Le clan de l'ours des cavernes
mit du baume au coeur. Ils approchaient de leur demeure. En atteignant le sentier qui grimpait à
travers la colline, ils pressèrent le pas et, le coeur battant, ils contournèrent l'escarpement qui dérobait la caverne à leur vue. Ils étaient enfin de retour chez eux.
Aba et Zoug se précipitèrent à leur rencontre. Aba accueillit sa fille et Droog, serra de joie les autres enfants avant de prendre Groog dans ses bras. Zoug fit un signe à Ayla tout en courant vers Grod et Uka, et Ovra et Goov.
- O˘ est Dorv ? demanda Ika.
- Il nous a quittés pour le monde des esprits, répondit Zoug. Ses yeux étaient devenus si faibles qu'il ne voyait plus rien de ce qu'on lui disait. Il n'avait même pas le courage d'attendre votre retour. Le jour o˘
les esprits l'ont appelé, il les a suivis. Nous montrerons à Mog-ur l'endroit o˘ il est enterré pour qu'il accomplisse les rites funèbres.
Prise d'une angoisse soudaine, Ayla regarda autour d'elle.
- O˘ est Iza ?
- Elle est très malade, Ayla, répondit Aba. Elle n'a pas quitté sa couche depuis la dernière lune.
- Iza ! Iza ! s'écria Ayla en s'élançant dans la caverne.
En arrivant au foyer de Creb, elle jeta par terre tous ses paniers et se précipita vers la femme allongée sous les fourrures. La vieille guérisseuse ouvrit faiblement les yeux.
- Ayla, murmura-t-elle d'une voix à peine audible. Les esprits ont exaucé
mon souhait. Tu es de retour.
Elle tendit les bras, et Ayla serra contre elle le corps fragile et émacié.
Les cheveux d'lza étaient devenus tout blancs et la peau parcheminée de son visage accentuait les creux des joues et des orbites. Elle semblait parvenue à l'extrême vieillesse, alors qu'elle n'avait que vingt-huit ans.
Ayla avait le plus grand mal à distinguer ses traits à travers le voile de ses larmes.
- Pourquoi a-t-il fallu que j'aille à ce Rassemblement ! J'aurais d˚ rester ici et prendre soin de toi, se reprocha la jeune femme. Je savais que tu étais malade. Pourquoi suis-je partie ?
- Non, Ayla, non, tu n'as rien à te reprocher, lui dit lza avec des gestes qui trahissaient une très grande faiblesse. Je savais que j'allais mourir, quand tu es partie. Tu n'aurais pas pu m'aider, personne ne l'aurait pu. Ce que je voulais seulement, c'était te revoir une dernière fois avant qu'il soit temps pour moi de rejoindre les esprits.
- Non, tu ne vas pas mourir ! s'écria Ayla. Je vais te guérir
- Ayla, Ayla. Il existe des états contre lesquels la meilleure guérisseuse du monde ne peut rien.
L'effort que venait de faire Iza déclencha une terrible quinte de toux.
Ayla l'aida à se soulever et roula en boule une fourrure pour la soutenir et lui permettre de respirer plus aisément. Puis elle se mit à fouiller parmi les remèdes rangés près de la couche de la malade.
- OŸ est l'aunée ? Je n'arrive pas à la trouver.
- Je ne pense pas qu'il en reste, dit Iza avec beaucoup d'effort. J'en ai fait une grande consommation ces derniers temps, et je n'ai pas eu la force d'aller en cueillir davantage. Aba n'a pas réussi à m'en trouver, elle ne m'a rapporté que des hélianthes.
- Je n'aurais jamais d˚ partir, se lamenta Ayla en sortant précipitamment de la caverne. (Comme elle croisait Creb et Uba, qui portait Durc dans ses bras, elle leur signifia en ralentissant à peine sa course :) Iza va très mal, et elle n'a même plus d'aunée ! Je vais en chercher. Uba, allume un feu dans le foyer, il n'y en a pas non plus. Ah ! jamais je n'aurais d˚
partir ! Jamais je n'aurais d˚ la laisser, malade comme elle l'était !
Et le visage blême sous la poussière du chemin, sillonné par les larmes, elle poursuivit sa course vers la rivière, tandis que Creb et Uba se précipitaient dans la caverne.
Elle traversa d'un bond la rivière, courut vers la prairie o˘ poussait l'aunée, en arracha plusieurs pieds qu'elle lava sommairement en repassant le cours d'eau et se dépêcha de regagner le foyer.
Uba avait allumé un feu mais l'eau qu'elle avait mise à bouillir était à
peine tiède. Creb, debout aux pieds d'lza, invoquait les esprits avec des gestes empreints d'une ferveur qu'il n'avait pas éprouvée depuis bien des jours, les suppliant de donner à Iza la force de vivre et de ne pas la rappeler à eux. Uba avait installé Dure sur une natte, et le petit garçon se mit à ramper à quatre pattes vers sa mère occupée à couper en morceaux les racines d'aunée. Comme il essayait de grimper sur sa mère pour
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