Le clan de l'ours des cavernes
de son panier. Après y avoir rangé sa drille à feu, sa sole en bois et la corne d'aurochs, elle fouilla dans un des replis de son vêtement et en sortit quelques outils en silex. Dans un autre repli se trouvait un caillou rond qu'elle lança en l'air avant de le rattraper dans le creux de sa main. A condition d'avoir la bonne taille, n'importe quel caillou pouvait être projeté avec une fronde. Mais le tir était bien plus précis lorsqu'on utilisait des projectiles ronds et lisses. Ayla en avait toujours quelques-uns d'avance et elle décida que mieux valait les garder.
Ensuite, elle prit sa fronde, une bande en peau de daim, renflée au milieu pour servir de logement à une pierre et dont les longues extrémités effilées étaient entortillées par l'usage, et la posa à côté des cailloux.
Puis elle défit la longue lanière en cuir qui retenait son vêtement en peau de chamois. Cette lanière était enroulée autour d'elle de manière à faire des plis à l'intérieur desquels elle transportait toutes sortes de choses et quand elle l'eut dénouée, la peau de chamois tomba sur le sol. Elle ne portait plus qu'un petit sac suspendu par un cordon autour de son cou - son amulette. quand elle passa le cordon par-dessus sa tête, elle frissonna : sans amulette, elle se sentait vulnérable. Pour se rassurer, elle toucha du doigt les petits objets durs placés au fond du sac.
Tout était là, tout ce qu'elle possédait, tout ce dont elle avait besoin pour rester en vie - auquel il fallait ajouter : l'intelligence, le savoir, l'habileté, l'expérience, la détermination et le courage.
Elle déposa son amulette, sa fronde et ses outils à l'intérieur de son vêtement en peau, replia celui-ci et le rangea à l'intérieur du panier.
Puis elle enveloppa le panier dans la peau d'ours, attacha le tout à l'aide de la lanière en cuir et, après avoir empaqueté son baluchon dans la peau d'aurochs, elle le fixa à l'arrière du tronc fourchu en se servant de la tige de clématite.
Pendant un court instant, elle contempla le large fleuve et la berge opposée qui semblait si lointaine. Elle recouvrit son feu de sable, eut, une rapide pensée pour son totem et poussa le tronc d'arbre dans l'eau, en aval de l'arbre mort. Après quoi elle se logea entre les deux branches et, s'y agrippant solidement, lança son radeau dans le courant.
L'eau du fleuve, chargée de la fonte des neiges, était glaciale et Ayla se mit à haleter, le corps engourdi. Le courant était puissant et il entraînait le tronc, bien décidé, semblait-il, à l'emmener jusqu'à la mer.
L'arbre tanguait, mais ne se retournait pas gr‚ce aux deux branches qui l'équilibraient. Ayla luttait contre le courant en agitant frénétiquement les pieds pour se frayer un chemin dans cette masse d'eau tourbillonnante.
Ses efforts finirent par être récompensés : elle réussit à virer de bord et commença à se diriger vers la rive opposée.
Elle poussait le tronc en travers du courant, sa progression était mortellement lente et chaque fois qu'elle levait les yeux la rive lui semblait désespérément lointaine. A un moment donné, elle crut pouvoir aborder, mais le fleuve l'entraîna et elle s'éloigna à nouveau de la berge.
Elle était épuisée. Au contact de l'eau, la température de son corps s'était abaissée et elle frissonnait violemment. Ses muscles étaient douloureux comme si elle avait nagé avec une pierre attachée à chacun de ses pieds.
Trop fatiguée pour lutter, elle finit par s'abandonner à la force inexorable du courant. Heureusement, un peu plus loin, le fleuve faisait un coude et, au lieu de continuer en direction du sud, il obliquait brusquement vers l'ouest, infléchissant son cours au contact d'une avancée rocheuse qui lui barrait la route. Avant de céder au courant, Ayla avait déjà traversé les trois quarts du fleuve et, quand elle aperçut la rive, elle mobilisa toutes ses forces et reprit le contrôle du radeau.
Accélérant ses battements de pieds, elle essaya d'atteindre la berge avant que le fleuve ait fini de contourner cette saillie providentielle. Elle ferma les yeux et se concentra sur les mouvements de ses jambes. Soudain le tronc eut une secousse : il venait de racler le fond et ne tarda pas à
s'immobiliser.
Incapable de faire un mouvement, à moitié submergée, Ayla s'accrochait toujours aux deux branches quand un fort remous libéra soudain le tronc des rochers qui le retenaient. Prise de panique,
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