées à Troie étaient loin de rester inactives.
    Ulysse sortait de chez Agamemnon alors que nous y arrivions. Quand il nous vit, il posa sa lance contre le portique et nous tendit les bras en souriant. On apercevait deux ou trois nouvelles balafres sur son corps vigoureux. Les avait-il reçues en combattant ou au cours d’une de ses escapades nocturnes ?
    — Il était temps ! s’exclama Ulysse en nous serrant dans ses bras. Je dois te remercier des égards que tu as pour nous, Achille. Tu nous envoies un butin abondant et de très belles femmes.
    — Nous ne sommes pas exigeants à Assos. Mais on dirait que vous avez été très occupés ici aussi ! Vous avez livré des combats ?
    — Suffisamment pour maintenir tout le monde en forme. Hector nous harcèle.
    — Hector ? demanda Achille dont l’attention fut soudain éveillée.
    — L’héritier de Priam et le chef des armées troyennes.
    Agamemnon semblait heureux de nous accueillir, pourtant il ne nous incita point à passer la matinée avec lui.
    Depuis qu’il avait entendu prononcer le nom d’Hector, Achille brûlait d’en savoir plus, mais Agamemnon n’était pas la personne qu’il pouvait questionner.
    Aucun des Grecs n’avait vraiment changé ou vieilli. Nestor paraissait même plus jeune que jadis ! Il était dans son élément. Idoménée était devenu moins indolent, ce qui profitait à la beauté de sa silhouette. Seul Ménélas ne semblait pas avoir tiré profit de la vie de camp. Hélène lui manquait toujours. Le malheureux !
    Ulysse et Diomède, qui étaient également devenus amants, nous invitèrent. Les femmes étaient une complication, étant donné le genre de vie que nous menions, et Ulysse n’eut jamais d’yeux pour une autre que Pénélope ; pourtant, d’après ce qu’il racontait, il n’hésitait jamais à séduire une Troyenne pour lui soutirer des renseignements. Achille et moi apprîmes l’histoire surprenante de la colonie d’espions. Personne n’en avait jamais soufflé mot.
    — Voilà qui est étonnant, dit Achille.
    — Même Agamemnon n’est pas au courant, fit remarquer Ulysse.
    — À cause de Calchas ? demandai-je.
    — Excellente supposition, Patrocle. Il y aurait en effet de quoi se méfier avec un tel homme.
    — Ni lui ni Agamemnon ne l’apprendront de notre bouche, lui assura Achille.
    Nous restâmes à Troie pendant une lune entière, durant laquelle

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