Le clan de l'ours des cavernes
aussitôt. quand la graisse fut chaude, Jondalar prit un paquet de mèches obtenues en découpant un champignon spongieux en bandes qu'on laissait ensuite sécher.
Il aimait ces mèches, qui br˚laient plus longtemps et donnaient une lumière plus
chaude. Il poussa la première mèche vers le bord de la cupule, la fit légèrement dépasser, en ajouta une deuxième puis une troisième, afin que cette seule lampe éclair‚t autant que trois.
Il remplit ensuite une autre lampe et tendit la torche à Ayla, qui l'approcha de la mèche. Une flamme s'éleva, crachota, finit par trouver sa taille et émettre une douce lumière. Jondalar porta la lampe à la niche qui contenait la donii, la plaça devant la petite statue féminine. Ayla le suivit. quand il se retourna, elle leva les
yeux vers lui.
- Cette demeure est maintenant tienne, Ayla. Si tu m'autorises à y allumer mon foyer, tous les enfants qui y naîtront seront nés de mon foyer. Le permets-tu ?
- Oui. Naturellement.
Il lui prit la torche, se dirigea vers le foyer délimité par un cercle de pierres, o˘ s'entassaient des branches prêtes à flamber. Il approcha la flamme, regarda le feu s'étendre des brindilles aux branches les plus grosses. Il ne voulait pas courir le risque que le feu s'éteignît avant d'avoir bien pris. En se retournant, il vit Ayla qui l'observait avec amour. Il se releva, la serra dans ses bras.
- Jondalar, je suis si heureuse ! dit-elle.
Sa voix se brisa, des larmes emplirent ses yeux.
- Alors pourquoi pleures-tu ?
- Parce que je suis heureuse ! répondit-elle en s'accrochant à lui. Jamais je n'aurais osé rêver que je serais un jour si heureuse. Je vais avoir un bébé, je suis ta compagne. Oui, surtout, je suis ta compagne. Je t'aime, Jondalar, je t'aime tellement...
- Je t'aime aussi, Ayla. Voilà pourquoi j'ai construit cette habitation pour toi. Il pencha la tête pour embrasser les lèvres qui se tendaient vers les siennes, sentit le go˚t salé de ses larmes.
- Mais quand l'as-tu fait ? demanda-t-elle lorsqu'ils s'écartèrent enfin l'un de l'autre. Comment ? Nous étions tous à la Réunion d'Eté.
- Tu te souviens de cette expédition de chasse pour laquelle je suis parti avec Joharran et quelques autres ? Nous n'avons pas seulement chassé, nous sommes revenus ici et nous avons construit
cette demeure.
- Tu as fait tout ce chemin pour cela ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ?
- Je voulais te faire la surprise, répondit-il, heureux de sa stupeur ravie.
- C'est la plus belle surprise qu'on m'ait jamais faite, dit-elle, de nouveau au bord des larmes.
- Tu sais, Ayla, reprit-il, l'air soudain grave, si tu disperses un jour les pierres de mon foyer, je devrai retourner chez Marthona ou ailleurs.
Cela signifiera que tu romps le lien de notre union.
- Comment peux-tu dire une chose pareille ? Jamais je ne ferai
- Si tu étais née zelandonii, je n'aurais pas à le dire. Tu le saurais. Je voulais simplement m'assurer que tu as bien compris : cette demeure est à
toi et à tes enfants. Seul le foyer m'appartient.
- Comment pourrait-elle être à moi ? C'est toi qui l'as b‚tie.
- Si je veux que tes enfants naissent à mon foyer, j'ai le devoir de vous fournir, à toi et à eux, un endroit o˘ vivre. Un lieu qui vous appartiendra, quoi qu'il arrive.
- Tu veux dire que tu étais tenu de construire une habitation pour moi ?
- Pas exactement. J'étais tenu de veiller à ce que tu aies un endroit o˘
vivre, mais j'ai voulu que tu possèdes ta propre demeure. Nous aurions pu habiter chez ma mère, ce qui n'est pas rare pour un jeune couple. Ou, si tu étais née zelandonii, nous aurions pu loger chez ta mère ou chez un autre de tes parents, jusqu'à ce que je puisse te donner un endroit à toi. En ce cas, j'aurais eu une dette envers ta famille, bien s˚r.
- Je n'avais pas compris que tu prenais autant d'engagements envers moi quand nous nous sommes unis.
- Ce n'est pas uniquement pour la femme, c'est pour les enfants. Ils ne peuvent pas se débrouiller seuls, il faut subvenir à leurs besoins.
Certains couples passent toute leur existence chez un parent, souvent la mère de la femme. quand la mère meurt, l'habitation revient à tous ses enfants mais, si l'un d'eux a vécu chez elle, il a priorité. Si une femme reçoit la demeure de sa mère, son compagnon n'est pas tenu de lui en fournir une, mais il peut avoir des obligations envers les frères et sours de sa compagne. Si la demeure de la mère va au
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