Le clan de l'ours des cavernes
envie de devenir chef. Sentir une pierre dans mes mains me manquerait. Il n'y a rien de plus satisfaisant qu'arracher des éclats à un silex et en voir surgir une lame parfaite, correspondant à celle que l'on cherchait.
- Dalanar est un fin tailleur de silex, lui aussi.
- Le meilleur, mais il n'a plus beaucoup le temps d'exercer son talent. Le seul qui puisse rivaliser avec lui, c'est Wymez, et il est toujours au Camp du Lion, o˘ il fabrique de belles pointes pour les lances des chasseurs de mammouths. C'est dommage, ils ne se rencontreront jamais. Ils auraient pris plaisir à échanger leurs connaissances.
- Mais toi, tu les as rencontrés tous les deux, et tu comprends la pierre mieux que quiconque. Ne peux-tu montrer à Dalanar ce que Wymez t'a appris ?
- J'ai commencé. Dalanar s'y intéresse autant que moi. Je suis content qu'on ait retardé les Matrimoniales jusqu'à l'arrivée des Lanzadonii. Et je suis heureux que Joplaya et Echozar se soient unis en même temps que nous.
C'est un lien particulier. J'ai toujours éprouvé pour ma cousine une affection profonde. Elle semblait contente, elle aussi.
- Je suis s˚re qu'elle a toujours voulu partager avec toi une cérémonie d'union, dit Ayla.
C'est ce qui se rapproche le plus de ce qu'elle désirait vraiment, pensa-t-elle. Toute désolée qu'elle était pour Joplaya, elle devait s'avouer qu'elle se félicitait de l'interdiction faite aux cousins proches de s'unir.
- Echozar paraît très heureux, ajouta-t-elle.
- Il n'arrive pas encore à y croire. D'autres non plus, pour des raisons différentes, répondit Jondalar, qui passa un bras autour des épaules de sa compagne et enfouit le visage au creux de son cou.
- Il l'aime au-delà de la raison. Un tel amour compense beaucoup de choses, dit Ayla tout en luttant pour rester éveillée.
- Il n'est pas si laid, une fois qu'on s'habitue.
- Je ne le trouve pas laid du tout. Il me rappelle Rydag et Dure. Je les trouve beaux, les hommes du Clan.
- Je le sais, et tu as raison. Ils sont beaux, à leur manière. Toi aussi, tu es plutôt belle, femme.
Il lui mordilla le cou, l'embrassa et sentit naître son désir pour elle mais se rendit compte qu'elle dormait presque. Il savait qu'elle ne le repousserait pas s'il insistait, mais ce n'était pas le moment. Ce serait meilleur quand elle serait reposée, de toute façon. Ayla roula sur le côté
et il se pressa contre elle en disant :
- J'espère que Matagan s'en sortira. Elle se retourna.
- J'ai oublié de te dire que Zelandoni, la doniate de la Cinquième Caverne et moi avons parlé à sa mère. Il fallait la prévenir qu'il ne remarcherait peut-être pas.
- Ce serait terrible. Il est si jeune.
- Nous n'en savons rien, bien s˚r, mais, même s'il remarche, il boitera peut-être. Zelandoni a demandé à sa mère s'il avait montré de l'intérêt pour une activité quelconque. La seule chose qui lui soit venue à l'esprit, hormis la chasse, c'est qu'il aimait fabriquer lui-même les pointes de ses sagaies. Cela m'a fait penser aux jeunes S'ArmunaÔ mutilés par Attaroa.
Souviens-toi, tu apprenais à l'un d'eux à tailler le silex pour qu'il puisse subvenir lui-même à ses besoins. J'ai dit à la mère de Matagan que, si son fils le souhaitait,
je t'en parlerais.
- Il est de la Cinquième Caverne ? fit Jondalar, réfléchissant à
la suggestion.
- Oui, mais il pourrait venir vivre quelque temps à la Neuvième. Danug n'at-il pas passé un an environ dans un autre camp mamu-toÔ pour élargir ses connaissances ? Nous pourrions proposer la même chose à Matagan.
- C'est juste. quand nous l'avons rencontré, Danug venait de passer une année dans un camp de mineurs de silex, pour puiser de nouvelles connaissances à la source même, comme j'ai puisé les miennes à la mine de Dalanar. Il n'aurait pu avoir de meilleur maître que Wymez dans cet art, mais un bon tailleur doit aussi connaître la pierre elle-même.
Le font plissé, Jondalar pesait les implications éventuelles.
- Je ne sais pas, poursuivit-il. Je serais heureux de lui apprendre la taille mais je dois d'abord en parler à Joharran. Il faudrait trouver à ce garçon un foyer o˘ vivre. Joharran devra en discuter avec la Cinquième Caverne... enfin, à supposer que ce soit le désir de Matagan. Il fabriquait peut-être lui-même ses pointes de sagaie parce qu'il ne trouvait personne d'autre pour s'en charger. Nous verrons, Ayla. C'est une possibilité. S'il reste infirme, il devra
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