Le clan de l'ours des cavernes
lui apprendra ? Uba l'aime autant que s'il était son propre fils et elle prendra soin de lui mais elle ne sait pas nager. Brun non plus. Il lui apprendra à chasser et le prendra sous sa protection. Il ne laissera pas Broud lui faire du mal. Il me l'a promis au moment de mon départ.
Est-ce que Broud est responsable du fait que Dure ait grandi à l'intérieur de mon ventre ? se demanda encore Ayla qui se rappelait en frissonnant comment Broud l'avait forcée. Iza disait que les hommes font ça aux femmes qu'ils aiment mais Broud a agi ainsi parce qu'il savait que je le haÔssais.
Tout le monde dit que ce sont les esprits des totems qui mettent en route les bébés. Mais aucun homme du Clan ne possédait un totem assez fort pour vaincre mon Lion des Cavernes. Pourtant, ce n'est qu'après avoir été violée par Broud que je suis tombée enceinte. Et tout le monde a été surpris : on pensait que je n'aurais jamais de bébé.
J'aimerais bien voir Dure quand il sera devenu adulte. Il était déjà grand pour son ‚ge, comme moi, et il dépassera tous les hommes du Clan, j'en suis s˚re...
Non ! je n'en sais rien ! Et je ne le saurai jamais ! Jamais je ne reverrai mon fils.
Arrête de penser à lui ! s'intima-t-elle en ravalant ses larmes et, quittant l'endroit o˘ elle était assise, elle s'approcha du bord de l'eau.
Plongée dans ses pensées, Ayla n'avait pas remarqué le tronc d'arbre fourchu qui flottait tout près de la rive. quand celui-ci se trouva emprisonné dans l'enchevêtrement des branches mortes qui se déployaient au ras de l'eau, elle lui jeta un coup d'oeil indifférent. Il roulait d'un côté et de l'autre pour se libérer, sous le regard absent d'Ayla. Soudain, elle le vit vraiment et découvrit du même coup tout ce qu'elle pouvait en tirer.
Elle s'avança dans l'eau et hissa le tronc sur la rive. Il s ''agissait de la partie supérieure d'un arbre de belle taille qui avait d˚ être coupé
net par une violente inondation en amont du fleuve et qui n'était pas encore trop imbibé d'eau. Ayla fouilla dans un des replis de son vêtement en peau pour en sortir son coup-de-poing. A l'aide de l'instrument, elle coupa la plus longue des deux branches afin qu'elle ait à peu près la même taille que l'autre, puis elle les élagua toutes les deux.
Après avoir jeté un coup d'oeil autour d'elle, elle se dirigea vers un bosquet de bouleaux couvert de clématites. Elle tira sur la plante pour en détacher une jeune tige, souple et résistante. Tout en la débarrassant de ses feuilles, elle revint sur ses pas et s'approcha de son chargement. Elle commença par étendre sa tente en peau sur le sol, puis y vida le contenu de son panier. Le moment était venu de dresser l'inventaire de ce qu'elle possédait et de tout ranger à nouveau.
Au fond du panier, elle plaça ses jambières, ses moufles en fourrure, ainsi que le vêtement en peau retourné dont elle n'aurait pas besoin avant l'hiver prochain. O˘ serai-je à ce moment-là ? se demanda-t-elle en marquant un temps d'arrêt. Balayant d'un geste cette question à laquelle elle ne pouvait pas répondre, elle continua son rangement. Mais à nouveau elle s'arrêta à la vue de la couverture en cuir souple dans laquelle elle plaçait Dure, petit, pour le transporter confortablement calé contre sa hanche.
Pourquoi l'avait-elle emportée ? Elle n'était pas indispensable à sa survie. Mais elle n'avait pas voulu s'en séparer, elle était comme imprégnée de son fils. Après avoir pressé la peau douce contre sa joue, elle la plia avec soin et la rangea au fond du panier. Par-dessus, elle plaça les bandes en peau absorbante qu'elle utilisait pendant ses règles.
Puis elle ajouta sa seconde paire de chausses en peau. Elle marchait maintenant pieds nus et ne se chaussait que quand il faisait froid ou humide. Mais elle se félicitait d'avoir emporté les deux paires car elle en avait déjà usé une.
Elle s'occupa ensuite de ses réserves de nourriture. il lui restait encore une portion de sucre d'érable emballée dans une écorce de bouleau. Elle en cassa un morceau et le mit dans sa bouche en se demandant si elle aurait à
nouveau l'occasion de manger du sucre d'érable quand celui-ci serait fini.
Elle avait encore plusieurs galettes de voyage, de celles que les hommes du clan emportaient quand ils partaient chasser, faites d'un mélange de graisse fondue, de viande séchée broyée et de fruits secs. En pensant à la graisse qu'elles
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