Le clan de l'ours des cavernes
beauté.
Maintenant que les steppes renaissaient à là vie, elle avait de moins en moins besoin de puiser dans les réserves de nourriture qu'elle avait emportées avec elle et commençait à vivre sur le pays. Cette activité la ralentissait à peine : comme toutes les femmes du Clan, elle avait appris à
cueillir des fleurs, des feuilles, des bourgeons et des baies tout en continuant à marcher. Pour déterrer rapidement les racines et les bulbes, elle se servait d'un b‚ton à fouir. Il s'agissait d'une branche débarrassée de ses rameaux et de ses feuilles et dont une des extrémités avait été
taillée en pointe avec une lame en silex. La cueillette lui semblait facile maintenant qu'elle n'avait plus qu'elle à nourrir.
En plus, elle avait un avantage sur les autres femmes du Clan : elle pouvait chasser. Uniquement avec une fronde, bien s˚r ! Mais dans ce domaine, elle était de loin la plus habile du Clan. Les hommes euxmêmes avaient été obligés de le reconnaître. Ils avaient eu beaucoup de mal à se faire à l'idée qu'une femme puisse chasser et Ayla avait payé très cher le droit d'user de ce privilège.
quand les écureuils fossoyeurs, les hamsters géants, les grandes gerboises, les lapins et les lièvres quittèrent leurs gîtes d'hiver, attirés par l'herbe tendre, elle reprit l'habitude de porter sa fronde suspendue à la lanière en cuir qui tenait sa fourrure fermée, à côté de son b‚ton à fouir.
En revanche, son sac de guérisseuse était comme toujours accroché à la ceinture du vêtement qu'elle portait sous sa fourrure.
Si la nourriture était abondante, il était un peu plus difficile de trouver du bois et de faire du feu. Les buissons et les arbres qui s'efforçaient de pousser le long des cours d'eau saisonniers fournissaient à Ayla du bois mort. Elle trouvait aussi sur place des excréments d'animaux. Mais cela ne suffisait pas pour faire du feu chaque soir. Parfois, au moment o˘ elle s'arrêtait, elle ne trouvait pas le bois dont elle avait besoin, ou alors celui-ci était vert ou humide. Il arrivait aussi qu'elle soit trop fatiguée pour avoir le courage d'allumer un feu.
Dormir en plein air, sans feu pour se protéger, ne lui souriait guère. Les vastes prairies qu'elle traversait attiraient de grands troupeaux d'herbivores dont les rangs étaient décimés par toutes sortes de prédateurs. Seul un feu pouvait les tenir à distance. Les membres du Clan le savaient et, lorsqu'ils voyageaient, l'un d'eux avait le privilège de transporter un charbon ardent qui, chaque soir, servait à allumer un nouveau feu. Jusqu'alors, Ayla n'avait pas eu l'idée de faire la même chose. Et quand elle y pensa, elle se demanda pourquoi elle n'y avait pas songé plus tôt.
Même en utilisant une drille à feu et une sole en bois, il était très difficile d'allumer un feu quand le bois était vert ou humide. Le jour o˘
elle trouva un squelette d'aurochs, elle se dit que le problème était résolu.
La lune avait à nouveau parcouru un cycle complet et la chaleur de l'été
était en train de remplacer l'humidité printanière. Ayla traversait toujours la large plaine côtière qui descendait en pente douce vers la mer intérieure. Les limons charriés par les inondations saisonnières formaient de larges estuaires barrés en partie par des amas de sable, ou même des mares et des étangs.
C'est au bord d'un petit étang de ce genre qu'Ayla s'arrêta au milieu de la matinée. La veille, elle n'avait pu camper près d'un cours d'eau et sa gourde était presque vide. L'eau semblait stagnante et elle n'était pas s˚re qu'elle f˚t potable. Elle y plongea la main, go˚ta une gorgée et recracha aussitôt le liquide saum‚tre. Puis elle se rinça la bouche avec l'eau de sa gourde.
Est-ce que l'aurochs a bu de cette eau ? se demanda-t-elle en remarquant le squelette blanchi que prolongeait une longue paire de cornes effilées. Puis elle s'empressa de quitter ces eaux croupies o˘ la mort semblait encore rôder. Mais elle ne réussit pas à chasser l'aurochs de ses pensées : elle avait beau s'éloigner, elle continuait à penser à ce squelette et à ses longues cornes incurvées.
Il était près de midi quand elle s'arrêta au bord d'un ruisseau. Elle décida alors de faire du feu pour cuire le lapin qu'elle venait de tuer.
Assise au soleil, elle était en train de faire tourner entre ses paumes la drille à feu sur la sole en bois quand elle se surprit à souhaiter que Grod
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