Le clan de l'ours des cavernes
raison quelconque mais, en levant la tête, elle vit un jeune garçon se diriger vers elle.
Elle ne le connaissait pas ; elle se demanda ce qu'il voulait, et pourquoi il avait imité son sifflement. Lorsqu'il fut plus près, elle lui donna neuf ou dix ans, remarqua qu'il avait un bras déformé, plus court que l'autre, qui pendait de manière un peu bizarre comme s'il n'en avait pas toute la maîtrise. Il lui rappela Creb, qui avait été amputé au coude dans son enfance, et se prit de sympathie pour lui.
- C'est toi qui as sifflé ?
- Oui.
- Pourquoi as-tu sifflé comme moi ?
- Je n'avais jamais entendu siffler comme ça. J'ai voulu voir si je pouvais faire pareil.
- Tu as réussi. Tu cherches quelqu'un ?
- Non.
- qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je regarde, simplement, répondit l'enfant. quelqu'un m'avait dit qu'il y avait des chevaux ici mais je ne savais pas que des gens y avaient installé
un camp. «a, il ne me l'avait pas dit. Tout le monde est près de la Rivière du Milieu.
- Nous venons d'arriver. Et toi, cela fait longtemps que tu es ici ?
- J'y suis né.
- Alors, tu es de la Dix-Neuvième Caverne ?
- Oui. Pourquoi tu parles drôlement comme ça ?
- Moi, je ne suis pas née ici. Je viens de loin. Avant, j'étais Ayla du GaiÔlB du Lion des MamutoÔ, maintenant je suis Ayla de la Neu-Elle fit un pas vers lui en tendant les deux mains comme pour une présentation rituelle. Le garçon se troubla un peu parce qu'il arrivait difficilement à lever son bras en partie paralysé. Ayla tendit un peu plus le sien vers le membre difforme et prit les deux mains de l'enfant dans les siennes, comme si de rien n'était, mais sentit que l'une d'elles était plus petite, mal formée, avec l'auriculaire collé au doigt voisin. Elle la garda un moment dans la sienne et sourit.
Comme s'il se rappelait soudain les usages, le garçon récita :
- Je suis Lanidar de la Dix-Neuvième Caverne des Zelandonii. Ma Caverne te souhaite la bienvenue à la Réunion d'Eté, Ayla de la Neuvième Caverne des Zelandonii.
- Tu siffles très bien. Tu as parfaitement réussi à m'imiter. Tu aimes siffler ? demanda Ayla en lui l‚chant les mains.
- Oui, ça me plaît.
- Je peux te demander de ne pas recommencer ?
- Pourquoi ?
- Je me sers de ce sifflement pour appeler ce cheval, l'étalon. Si tu siffles comme moi, il croira que tu l'appelles et il ne comprendra plus rien. Si tu aimes siffler, je peux t'apprendre d'autres sifflements.
- quoi, par exemple ?
Ayla regarda autour d'elle, découvrit une mésange à tête noire perchée sur une branche voisine. Elle l'écouta chanter un moment puis reproduisit le son. Le jeune garçon eut l'air abasourdi, l'oiseau cessa un moment de chanter puis recommença. Ayla l'imita de nouveau. La mésange répondit.
- Comment tu fais ? demanda-t-il.
- Je t'apprendrai si tu veux. Tu y arriveras, tu siffles bien, mais il faut t'entraîner.
- Tu peux imiter d'autres oiseaux aussi ?
- Oui.
- Lesquels ?
- Ceux que tu voudras.
- Un pipit ?
Ayla ferma un instant les yeux, émit une suite de sons qui ressemblait à
s'y méprendre au cri du pipit planant haut dans le ciel.
- Tu peux vraiment m'apprendre à faire ça ? reprit-il en la fixant avec des yeux étonnés.
- Si tu t'entraînes et si tu as vraiment envie d'apprendre.
- Comment tu as appris, toi ?
- De cette façon. En m'entraînant. Avec de la patience, on arrive même quelquefois à faire venir l'oiseau près de soi.
Ayla se rappela le temps o˘ elle vivait seule dans sa vallée et apprenait à
imiter le chant des oiseaux. Elle s'était mise à leur donner à manger ; plusieurs d'entre eux répondaient à son sifflement et venaient picorer dans sa main.
- Tu peux siffler d'autres choses ? voulut savoir Lanidar, intrigué par cette femme bizarre qui parlait si drôlement et sifflait si Ayla réfléchit, et peut-être parce que le petit garçon lui rappelait Creb, elle se mit à siffler une mélodie étrange qu'on e˚t dite jouée par une fl˚te. Lanidar avait déjà entendu des fl˚tes mais jamais rien de tel. La musique envo˚tante ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait. C'était l'air que jouait le Mog-ur au Rassemblement du Clan auquel Ayla s'était rendue quand elle vivait encore avec le Clan de Brun. Lanidar écouta jusqu'à ce qu'elle s'arrêt‚t.
- Je n'ai jamais entendu siffler comme ça, dit-il.
- Cela t'a plu ?
- Oui, mais ça faisait un peu peur aussi. Comme si c'était un air qui venait de très
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