Le clan de l'ours des cavernes
m'a dit que je n'avais pas le droit de me servir d'une autre arme que la fronde.
il ...
Elle s'interrompit soudain. Il ne peut plus me punir, reprit-elle. Je suis déjà morte ! Et à part moi, il n'y a pas un seul être humain dans cette vallée.
Comme une corde trop tendue finit par se rompre, quelque chose se brisa à l'intérieur d'Ayla. Elle se laissa tomber à genoux. Comme j'aimerais qu'il y ait quelqu'un près de moi ! quelqu'un... N'importe qui ! Même Broud serait le bienvenu. S'il me donnait la permission de revenir et de revoir mon fils, je lui promettrais de ne plus toucher une fronde de ma vie.
Cachant sa tête entre ses mains, elle se mit à sangloter.
Les petites créatures qui vivaient dans la prairie et dans les bois ne prêtèrent aucune attention à ces sons incompréhensibles. Il n'y avait personne dans cette vallée capable de comprendre la tristesse d'Ayla. Tant qu'elle avait voyagé, elle avait été soutenue par l'espoir de rencontrer d'autres êtres humains, des hommes et des femmes qui lui ressemblaient. Cet espoir, maintenant qu'elle s'était installée dans la vallée, il fallait qu'elle y renonce : elle devait accepter sa solitude et apprendre à vivre avec elle.
Pleurer lui avait fait du bien : elle se releva et, prenant son coup-depoing, se mit à entailler rageusement la base du jeune tronc. Puis elle s'attaqua à un second tremble. J'ai souvent vu les hommes fabriquer des épieux, se dit-elle en débarrassant les deux arbres de leur feuillage. «a n'avait pas l'air si difficile que ça. quand elle eut fini, elle mit de côté les deux perches et se dirigea à nouveau vers la prairie. Elle passa le reste de l'après-midi à ramasser des grains de blé épeautre et de seigle et, après avoir récupéré les deux perches, reprit le chemin de la caverne.
En arrivant, elle mit à sécher les merises qu'elle avait ramassées, fit cuire une poignée de seigle qu'elle mangea avec le reste de la truite et, après avoir écorcé les deux troncs, elle les débarrassa de toutes leurs aspérités jusqu'à ce qu'ils soient parfaitement lisses. Ensuite, comme elle l'avait tant de fois vu faire par les hommes du Clan, elle prit un des épieux et, s'en servant comme d'une toise, y porta une marque juste audessus de sa tête. Elle pénétra dans la caverne et plaça l'extrémité qui portait la marque dans le feu. Elle fit tourner plusieurs fois l'extrémité
de l'épieu et quand celle-ci fut bien noire, elle se servit de son grattoir denticulé pour faire sauter la partie carbonisée. Elle renouvela l'opération jusqu'à ce qu'elle obtienne une pointe durcie au feu.
Elle fit de même pour le second épieu.
quand Ayla eut terminé, il faisait nuit depuis longtemps. Elle était fatiguée et s'en félicita : elle aurait moins de mal à s'endormir. Elle couvrit son feu et se dirigea vers l'ouverture de la caverne. Elle contempla un court instant la vo˚te étoilée en cherchant une bonne raison de ne pas aller se coucher car, pour elle, c'était le moment le plus difficile de la journée. N'en trouvant pas, elle se dirigea à pas lents vers sa couche. Elle avait creusé près d'une des parois une fosse peu profonde qu'elle avait remplie d'herbes sèches et c'est là qu'elle dormait, enveloppée dans sa fourrure. Elle s'y allongea et, les yeux fixés sur la faible lueur du feu, tendit l'oreille.
Autour d'elle, tout était silencieux. Personne ne faisait bruire les herbes de sa couche, aucun couple ne gémissait dans un foyer tout proche, pas le moindre ronflement ou grognement. Elle ne percevait que le souffle de sa propre respiration. N'y tenant plus, elle alla chercher le vêtement qu'elle utilisait pour porter Durc, en fit une boule qu'elle serra contre sa poitrine et, le visage baigné de larmes, s'allongea. A force de pleurer, elle finit par s'endormir.
Le lendemain matin, quand Ayla se réveilla, elle s'aperçut qu'il y avait du sang sur ses jambes. Elle fouilla dans ses affaires pour y chercher les bandes absorbantes et la ceinture qui lui permettait de les maintenir en place. A cause de nombreux lavages, les bandes avaient perdu toute souplesse. Elle aurait d˚ les br˚ler la dernière fois qu'elle s'en était servi. Mais par quoi les remplacer ? Elle songea soudain à la peau du lapin qu'elle avait préparée le lendemain de son arrivée dans la vallée. Elle l'avait mise de côté en pensant l'utiliser lorsque l'hiver serait là. Mais elle aurait l'occasion de tuer d'autres lapins.
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