Le clan de l'ours des cavernes
non pas lui. Son frère avait une famille alors que lui-même n'avait pas de compagne. Il était torturé par cette idée mais n'en parlait jamais. Il aurait volontiers évité de venir à l'enterrement s'il l'avait pu ; il ne pensait qu'à une chose : partir dès qu'il le pourrait.
- Grande Terre Mère, nous avons remis en Ton sein Shevonar de la Neuvième Caverne des Zelandonii, entonna la Première.
Tous ceux qui s'étaient rassemblés pour les funérailles de Shevonar demeuraient autour de la tombe et, les yeux fixés sur la doniate, semblaient attendre quelque chose. Les tambours et les fl˚tes continuaient à jouer mais leur musique s'était si bien intégrée à la cérémonie qu'Ayla ne la remarqua que lorsque l'air changea et que Zelandoni se remit à
chanter.
Des ténèbres, du Chaos du temps, Le tourbillon enfanta la Mère suprême.
Elle s'éveilla à Elle-Même sachant la valeur de la vie, Et le néant sombre affligea la Grande Terre Mère. Toute la communauté répondit à l'unisson, certains en chantant,
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La Mère était seule. La Mère était la seule. Celle qui Etait la Première reprit :
De la poussière de Sa naissance, Elle créa l'Autre, Un p‚le ami brillant, un compagnon, un frère. Ils grandirent ensemble, apprirent à aimer et chéri, Et quand Elle fut prête, ils décidèrent de s'unir.
De nouveau, tous les Zelandonii répondirent : // tournait autour d'Elle constamment, son p‚le amant.
Ayla se rendit compte que le chant racontait une histoire fami lière que tout le monde connaissait et attendait. Captivée, elle voulut en savoir davantage et écouta avec attention tandis que Zelandoni chantait un autre couplet et que la communauté tout entière lui répondait dans le dernier vers.
De ce seul compagnon Elle se contenta d'abord Puis devint agitée et inquiète en Son cour. Elle aimait Son p‚le ami blond, cher complément d'Elle-Même Mais Son amour sans fond demeurait inemployé La Mère Elle était, quelque chose Lui manquait.
Elle défia le grand vide, le Chaos, les ténèbres De trouver l'antre froid de l'étincelle source de vie. Le tourbillon était effroyable, l'obscurité
totale. Le Chaos glacé chercha Sa chaleur. La Mère était brave, le danger était grave.
Elle tira du Chaos froid la source créatrice Et conçut dans ce Chaos. Elle s'enfuit avec la force vitale, Grandit avec la vie qu'Elle portait en Son sein, Et donna d'Elle-Même avec amour, avec fierté. La Mère portait Ses fruits, Elle partageait Sa vie.
Le vide obscur et la vaste Terre nue Attendaient la naissance. La vie but de Son sang, respira par Ses os. Elle fendit Sa peau et scinda Ses roches.
La Mère donnait. Un autre vivait.
Les eaux bouillonnantes de l'enfantement emplirent rivières et
[mers,
Inondèrent le sol, donnèrent naissance aux arbres. De chaque précieuse goutte naquirent herbes et feuilles Jusqu'à ce qu'un vert luxuriant renouvelle la Terre. Ses eaux coulaient. Les plantes croissaient.
Dans la douleur du travail, crachant du feu, Elle donna naissance à une nouvelle vie.
Son sang séché devint la terre d'ocré rouge.
Mais l'enfant radieux justifiait toute cette souffrance.
Un bonheur si grand, un garçon resplendissant. La respiration d'Ayla se bloqua dans sa gorge lorsqu'elle entendit ces mots qui semblaient raconter son histoire et celle de son fils Dure. Elle se rappelait combien elle avait souffert pour le mettre au monde et combien son bonheur avait ensuite été grand. La doniate poursuivit de sa voix magnifique : Les roches se soulevèrent, crachant des flammes de leurs crêtes. La Mère nourrit Son fils de Ses seins montagneux. Il tétait si fort, les étincelles volaient si haut que le lait chaud traça un chemin dans le ciel.
La Mère allaitait, Son fils grandissait.
Cette histoire me paraît familière, se dit Ayla en secouant la tête comme pour faire tomber la réponse. Jondalar. Il m'en a raconté une partie en venant ici.
// riait et jouait, devenait grand et brillant. Il éclairait les ténèbres à
la joie de la Mère. Elle dispensa Son amour, le fils cr˚t en force, M˚rit bientôt et ne fut plus enfant. Son fils grandissait, il Lui échappait.
Elle puisa à la source pour la vie qu'Elle avait engendrée. Le vide froid attirait maintenant son fils. La Mère donnait l'amour, mais le jeune avait d'autres désirs. Connaître, voyager, explorer. Le Chaos La faisait souffrir, le fils br˚lait de partir.
La réponse continuait à
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