Le clan de l'ours des cavernes
ne contenait pas grand-chose mais avec la venaison séchée, elle aurait de quoi tenir pendant quelques jours. Et ensuite, que se passerait-il ? L'esprit en proie à la plus extrême confusion, elle préféra ne pas penser à l'avenir. Elle mangea sans appétit, but un peu d'infusion et s'allongea de nouveau, son petit serré contre elle, pour trouver refuge dans le sommeil.
Elle se réveflla dans la nuit et but le reste d'infusion froid. Elle décida de profiter de l'obscurité pour aller chercher de l'eau, t‚tonna à la recherche de l'outre puis se faufila à travers les branches en s'efforçant de ne faire aucun bruit.
Deux quartiers de lune que voilaient par intermittence des nuages poussés par le vent dispensaient une pénombre o˘ chaque rocher, chaque arbre ceignant la prairie prenait une silhouette inquiétante.
Elle avança lentement, toute aux aguets, vers le ruisseau dont le chuintement troublait le silence nocturne. Elle savait qu'à cette heure les hommes dormaient encore dans la caverne et qu'ils ne reprendraient les recherches qu'au matin. Mais d'autres yeux la guettaient, des yeux C
habitués à percer l'ombre la plus dense. Les prédateurs et leurs proies venaient se désaltérer à la même source qu'Ayla.
La jeune femme aurait fait une proie facile pour tout félin attiré par son odeur. Mais Ayla avait su s'imposer dans cette partie de la montagne et des bois, et cette odeur même était devenue sa meilleure protection, car elle évoquait un danger pour tous les carnassiers que ses pierres, qui fendaient l'air en sifflant et frappaient si fort, avaient rendus craintifs.
Elle remplit son outre d'eau sans déceler le moindre mouvement et regagna son abri.
- Il y a bien une trace d'elle quelque part, dit Brun, qui ne décolérait plus. Même si elle a emporté des provisions, elles ne dureront pas éternellement. Il faudra bien qu'elle sorte de sa cachette. Vous allez battre encore les bois et la montagne, même là o˘ vous êtes déjà passés. Si elle est morte, les charognards vous conduiront jusqu'à elle. Je veux qu'on la retrouve avant le jour de la Cérémonie du Nom. Sinon, je n'irai pas au Rassemblement du Clan.
- Eh voilà, elle va nous empêcher de retrouver ceux de notre peuple, maintenant, grogna Broud, méprisant. Pourquoi l'a-t-on accueillie dans le clan, je me le demande ! Elle n'est pas des nôtres. Si j'étais le chef, je n'aurais même pas laissé Iza la toucher. C'est incroyable que personne n'ait encore compris qui elle était vraiment. Une rebelle qui a toujours bafoué nos lois. Personne n'a rien dit quand elle a introduit un animal dans la caverne. On l'a laissée vagabonder dans la nature, et c'est comme ça qu'elle a pu espionner les hommes s'entraîner à l'art de la chasse, c'est comme ça qu'elle a osé non seulement toucher à une arme mais encore s'en servir ! Et quelle a été sa punition pour ce crime ? Maudite...
pour la durée d'une lune ! Et quand elle est revenue, elle a été sacrée la Femme-qui-Chasse Imaginez ce que les autres clans diront de nous au Rassemblement «a ne m'étonne pas que ce soit à cause d'elle, si nous n'y allons pas.
- Broud, nous avons déjà entendu ce discours, répliqua Brun. Je te garantis que sa désobéissance ne restera pas impunie.
L'acharnement de Broud à dénoncer la tolérance excessive du clan mais surtout de son chef à l'égard de cette jeune étrangère irritait d'autant plus Brun qu'elle l'obligeait à interroger sa propre attitude envers cette enfant des Autres, qui avait su lui imposer sa différence. Mais peut-être Broud avait-il en partie raison. Peut-être avait-il été trop indulgent, trop faible, et sa faiblesse avait permis cette ultime désobéissance, pour laquelle il n'y avait plus de pardon possible.
L'insistance de Broud provoquait des réflexions semblables parmi les autres hommes du clan, et la plupart n'étaient pas loin de penser qu'Ayla les avait plus ou moins trompés, qu'elle avait d'une certaine façon trahi leur confiance, et enfin que seul Broud l'avait peut-être devinée avant tout le monde. Sitôt que Brun avait le dos tourné, Broud s'empressait de laisser entendre que leur chef se faisait vieux, qu'il n'avait plus la fermeté
propre à mener un clan. Pour Brun, qui sentait le respect des hommes lui échapper, le coup était dur. Sa confiance en lui-même en était ébranlée et, dans sa situation présente, il ne pouvait se présenter la tête haute à un Rassemblement.
Ayla
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