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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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contenaient, l'eau lui vint à la bouche. La plupart des animaux qu'elle tuait avec sa fronde ne fournissaient que de la viande maigre et, si elle n'avait pas pu équilibrer ses menus gr‚ce aux végétaux qu'elle cueillait, ce régime ne lui aurait pas permis de vivre longtemps. La graisse, sous quelque forme que ce soit, était nécessaire à
    sa survie.
    Malgré son envie d'en manger une, elle rangea les galettes de voyage dans son panier sans y toucher : mieux valait les garder pour le jour o˘ elle en aurait vraiment besoin. Elle y ajouta les tranches de viande séchée qui lui restaient - aussi dures que du cuir mais nourrissantes -, quelques pommes sèches, une poignée de noisettes, quelques petits sacs de grains ramassés dans les hautes herbes des steppes autour de la caverne et jeta un tubercule pourri. Par-dessus la nourriture, elle posa son bol, son capuchon en fourrure et la paire de chausses usée.
    Après avoir détaché de sa ceinture son sac de guérisseuse, elle caressa la peau de loutre brillante et imperméable et sentit sous ses doigts les os des pattes arrière et de la queue. La peau de l'animal avait été incisée à
    la hauteur du cou. Une lanière en cuir, enfilée à cet endroit, permettait de fermer le sac et la tête de la loutre, toujours attachée au dos et étrangement aplatie, servait de rabat. Iza avait fait ce sac pour elle-même et Ayla en avait hérité le jour o˘ elle était devenue à son tour la guérisseuse du Clan.

    Ce sac en loutre lui rappelait son premier sac de guérisseuse, fabriqué lui aussi par Iza, et que Creb avait br˚lé, il y a bien des années de cela, lorsqu'elle avait été maudite pour la première fois. Brun avait été obligé
    d'agir ainsi : les femmes du Clan n'avaient pas le droit d'utiliser des armes et cela faisait des années qu'Ayla se servait en cachette d'une fronde. Malgré tout, Brun lui avait donné une chance de revenir - à
    condition qu'elle soit capable de rester en vie.
    Ce jour-là, il a fait plus que de me donner une chance, songea Ayla. Si je n'avais pas su à quel point le fait d'être maudite pouvait donner envie de mourir, peut-être n'aurais-je pas réussi à rester en vie lorsque Broud à
    son tour m'a chassée. Même s'il m'a été très difficile de quitter Durc pour toujours, la malédiction de Broud m'a moins touchée que la première. Le jour o˘ Creb a br˚lé tout ce qui m'appartenait, j'ai vraiment voulu mourir.
    Elle avait aimé Creb, le frère de Brun et d'lza, au moins autant qu'lza.
    Comme il lui manquait un oeil et la moitié d'un bras, il n'avait jamais pu chasser mais il était de loin le plus grand magicien de tout le Clan : Mogur, craint et respecté de tous. Son vieux visage, borgne et défiguré par une cicatrice, inspirait de l'effroi aux chasseurs les plus courageux. Mais Ayla savait qu'il pouvait aussi refléter une grande douceur. Creb l'avait protégée, s'était occupé d'elle et l'avait aimée comme si elle était la fille de la compagne qu'il n'avait jamais eue.
    La mort d'lza remontait à trois ans, elle avait donc eu le temps de s'y faire. Et, même si elle était séparée de son fils, elle savait qu'il était toujours vivant. Mais la mort de Creb était si récente...
    La douleur qu'elle avait gardée au fond d'elle-même depuis le tremblement de terre qui avait tué le vieux magicien resurgit soudain. " Creb... Oh, Creb ! cria-t-elle. Pourquoi es-tu retourné dans la caverne ? Pourquoi fallait-il que tu meures ? ",,
    Eclatant en sanglots, elle enfouit son visage dans la fourrure de son sac, puis elle poussa un gémissement aigu, venu du plus profond d'ellemême. Elle se mit alors à se balancer d'avant en arrière et son gémissement se transforma en une lamentation funèbre qui exprimait son angoisse, son chagrin, son désespoir. Mais il n'y avait personne pour se lamenter avec elle et partager son chagrin. Elle était seule avec sa peine et elle pleurait sur sa propre solitude.
    quand ses sanglots et ses gémissements se calmèrent, elle était épuisée, mais comme délivrée. Au bout d'un moment, elle s'approcha de l'eau et se rafraîchit le visage. Puis elle rangea son sac de guérisseuse dans le panier sans en vérifier le contenu qu'elle connaissait parfaitement. La douleur qu'elle avait éprouvée un peu plus tôt avait maintenant fait place à la colère. Broud ne me fera pas mourir ! dit-elle en jetant rageusement son b‚ton à fouir.
    Puis elle respira à fond et s'approcha à nouveau

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