Le clan de l'ours des cavernes
mener à terme et lui donner le jour. Elle a raison, pensa-t-elle en regardant le nouveau-né. Il est difforme, mais aussi fort et en bonne santé. Creb est né infirme, et pourtant cela ne l'a pas empêché
de devenir Mog-ur. La pauvre, c'est son premier bébé. Si elle avait un compagnon, il se pourrait qu'il le laisse vivre.
Iza songea un instant à s'en ouvrir à Creb ou à Brun, comme elle aurait normalement d˚ le faire, mais elle ne put s'y résoudre. Elle déposa quelques pierres chaudes dans un bol d'eau pour faire une infusion d'ergot.
Ayla dormait, le bébé dans ses bras, quand Iza lui présenta le breuvage.
- Bois ça, Ayla, dit-elle. J'ai enveloppé le placenta et l'ai mis làbas, dans le coin. Tu peux te reposer cette nuit, mais il faudra t'en débarrasser demain avec l'enfant. Brun est déjà au courant, Ebra lui a tout dit. Il préférerait ne pas avoir à examiner le bébé et t'ordonner de t'en défaire. Il s'attend plutôt à ce que tu le fasses disparaître en même temps que la preuve de sa naissance.
Par ces propos, Iza venait de lui apprendre le temps qui lui restait pour mettre son projet à exécution.
Ayla demeura éveillée un long moment après le départ de la guérisseuse en réfléchissant à tout ce qu'il lui faudrait emporter dans sa fuite : une couverture pour dormir, des peaux de lapin pour le bébé, quelques bandes de cuir, sa fronde et des couteaux, et aussi de quoi manger et l'outre d'eau.
Le lendemain matin, Iza prépara de la nourriture en abondance. Creb, qui était rentré tard la veille, évita toute conversation avec Ayla, faute de savoir que lui dire.
Le vieux sorcier pensait que le totem de la jeune femme était trop puissant, qu'il ne s'était jamais avoué vaincu, ce qui expliquait ces pertes de sang pendant sa grossesse, ainsi que la malformation du bébé.
quelle pitié, se disait-il, elle voulait tellement cet enfant.
- Mais Iza, il y a là de quoi nourrir tout le clan ! remarqua-t-il. Nous ne pourrons jamais manger tout ça.
- C'est pour Ayla, répondit Iza en baissant la tête précipitamment. Iza a le coeur maternel, pensa le vieil homme. Mais Ayla a effectivement grand besoin de reprendre des forces. Elle mettra du temps avant de se remettre complètement. Je me demande si elle oourra jamais avoir un enfant normal.
quand Ayla se leva, elle sentit la tête lui tourner et un flot de sang chaud couler. Elle avait le plus grand mal à faire un pas. A se voir si faible, elle eut un instant de panique. Seule sa farouche détermination à
sauver son enfant la poussa à poursuivre son projet.
Il tombait une pluie fine quand elle quitta la caverne. Elle avait rangé
une partie de ses affaires au fond de son panier, en les cachant sous le paquet à l'odeur forte de placenta, et elle dissimula le reste sous la grande fourrure dans laquelle elle s'était enveloppée, après avoir installé
son bébé sur sa poitrine, dans une peau suspendue à son cou. Si elle se sentit légèrement mieux en pénétrant dans les bois, la nausée persistait.
Arrivée au plus profond de la forêt, elle entreprit de creuser un trou, avec la plus grande difficulté tant elle était faible, o˘ elle enterra le paquet contenant le délivre ainsi qu'lza lui avait appris à le faire, sans oublier les signes symboliques. Puis elle regarda son fils, profondément endormi, et décida que personne ne le mettrait jamais dans un trou comme celui qu'elle venait de creuser. Elle commença alors sa pénible ascension vers les hauts p‚turages, sans s'apercevoir que quelqu'un la suivait A peine avait-elle quitté la caverne qu'Uba s'était glissée derrière elle.
Connaissant l'état de faiblesse d'Ayla, elle craignait qu'elle ne s'évanouisse et qu'attirée par l'odeur du sang quelque bête féroce ne trouve en elle une proie facile. La petite fille avait perdu sa trace dans la forêt, mais elle la retrouva en la voyant gravir le sentier escarpé.
Ayla s'appuyait sur son b‚ton à fouir pour marcher et s'arrêtait souvent, luttant contre la nausée. Elle sentait le sang couler le long de ses jambes, et se prit à regretter le temps o˘ elle pouvait gravir la colline sans le moindre essoufflement. Aujourd'hui, sa prairie lui paraissait infiniment loin. Au bord de l'évanouissement, elle se forçait à poursuivre son chemin, bien décidée à avancer tant qu'il lui resterait un soupçon de force et animée par une seule idée : gagner sa grotte.
Vers la fin de l'après-midi, quand le
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