Le clan de l'ours des cavernes
on ne pouvait prononcer de malédiction à la légère et exposer une nouvelle fois le clan aux mauvais esprits. Son retour volontaire avait jeté
quelque baume sur l'orgueil blessé de Brun. Iza avait raison, se dit-il, Ayla n'avait plus toute sa tête après un accouchement aussi difficile. Et n'avait-il pas dit à Iza qu'il aurait considéré la requête d'Ayla, si seulement on le lui avait demandé ? Eh bien, elle la posait enfin. sa requête, elle le suppliait de laisser la vie à son fils. Il commencerait par examiner cet enfant. Brun n'aimait pas prendre de décisions précipitées. Il fit signe à Ayla de regagner le foyer de Creb et s'éloigna.
Ayla courut se jeter dans les bras d'lza. Au moins avait-elle la consolation de revoir une dernière fois la seule mère qu'elle ait jamais connue.
- En temps normal, je ne vous aurais jamais demandé de prendre la peine d'examiner cet enfant, déclara Brun. J'aurais pris ma décision moi-même.
Mais dans ce cas particulier, je voudrais connaître vos sentiments, car la Malédiction Suprême présente des dangers, et il me déplairait d'exposer le clan aux puissances maléfiques. Si vous jugez le garçon digne d'être accepté, je pourrais difficilement condamner la mère, parce qu'il faudrait alors confier le bébé à une autre femme en état d'allaiter. Si vous le laissez vivre, le ch‚timent d'Ayla sera donc moins rigoureux. La Cérémonie du Nom devrait avoir lieu demain. Je dois prendre une décision au plus vite car Mog-ur a besoin d'un délai pour organiser les rites de la malédiction, si tel doit être le ch‚timent.
- Il y a sa tête, commença Crug, dont la compagne, Ika, nourrissait encore son petit et qui n'avait aucun désir d'ajouter un nouveau venu à son foyer.
Non seulement elle est difforme mais il ne peut même pas la soutenir. quel homme fera-t-il ? Comment chassera-t-il ? Il sera toute sa vie durant une charge pour le clan.
- Ne pensez-vous pas que son cou finira par se muscler ? demanda Droog. Si Ayla meurt, elle emportera avec elle une Partie de l'esprit d'Ona. Oga serait prête à prendre son fils, et moi aussi, mais à condition qu'il ne présente pas une charge pour le clan.
-Avec un cou aussi maigre et une tête aussi grosse, il serait étonnant qu'il parvienne à la tenir droite, remarqua Crug.
- Je n'en voudrais chez moi pour rien au monde ! s'exclama Broud. Je ne prendrais même pas la peine de consulter Oga à ce sujet. Il n'est pas question qu'il devienne le frère de Brac et de Grev. Si Ayla emporte avec elle une partie de l'esprit de Brac, il n'en mourra pas. Je ne comprends pas pourquoi tu hésites, Brun. Tu étais prêt à la maudire et, sous prétexte qu'elle est revenue avant la cérémonie, te voilà soudain enclin à lui pardonner et tu envisages même d'accepter son fils anormal !
" Elle a défié ton autorité en fuyant. Son retour ne peut excuser sa faute.
A quoi bon discuter ? Le bébé est difforme, et la mère doit être maudite. Pourquoi toujours toutes ces palabres autour de cette rebelle, de cette étrangère qui n'apporte que la discorde dans notre clan et qui a mauvaise influence sur nos femmes ? Comment expliquer autrement le comportement fautif d'lza ? (Broud se laissait emporter par sa haine, et ses gestes, tandis qu'il s'adressait à Brun, se faisaient plus violents.) Serais-tu donc aveugle, Brun, pour ne pas voir clair dans son jeu ? Si j'étais le chef, j'aurais commencé par ne pas la prendre avec nous. Oui, si j'étais le chef...
- Mais tu ne l'es pas encore, Broud, l'interrompit sèchement Brun, et tu n'es pas prêt à le devenir si tu te révèles incapable de te maîtriser. Ce n'est qu'une femme, Broud, en quoi te sens-tu menacé ? que risques-tu ?
Elle n'aura jamais d'autre choix que de t'obéir. " Si j'étais le chef... si j'étais le chef... " C'est tout ce que tu sais dire ! quel chef digne de l'être sacrifierait la sécurité de son clan à son désir de tuer une femme ?
Les hommes se sentaient troublés et mal à l'aise. S'ils étaient habitués aux éclats de Broud, ils n'avaient jamais vu leur chef à ce point hors de lui. Jamais encore il n'avait publiquement mis en doute l'aptitude de Broud à lui succéder à la tête du clan.
Pendant un long moment, les regards de Broud et de Brun s'affrontèrent en un violent combat. Ce fut Broud qui baissa les yeux le premier. Brun tenait à nouveau la situation en main et le jeune homme comprit que sa position n'était pas aussi assurée
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