Le clan de l'ours des cavernes
Alors, autant s'en servir tout de suite.
Après avoir découpé la peau en larges bandes, elle descendit vers la rivière pour se baigner. J'aurais d˚ savoir que cela allait venir, se disaitelle. Et j'aurais d˚ prendre des précautions. Maintenant que je saigne, je ne vais plus rien pouvoir faire, excepté...
Elle s'interrompit soudain et éclata de rire. La malédiction qui pesait sur les femmes du Clan pendant quelques jours par mois n'avait plus aucune importance ici. Personne n'allait lui rappeler qu'elle n'avait pas le droit de lever les yeux sur les hommes, de préparer les repas ou d'aller ramasser quoi que ce soit. Maintenant qu'elle vivait seule, elle n'avait plus à se préoccuper de ce genre d'interdits.
Il n'empêche que j'aurais d˚ le savoir ! se dit-elle à nouveau. Mais le temps a passé si vite... Depuis quand suis-je installée dans cette vallée ?
Elle essaya de s'en rappeler, mais les jours se ressemblaient tellement qu'elle dut y renoncer. Est-il possible que l'hiver soit beaucoup plus proche que je ne le pense ? se demanda-t-elle, soudain épouvantée. C'est impossible, corrigea-t-elle aussitôt. Jamais la neige n'arrive avant que les arbres aient perdu leurs feuilles. quoi qu'il en soit, il faut désormais que je tienne un compte exact des jours que je vais passer dans cette vallée.
Il y a longtemps de ça, Creb lui avait expliqué comment s'y prendre il suffisait de faire une entaille dans un b‚ton pour chaque jour passé. A l'époque, il avait été surpris qu'Ayla suive avec autant de facilité ses explications. Et il lui avait fait jurer de garder le secret : jamais il n'aurait d˚ partager avec elle cette connaissance qui était l'apanage du sorcier et de ses servants. Et le jour o˘ il avait découvert qu'elle se servait d'un b‚ton pour compter les jours entre deux pleines lunes, il s'était mis très en colère.
- Si tu me regardes du monde des esprits, je t'en prie, ne te f‚che pas, Creb ! dit-elle. Tu dois savoir que je ne peux pas faire autrement. Elle alla chercher une longue branche parfaitement lisse et y fit une entaille avec son couteau en silex. Après avoir réfléchi, elle ajouta encore deux entailles. Elle posa un doigt dans chaque encoche et regarda sa main. Je pense que ça fait un peu plus longtemps que ça, se dit-elle. Mais je ne saurais pas dire combien de jours de plus. Je referai une marque ce soir et j'en ajouterai une chaque soir. Elle étudia le b‚ton qu'elle avait sous les yeux et, après avoir réfléchi, creusa un peu plus profondément la troisième entaille : comme ça elle saurait quand elle avait commencé à
saigner.
La lune avait parcouru la moitié de son cycle depuis qu'Ayla avait fabriqué
ses épieux et elle n'avait toujours aucune idée de l'animal qu'elle allait chasser.
La veille au soir, alors qu'elle prenait le frais devant l'ouverture de la caverne, elle avait décidé de partir de bon matin pour les steppes. Depuis quelques jours, elle portait une tenue mieux adaptée aux grosses chaleurs que son lourd vêtement en peau : elle avait attaché autour de sa taille des peaux de lapin débarrassées de leurs poils et une autre peau lui couvrait la poitrine. Cette tenue était bien plus pratique pour chasser et marcher.
Au petit jour, elle prit ses deux épieux et partit en direction des steppes. Sachant qu'elle ne pourrait pas franchir la haute falaise qui longeait la rivière à l'ouest, elle suivit la douce déclivité qui, à l'est du cours d'eau, rejoignait les vastes plaines. Arrivée là, elle aperçut des troupeaux de cerfs et de bisons, des hordes de chevaux et même un petit troupeau de saÔgas. Mais jamais elle ne put s'approcher suffisamment des animaux pour utiliser ses épieux. Finalement, elle regagna la caverne avec des lagopèdes et une grande gerboise.
Les jours suivants, elle ne cessa de réfléchir à ce problème et, dans l'espoir de le résoudre, essaya de se rappeler les conversations des hommes du Clan qui, en général, portaient exclusivement sur la chasse. A force de les avoir écoutés raconter leurs exploits, elle savait comment ils s'y prenaient. Leur technique favorite, semblable à celle des loups, consistait à isoler un des animaux du troupeau et à le poursuivre, en se relayant à
plusieurs, jusqu'à ce qu'il soit complètement épuisé. Les hommes s'approchaient alors et le tuaient. Mais pour utiliser ce genre de tactique, il fallait chasser en groupe et Ayla était seule.
Il arrivait aussi
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