Le clan de l'ours des cavernes
On lui avait donné sa forme générale, notamment la partie creuse et l'extension servant de poignée, en la taillant avec du granité, roche beaucoup plus dure. On l'avait ensuite polie avec du grès, et décorée de marques symboliques gravées au burin de silex. Trois mèches reposaient sur le bord de la cuvette, du côté opposé à la poignée, selon des angles différents ; chacune d'elles avait une extrémité dépassant de la graisse dans laquelle elle trempait. L'une était formée d'un lichen qui br˚lait rapidement et dégageait une forte chaleur qui faisait fondre la graisse ; la deuxième était en mousse sèche tordue en une sorte de tortillon qui donnait une bonne lumière ; la troisième était une bande séchée de champignon poreux qui absorbait si bien la graisse fondue qu'elle continuait à br˚ler même quand la cuvette était vide. La graisse animale utilisée comme combustible avait été obtenue en mettant des blocs à fondre dans de l'eau bouillante. Les impuretés tombaient au fond, ne laissant flotter à la surface qu'un suif blanc et pur, une fois l'eau refroidie. Il br˚lait avec une flamme claire, sans fumée ni suie.
Ayla regarda autour d'elle et nota avec une certaine consternation qu'un Zelandoni soufflait une lampe, puis une autre. Bientôt toutes les lampes furent éteintes, excepté celle du centre. Comme en défi à sa taille minuscule, elle éclairait d'une chaude lueur dorée les visages des quatre personnes qui se tenaient la main. Mais, au-delà du cercle de lumière, une obscurité totale emplissait chaque fissure, chaque fente, chaque trou d'un noir si profond qu'il en devenait étouffant. Sentant la peur s'insinuer en elle, Ayla tourna la tête et
entreprit une lueur nmnanant Hu Innn nniilnit: P"ctain"" J"K IHSZŒœœŒœœ; qui avaient éclairé leur chemin devaient être encore allumées, conclutelle, et elle l‚cha un soupir.
Elle éprouvait une sensation étrange. La décoction faisait vite son effet.
Ayla avait l'impression que les choses ralentissaient autour d'elle, ou qu'elle-même accélérait à l'intérieur de son corps. Elle regarda Jondalar, eut le sentiment curieux de savoir ce qu'il pensait. Elle se tourna ensuite vers Zelandoni et Mejera, sentit quelque chose aussi, mais moins fort qu'avec son compagnon, et se demanda si ce n'était pas un effet de son imagination.
Ayla prit conscience d'une musique : des fl˚tes, des tambours, de" gens qui chantaient, mais pas avec des mots. Elle ne savait pas quand cette musique avait commencé ni même d'o˘ elle provenait. Chaque chanteur soutenait une note unique, ou une série de notes répétitive, jusqu'à être à bout de souffle, puis reprenait sa respiration et recommençait. La plupart des chanteurs et des joueurs de tambour répétaient le même motif indéfiniment, mais quelques chanteurs exceptionnels variaient leur air, comme les joueurs de fl˚te. Chacun commençant et finissant à son gré, il était rare que deux personnes le rissent ensemble. Le résultat était un son continu de tons enchevêtrés qui changeait quand de nouvelles voix commençaient et que d'autres finissaient, le tout couvert par des mélodies divergentes. C'était parfois atonal, parfois harmonique, mais cela composait au total une fugue chantée étrangement belle et puissante.
Les trois autres membres du cercle d'Ayla chantaient aussi. La Première, avec sa riche voix de contralto, variait les tons de manière mélodique.
Mejera avait une voix pure et haute avec laquelle elle émettait une simple répétition de tons. Jondalar se contentait lui aussi d'une série répétitive, une mélopée qu'il avait d˚ perfectionner et dont il était satisfait. Ayla ne l'avait jamais entendu chanter auparavant, mais il avait une voix profonde et juste dont elle aimait la sonorité. Elle se demanda pourquoi il ne chantait pas plus souvent. Ayla songea qu'il lui fallait se joindre aux autres, mais elle avait essayé de chanter quand elle vivait chez les MamutoÔ, et elle se savait incapable de reproduire un air. Elle n'avait pas appris à chanter dans son enfance, et il était désormais un peu tard pour commencer. L'un des hommes se contentait de fredonner d'un ton monocorde, et cela lui rappela l'époque o˘ elle vivait seule dans sa vallée, la façon dont elle aussi émettait un son monotone en se balançant d'avant en arrière pour s'endormir. Elle revoyait la cape de cuir avec laquelle elle avait maintenu son fils contre sa hanche,
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