Le clan de l'ours des cavernes
saule et, si elle nourrissait des doutes quant à l'issue, elle n'en laissa rien paraître. Ayla était persuadée que d'ici le lendemain elle bercerait son bébé dans ses bras. La conversation s'orienta vers les plantes médicinales, comme c'était devenu depuis peu une habitude entre la guérisseuse et ses deux filles.
- Maman, quelle était cette racine que tu m'as apportée le jour o˘ tu es sortie et que tu as pris froid ? demanda Ayla.
- On l'appelle la racine à serpent. On FutiliSe peu car elle doit être consommée fraîche et cueillie à la fin de l'automne. Elle s'avère efficace en prévention des fausses couches, mais encore faut-il que ce risque survienne à la fin de l'automne, car la plante est sans effet une fois séchée.
- A quoi ressemble-t-elle ? s'enquit Uba.
Depuis la maladie de sa mère, la lignée des grandes guérisseuses semblait avoir trouvé en elle une descendante naturelle. Ayla et Iza avaient commencé de la former, mais, à la différence d'Ayla, sa formation requérait seulement le rappel des connaissances innées de sa mémoire héréditaire.
- Il s'agit en fait de deux plantes, une m‚le et une femelle. Elle a une longue tige qui s'élève d'un bouquet de feuilles proche du sol, et une grappe de petites fleurs près du sommet de la tige. Celles du plant m‚le sont blanches. C'est la racine du plant femelle qui contient le produit actif, et ses fleurs sont plus petites et vertes.
- Elles poussent dans les forêts de pins ? demanda Ayla.
- Oui, mais en terrain très humide. C'est une plante qui aime l'eau.
- Tu n'aurais jamais d˚ aller si loin, ce jour-là, Iza. J'étais tellement inquiète... Oh, attends, j'ai une nouvelle contraction !
La guérisseuse considéra le visage émacié et douloureux de la jeune femme.
Oui, l'accouchement serait long et difficile, se dit-elle.
- Il ne pleuvait pas quand je suis partie, reprit-elle, désireuse de distraire Ayla. Je pensais qu'il ferait beau. Mais que veux-tu, le temps est parfois imprévisible. Il y a une chose que je voulais te demander, Ayla. Tu m'as bien appliqué un cataplasme d'herbes comme celui que j'emploie pour les rhumatismes de Creb, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Mais je ne t'ai jamais appris cela.
- Je sais. Tu toussais tellement et tu crachais le sang. Je cherchais à te donner quelque chose qui calme les spasmes et en même temps te fasse cracher plus facilement. Ces cataplasmes pour Creb font pénétrer la chaleur et ils stimulent le sang. J'ai pensé qu'ils rendraient plus fluides les mucosités, et qu'ainsi la toux serait moins pénible. Et ensuite, je t'ai donné une décoction calmante. Il semble que ça t'a fait du bien.
- Oui, ç'était très efficace, acquiesça Iza qui se demanda si elle y aurait pensé elle-même.
Ayla était décidément une bonne guérisseuse, et son talent irait grandissant avec le temps et l'expérience. Elle est digne de ma lignée, pensa Iza. Il faut que j'en parle à Creb. Il se peut que je quitte ce monde plus tôt que je le prévoyais. Ayla est femme, maintenant, et elle est en mesure de me remplacer... si elle survit à son accouchement.
A la fin de l'après-midi, les contractions se firent plus fréquentes et Iza administra à Ayla une décoction analgésique pour la soulager. Etendue sur sa couche, le front en sueur, la jeune femme gémissait de douleur à chaque spasme, tandis qu'lza, assistée d'Ebra, s'activait auprès d'elle.
Assis autour du feu dans le foyer de Brun, les hommes avaient interrompu leur conversation et fixaient le sol d'un air morne.
- Son bassin est trop étroit, Ebra, déclara Iza. L'enfant ne passera jamais.
- Ne penses-tu pas qu'il faudrait crever la poche des eaux ? «a pourrait l'aider, proposa Ebra.
- J'y ai pensé, mais j'attendais le moment propice. Je vais le faire à la fin de cette contraction. Tu veux me passer le b‚tonnet ?
Ayla se cambra violemment en saisissant la main des deux femmes et poussa un long cri déchirant.
- Ayla, je vais essayer de t'aider, signifia Iza après que la contraction fut passée. Tu me comprends ?
Ayla acquiesça sans un mot.
- Je vais crever la poche des eaux. Il faut que tu t'accroupisses, ça aidera le bébé à sortir. Tu vas y arriver ?
- Je vais essayer, murmura Ayla.
Iza inséra le b‚tonnet, et les eaux surgirent, provoquant une nouvelle contraction.
- Lève-toi, maintenant, ordonna la guérisseuse.
Iza et Ebra soulevèrent la jeune femme et la soutinrent chacune par un bras tandis
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