Le clan de l'ours des cavernes
à son totem. Au fond, c'était le Lion des Cavernes qui l'avait poussée à chasser la première fois. Sans lui, jamais elle n'aurait pu devenir aussi habile à
la fronde et même surpasser les hommes du Clan. Elle espérait que son puissant totem allait lui venir en aide cette nuit.
quand Ayla atteignit le coude de la rivière près duquel les chevaux passaient la nuit, le soleil se couchait. Elle avait emporté avec elle sa tente en peau et l'os plat à bord tranchant. Elle se dirigea sans bruit vers la trouée o˘, la veille, elle était allée porter du bois. C'est à cet endroit que les chevaux venaient boire au lever du jour. Pour l'instant, c'était le crépuscule, le feuillage des arbres prenait une teinte gris‚tre dans la lumière déclinante et, un peu plus loin, on apercevait des arbres dont les troncs noirs se détachaient sur le ciel rougeoyant. Ayla étendit sa tente sur le sol et se mit à creuser avec sa pelle en os.
En surface, le sol était dur, mais dès qu'elle eut entamé cette couche superficielle, elle creusa avec plus de facilité. Au fur et à mesure qu'elle retirait de la terre, elle la lançait sur la peau et, quand celleci fut entièrement recouverte, elle la tira vers les bois et y déversa la terre. Lorsque la fosse fut plus large et plus profonde, elle posa la peau au fond du trou et s'en servit pour sortir la terre au fur et à mesure.
Elle y voyait tout juste et c'était une t‚che épuisante. Bien plus dure que quand elle aidait les femmes du Clan à creuser une fosse qui servait à
rôtir des quartiers de viande. Cette fois-ci, elle était seule à travailler et les dimensions de la fosse étaient bien plus importantes.
Les bords de la fosse lui arrivaient à la taille quand soudain elle sentit de l'eau sous ses pieds. Elle avait creusé trop près de la rivière ! L'eau montait rapidement et le fond était déjà tout boueux quand elle se précipita hors de la fosse, sa tente à la main.
Pourvu que ce soit assez profond, songea-t-elle. De toute façon, elle devait s'arrêter là : plus elle creuserait et plus l'eau monterait.
Relevant la tête, elle regarda la lune et fut surprise de voir à quel point elle était
déjà haute. Si elle voulait avoir fini ses préparatifs avant le lever du jour, elle devait se dépêcher.
Elle courut vers l'endroit o˘ elle avait empilé du bois, trébucha sur une racine qu'elle n'avait pas vue, et tomba de tout son long sur le sol. C'est le moment d'être prudente, se dit-elle en frottant son menton douloureux.
Les paumes de ses mains et ses genoux la br˚laient et un filet de sang coulait le long de sa jambe droite.
Et si je m'étais cassé la jambe ? se demanda-t-elle, soudain paniquée.
qu'est-ce que je fais ici en pleine nuit ? Sans feu pour me protéger au cas o˘ un animal m'attaquerait ? Se souvenant soudain d'un lynx qui, une fois, l'avait attaquée, elle crut voir deux yeux briller sous le couvert des arbres. Elle toucha la fronde qu'elle portait attachée à sa ceinture et ce contact la rassura un peu. De toute façon, je suis déjà morte, se dit-elle.
Ce qui doit arriver arrivera. Si je commence à m'inquiéter, je ne serai jamais prête quand le soleil se lèvera.
Elle s'approcha du bois qu'elle avait empilé au bord de la rivière et commença à le transporter aux abords de la fosse. Elle savait que si elle se précipitait sans crier gare sur les chevaux, ceux-ci s'éparpilleraient dans la nature. Elle savait aussi qu'il n'existait dans la vallée aucun endroit sans issue o˘ elle puisse acculer un des chevaux, comme Broud avait fait avec le mammouth. Mais, à force de réfléchir, elle avait fini par avoir un éclair de génie - comme il lui était déjà arrivé d'en avoir lorsqu'elle faisait partie du Clan. Il n'y a pas ici de canyon sans issue, s'était-elle dit, mais je peux peut-être en créer un.
A ses yeux, c'était une trouvaille sans grande valeur. Elle avait simplement l'impression d'adapter une des techniques de chasse du Clan à
ses propres besoins. En réalité, c'était une invention majeure car elle allait permettre à une femme seule de tuer un animal qu'aucun homme du Clan n'aurait jamais osé chasser sans l'aide de ses congénères.
Avec les troncs et les branches ramassés la veille, Ayla construisit deux palissades qui, par rapport à deux des côtés de la fosse, formaient une sorte d'entonnoir. Elle en boucha tous les trous pour qu'il n'y ait aucune brèche et les suréleva légèrement
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