Le clan de l'ours des cavernes
et, si elle n'en parlait pas, qui s'en chargerait ?
- J'ai discuté avec Proleva d'une chose qui me tracasse, dit-elle enfin.
- qu'est-ce qui te tracasse ? s'enquit Marthona.
- Savez-vous que Tremeda n'a plus de lait ? Elle n'est pas rentrée depuis l'enterrement de Shevonar, elle a laissé Lanoga s'occuper seule du bébé et des autres enfants. Cette petite fille n'a que dix ans, elle ne peut pas donner le sein. Le bébé ne mange que des racines écrasées. Comment voulez-vous qu'il se développe, sans lait ? O˘ est Laramar ? Est-ce qu'il s'en moque ? débita Ayla sans reprendre son souffle.
Jondalar regarda autour de lui. Folara était abasourdie, Willamar un peu surpris, et Marthona prise au dépourvu, ce qu'elle n'appréciait pas. Il retint un sourire en voyant leurs expressions. Il n'était pas étonné, lui, de la réaction d'Ayla envers quelqu'un qui avait besoin d'aide. Laramar, Tremeda et sa famille constituaient depuis longtemps une source d'embarras pour la Neuvième Caverne. La plupart de ses membres évitaient d'en parler, et Ayla venait d'aborder le sujet.
- Proleva ne savait pas que le sein de Tremeda s'était tari, poursuivitelle. Elle va réunir les femmes qui pourraient apporter leur aide, nous leur parlerons, nous leur expliquerons ce dont le bébé a besoin, nous leur demanderons de donner un peu de leur lait. Elle a pensé que nous pourrions nous adresser à celles qui viennent d'être mères ou à celles qui sont sur le point de l'être. Dans une Caverne aussi grande, elles doivent être nombreuses à pouvoir aider à nourrir ce bébé.
Oui, mais le feront-elles ? se demanda Jondalar, qui croyait savoir à nui retenait nette initiative Tl n'innornit "as aii'il aa‚tsait à daa femmes de donner le sein à d'autres enfants que les leurs, mais c'était en général pour le bébé d'une sour ou d'une amie proche.
- L'idée me paraît admirable, dit Willamar.
- Si elles sont disposées à accepter, objecta Marthona.
- Pourquoi refuseraient-elles ? repartit Ayla. Les femmes zelan-donii ne laisseraient quand même pas un bébé mourir faute d'un peu de lait ! J'ai promis à Lanoga de retourner là-bas demain matin pour lui apprendre à
préparer autre chose que des racines écrasées.
- qu'est-ce qu'on peut donner à un bébé, à part du lait ? voulut savoir Folara.
- Beaucoup de choses, répondit Ayla. Si tu grattes de la viande cuite, tu obtiens quelque chose de mou qu'un bébé peut manger. Ils peuvent aussi boire le jus dans lequel on a fait bouillir la viande. Des noisettes écrasées avec un peu d'eau, du grain moulu et cuit. On peut faire cuire n'importe quel légume jusqu'à ce qu'il soit mou ; les fruits, il suffit de les presser et d'enlever les pépins. Moi, je verse leur jus sur un bouquet de gratterons frais, leurs épines s'emmêlent, retiennent les pépins. Les bébés peuvent manger presque tout ce que leur mère mange, pourvu que ce soit écrasé.
- Comment sais-tu tout cela ? demanda Folara. Déconcertée, Ayla rougit.
Elle ne s'attendait pas à cette question. Elle savait que l'alimentation des bébés ne se limitait pas au sein de la mère parce que Iza lui avait appris à préparer à manger pour Uba, sa fille, lorsque son sein s'était tari. Mais les connaissances d'Ayla en la matière s'étaient enrichies à la mort d'Iza. Anéantie par la perte de la seule mère qu'elle e˚t connue, Ayla n'avait plus de lait pour son fils. Les autres femmes qui allaitaient avaient toutes nourri Dure mais Ayla avait d˚ lui apporter d'autres aliments.
Elle n'était pas encore prête à parler de son fils à la famille de Jondalar. Tous venaient de se déclarer prêts à l'accepter parmi les Zelandonii, bien qu'elle e˚t été élevée par ceux qu'ils appelaient les Têtes Plates et qu'ils considéraient comme des animaux. Ayla n'oublierait jamais la peine qu'elle avait éprouvée devant la première réaction de Jondalar lorsqu'elle lui avait appris qu'elle avait un fils appartenant aux deux peuples, un esprit-mêlé. Etant donné que l'esprit d'un de ceux qu'il prenait pour des animaux s'était mêlé à celui d'Ayla pour faire naître une vie en elle, il l'avait regardée comme une hyène répugnante et l'avait traitée d'abomination. Elle était pire que cet enfant parce qu'elle l'avait engendré. Depuis, Jondalar avait appris à connaître le Clan et ne pensait plus la même chose, mais comment réagirait sa famille, son peuple ?
Ayla réfléchit rapidement. que dira
Weitere Kostenlose Bücher