Le clan de l'ours des cavernes
est-il, Lanoga ? demanda Zelandoni.
- A l'intérieur. Il bouge plus, répondit la fillette.
- O˘ est ta mère ?
- Je sais pas.
En passant de l'autre côté du rideau de l'entrée, elles furent assaillies par une odeur infecte. En dehors d'une lampe, la seule lumière était celle du jour, reflétée par la roche du surplomb, et il faisait sombre à
l'intérieur.
- Tu n'as pas d'autres lampes, Lanoga ?
- Si, mais y a plus de graisse.
- Nous pouvons relever le rideau pour le moment, décida la doniate. Bologan est là, dans l'entrée, il bloque le passage.
Ayla trouva la corde attachée au rideau et l'enroula autour du poteau.
Lorsqu'elle regarda à l'intérieur, elle fut consternée par la saleté. Le sol n'était pas dallé et la terre battue s'était transformée en boue là o˘
des liquides de toute nature avaient réussi à s'infiltrer. A la puanteur, elle devina que c'était en partie de l'urine. Apparemment. tqUtÎß 1ßß Bqßßßssions de la famille jonchaient le sol, nattes et paniers troués, coussins éventrés, haillons de cuir et de fibres tressées qui pouvaient être des vêtements.
Des os auxquels un peu de viande demeurait attaché avaient été jetés ça et là. Des mouches bourdonnaient autour de restes de nourriture pourrissant -
depuis des jours, peut-être, Ayla n'aurait su le dire - sur des écuelles en bois si rudimentaires qu'elles étaient hérissées d'échardes. Près de l'entrée, dans un nid de rats, plusieurs nouveau-nés rouges et sans poils gigotaient, les yeux encore clos.
Un peu plus loin, un jeune garçon décharné gisait sur le sol. Il pouvait avoir une douzaine d'années et sa ceinture indiquait qu'il avait entamé sa puberté, mais il était encore plus enfant qu'homme. Ce qui lui était arrivé
sautait aux yeux. Bologan avait le corps marqué de bleus, la tête couverte de sang séché.
- Il s'est battu, devina Zelandoni. quelqu'un l'a traîné jusque chez lui et l'a laissé là.
Ayla se pencha pour l'examiner. Elle t‚ta le pouls, approcha sa joue de la bouche de Bologan, sentit non seulement son souffle mais l'odeur de son haleine.
- Il respire encore mais il est grièvement blessé, dit-elle à Zelandoni. Le pouls est faible. La tête est touchée, il a perdu beaucoup de sang mais j'ignore si le cr‚ne est fendu. quelqu'un l'a frappé, ou il est tombé sur quelque chose de dur. C'est peut-être pour cela qu'il ne se réveille pas, mais il empeste le barma.
- Je ne sais pas si on peut le déplacer. En tout cas, je ne peux pas le soigner ici, dit Zelandoni.
Lanoga se dirigea vers l'entrée, portant sur sa hanche un bébé maigre et apathique de cinq ou six mois, qui semblait ne pas avoir été lavé depuis sa naissance. Un bambin, la morve au nez, s'accrochait à la jambe de la fillette. Ayla crut distinguer un autre enfant derrière mais n'en fut pas s˚re.
- qu'est-ce qu'il a, Bologan ? demanda Lanoga avec une expression inquiète.
- Il est vivant mais blessé, répondit la doniate. Tu as bien fait de venir me chercher. Il va falloir le transporter chez moi.
Normalement, seules les maladies les plus graves étaient soignées chez Zelandoni. Dans une Caverne aussi nombreuse que la Neuvième, son habitation n'était pas assez vaste pour accueillir en même temps tous les malades et tous les blessés. quelqu'un qui présentait les blessures de Bologan, aussi graves fussent-elles, restait en général chez lui, et Zelandoni passait régulièrement pour le soigner. Mais, dans cette habitation, il n'y avait personne pour s'occuper du jeune garçon, et Zelandoni ne supportait pas l'idée d'y revenir, encore moins d'y demeurer quelque temps.
- Tu sais o˘ est ta mère, Lanoga ?
- Non.
La doniate reformula sa question :
- O˘ est-elle allée ?
- A l'enterrement.
- qui ß'ocçupe des enfants ?
- Moi.
- Tu ne peux pas nourrir ce bébé, fit Ayla, choquée. Tu ne peux pas lui donner le sein.
- Je lui donne à manger, riposta la fillette sur la défensive. Elle mange comme nous, le sein de ma mère s'est tari.
- Ce qui veut dire que Tremeda aura un autre bébé d'ici un an, murmura Zelandoni.
- Je sais que des bébés aussi jeunes peuvent manger presque comme nous en cas de nécessité, dit Ayla, la gorge serrée par un souvenir pénible.
qu'est-ce que tu lui donnes ?
- Des racines bouillies et écrasées.
- Ayla, tu veux bien aller prévenir Joharran de ce qui se passe et lui demander de venir ici avec quelque chose pour porter Bologan chez moi ?
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