Le clan de l'ours des cavernes
médicinales, je vais avoir besoin de claies, se dit-elle. Pour les montants, je peux toujours abattre quelques arbustes, mais il me faudrait des boyaux frais pour les attacher ensemble. En séchant, les boyaux se resserreraient et mes claies ne bougeraient plus. Les arbres morts et les bois flottés me suffiront pour faire du feu. J'utiliserai aussi du crottin. Dès qu'il est sec, il br˚le très bien. Il faudra que je commence à entreposer du bois dans la caverne et aussi que je fabrique quelques outils. quelle chance d'avoir trouvé des silex !
Ayla mangea la truite sur les pierres de cuisson et elle se dit qu'elle ferait bien de fouiller dans le tas d'os pour voir s'il ne s'y trouvait pas des omoplates ou des os de la hanche qu'elle pourrait utiliser en guise d'assiettes. Elle versa l'eau que contenait sa gourde dans un récipient et quand celle-ci commença à frissonner sous l'action des pierres chaudes qu'elle avait ajoutées, elle y lança une poignée de cynorrhodons sortis de son sac de guérisseuse. Ces fruits de l'églantier, cueillis secs, étaient excellents pour soigner un rhume et permettaient aussi de faire de délicieuses infusions.
Ayla continua à tresser son panier tout en réfléchissant à ce qu'elle devait faire avant l'hiver. L'ampleur de la t‚che ne lui faisait pas peur.
Au contraire ! Plus elle était occupée et moins elle pensait à sa solitude.
Malgré tout, il y avait un problème qu'elle n'arrivait pas à résoudre : o˘
trouver la viande et la graisse dont elle aurait besoin durant la saison froide ? Sans parler d'une seconde couverture en fourrure pour dormir au chaud dans la caverne, des boyaux qui lui manquaient pour fabriquer ses claies. Il lui faudrait aussi une outre beaucoup plus grande que sa gourde, pour conserver de l'eau à l'intérieur de la caverne, et seul l'estomac d'un animal de grande taille pouvait convenir à cet usage.
Soudain, elle l‚cha son panier et fixa un point dans l'espace comme si la réponse à la question qu'elle se posait venait de se matérialiser sous ses yeux. Il suffisait qu'elle tue un animal de grande taille ! Un seul ! Et tous ses problèmes seraient résolus.
quand elle eut terminé le petit panier, elle le plaça à l'intérieur de celui dont elle se servait quand elle voyageait et fixa ce dernier sur son dos. Elle rangea ses outils dans les replis de son vêtement, prit sa fronde et se dirigea vers la prairie. En arrivant près du merisier, elle se débarrassa de son panier, cueillit tous les fruits qu'elle pouvait atteindre et monta dans l'arbre pour compléter sa récolte. Elle en profita aussi pour manger ces cerises sauvages qui, bien que trop m˚res, gardaient un go˚t aigrelet.
En redescendant, elle décida de faire provision d'écorce de merisier, un excellent remède contre la toux. A l'aide de son coup-de-poing, elle retira un morceau d'écorce et se servit de son couteau pour détacher l'aubier du bois dur. Cela lui rappela le jour o˘, alors qu'elle était encore une petite fille, Iza l'avait envoyée chercher de l'écorce de merisier. Ce jour-là, elle avait espionné les hommes du Clan qui étaient en train de s'entraîner au maniement des armes dans une clairière. Elle savait que c'était défendu, mais craignant d'être surprise au moment o˘ elle s'en irait, elle avait préféré rester tapie et avait écouté les explications de Zoug sur le maniement de la fronde.
Elle savait que les femmes n'avaient pas le droit de toucher aux armes, mais en voyant la fronde que Broud avait oubliée, elle n'avait pas pu résister et l'avait emportée, cachée à l'intérieur de son vêtement. Si je n'avais pas pris cette fronde, serais-je encore en vie aujourd'hui ? se demanda-t-elle. Si je ne l'avais pas utilisée, peut-être que Broud ne m'aurait pas autant détestée. Peut-être ne m'aurait-il pas maudite...
Peut-être ! Peut-être ! songea-t-elle avec colère. Cela ne sert à rien de réfléchir après coup a ce qui aurait pu se passer. La seule chose qui importe, c'est qu'avec cette fronde je ne peux pas chasser un gros animal.
Il me faudrait un épieu !
Elle traversa un bosquet de jeunes trembles et s'approcha de la rivière pour boire et laver ses mains tachées par le jus des merises. Elle allait repartir quand soudain elle s'immobilisa pour regarder les troncs parfaitement droits des jeunes arbres. Elle venait de trouver de quoi fabriquer un épieu !
Si Brun était là, il serait furieux, songea-t-elle aussitôt. Il
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