Le clan de l'ours des cavernes
frappait d'une marque d'infamie celles qui n'attendaient pas leurs Premiers Rites, mais certaines jeunes filles succombaient aux flatteries incessantes. En y cédant, elles devenaient moins désirables comme compagnes parce que cela dénotait un manque de maîtrise de soi.
Certains trouvaient injuste de stigmatiser une femme parce qu'elle avait, jeune fille, transgressé naÔvement une simple coutume. D'autres considéraient que c'était une épreuve révélatrice de leur intégrité, de leur force de caractère et de leur persévérance, toutes qualités jugées essentielles chez une femme.
Les mères faisaient appel à la Zelandonia pour tenter de dissimuler le faux pas, et les Premiers Rites étaient célébrés dans tous les cas, puisqu'ils étaient indispensables pour qu'une jeune femme puisse s'unir. Les doniates veillaient à ce que les hommes choisis pour " ouvrir " les jeunes filles déjà ouvertes restent discrets, de façon que rien ne f˚t divulgué. Mais celles qui avaient cédé étaient connues en premier lieu des Zelandonia -
lesquels figuraient parmi ceux qui estimaient en privé que c'était une mise à l'épreuve - et au moins soupçonnées par beaucoup d'autres.
Cet été-là, un problème rare se posait. Une jeune fille, Janida de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième Caverne, qui n'avait pas encore eu ses Premiers Rites, était enceinte et voulait s'unir au jeune homme qui l'avait prématurément ouverte. Peridal, également de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième Caverne, ne se montrait guère pressé de devenir son compagnon, bien qu'il e˚t témoigné une obstination immodérée à la poursuivre de ses assiduités pendant l'hiver et à lui faire des promesses extravagantes. Le Rocher aux Reflets était si vaste et comprenait tant de niveaux qu'il ne leur avait pas été difficile de trouver des endroits écartés pour leurs rendez-vous
amoureux.
On disait pour sa défense que Peridal était très jeune. Il n'était - .-
t ----- ~ tôt et sa mère RÎ tenait pas trop à ce
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qui avait cédé. Néanmoins, la Zelandonia usa de tout son pouvoir de persuasion pour les convaincre d'accepter. S'il n'était pas indispensable qu'une femme e˚t un compagnon lorsqu'elle devenait mère, il était préférable que l'enfant f˚t né du foyer d'un homme, en particulier le premier enfant.
Autre aspect du problème : d'une manière générale, quand une femme tombait enceinte avant de choisir un compagnon, elle devenait plus désirable parce qu'elle avait prouvé qu'elle pouvait apporter des enfants au foyer d'un homme, mais l'infamie dont elle était frappée parce qu'elle n'avait pas su se contrôler demeurait. Janida et sa mère le savaient ; elles savaient aussi que, si la jeune fille était déjà honorée par la Mère quand elle s'unirait, cela porterait chance au couple et qu'elle serait donc considérée d'un oil favorable. Elles espéraient que l'un compenserait l'autre.
Beaucoup de Zelandonii parlaient de cette affaire, dans un sens comme dans l'autre, mais la plupart s'accordaient à trouver la situation intéressante, en particulier du fait de la position défendue par Janida et sa mère. Ceux qui prenaient le parti de Peridal estimaient qu'il était trop jeune pour assumer les responsabilités d'un compagnon. D'autres soutenaient que, si la Mère avait choisi l'esprit de ce garçon pour honorer la jeune fille, Elle devait le juger capable de devenir homme de foyer. Malgré son manque de maîtrise de soi, Janida portait peut-être chance et Peridal aurait d˚ être content de s'unir à elle. Certains hommes envisageaient même de la prendre pour compagne, infamie ou pas, si le garçon y renonçait. Elle devait figurer au nombre des Elues de Doni pour être tombée enceinte aussi rapidement.
Les jeunes filles qui se préparaient aux Rites des Premiers Plaisirs vivaient toutes dans une hutte gardée avec soin, proche de celle de la Zelandonia. Il avait été décidé que Janida resterait avec les autres et prendrait part à la cérémonie puisqu'elle devait passer par les Premiers Rites avant de pouvoir s'unir. La communauté avait estimé que Janida devait elle aussi apprendre ce que les jeunes filles devaient savoir, mais, quand elle rejoignit les autres, plusieurs d'entre elles émirent des objections.
- C'est une cérémonie pour ouvrir une fille et en faire une femme. Si Janida est déjà ouverte, pourquoi vient-elle ici ? demanda l'une d'elles, assez fort pour être entendue
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