Le clan de l'ours des cavernes
pour pouvoir m'en servir. Je vais simplement emporter ma fronde et faire un tour. Cela me fera du bien.
Elle choisit quelques cailloux arrondis parmi ceux qu'elle avait entreposés dans la caverne au cas o˘ les hyènes s'aventureraient à nouveau jusque-là, les fourra dans les replis de son vêtement et ajouta un peu de bois sur le feu.
Lorsqu'elle s'engagea dans la montée escarpée qui reliait la caverne et les steppes, Whinney voulut la suivre et hennit derrière elle.
- Ne t'inquiète pas, Whinney. Je ne serai pas absente longtemps. Tu ne risques rien.
En arrivant en haut, Ayla dut resserrer les cordons de son capuchon car le vent soufflait si fort qu'il faillit arracher la fourrure de glouton qui lui couvrait la tête. Elle s'arrêta un instant pour regarder autour d'elle.
Aussi arides et desséchées soient-elles en été, les steppes semblaient alors pleines de vie si on les comparait à l'aspect désolé qu'elles présentaient en hiver. Le vent soufflait en rafales, émettant une mélopée funèbre aux accents discordants. Sa plainte déchirante s'enflait jusqu'au cri perçant, puis diminuait jusqu ,a n'être plus qu'un gémissement étouffé. Il balayait sans rel‚che la terre brun gris‚tre et allait chercher les cristaux de neige qui se trouvaient au fond des creux, projetant à
nouveau dans l'air ces flocons glacés.
La neige balayée par le vent avait la consistance des grains de sable et sous sa morsure, Ayla eut bientôt le visage en feu. Elle rapprocha le plus possible les pans de son capuchon, baissa la tête et continua à avancer face au vent qui venait du nord-est. L'herbe gelée crissait sous ses pas.
Chaque fois qu'une nouvelle rafale de vent chargée de neige l'atteignait, ses narines se pinçaient et sa gorge lui faisait mal. Sa respiration était devenue sifflante et elle se mit à tousser.
Mais qu'est-ce que je fais là ? se demanda-t-elle. Jamais je n'aurais pensé
qu'il fasse aussi froid. Je ferais mieux de rentrer.
Elle allait faire demi-tour quand, soudain, elle s'immobilisa en dépit du froid intense. De l'autre côté du ravin, un petit groupe de mammouths laineux avançait à pas pesants, énormes tertres ambulants à la fourrure brun-roux et aux longues défenses incurvées. Ils vivaient dans cette morne région en se nourrissant exclusivement d'herbe gelée sur pied. En s'adaptant à cet environnement, ils avaient perdu toute capacité d'évoluer dans un milieu différent. Leurs jours étaient comptés et ils s'éteindraient dès qu'il n'y aurait plus de glaciers.
Ayla attendit que les formes indistinctes aient disparu de sa vue, happées par la neige tourbillonnante, pour se remettre en route. Elle ne traîna pas en chemin et poussa un soupir de soulagement lorsque, après avoir franchi la crête, elle se retrouva à nouveau à l'abri du vent. Elle se sentait aussi heureuse que le jour o˘ elle avait découvert pour la première fois son sanctuaire. que serais-je devenue si je n'avais pas trouvé cette vallée ? se dit-elle. quand elle atteignit la corniche, qui se trouvait en face de la caverne, elle étreignit Whinney, puis s'avança tout au bout du piton rocheux pour regarder la vallée. La couche de neige était légèrement plus épaisse que dans les steppes et, là o˘ le vent avait soufflé, il y avait même quelques congères.
Debout sur la corniche, Ayla entendit le hurlement d'un loup. Baissant les yeux, elle aperçut un renard polaire qui était en train de traverser le cours d'eau gelée. Sa fourrure blanche se confondait si bien avec la neige que, lorsqu'il s'immobilisa sur l'autre rive, elle le perdit pratiquement de vue. Elle nota alors un mouvement en bas de la vallée et reconnut la silhouette d'un lion des cavernes. Son pelage épais et fourni était si clair qu'il semblait presque blanc. Tous ces prédateurs quadrupèdes s'adaptaient à l'environnement de leur proie. A l'inverse, Ayla et ses semblables faisaient en sorte que l'environnement s'adapte à eux.
La jeune femme allait partir quand elle entendit un ricanement audessus d'elle. Levant la tête, elle aperçut alors une hyène qui se penchait pardessus le bord de la corniche. Elle saisit aussitôt sa fronde. Mais, avant qu'elle ait pu s'en servir, la hyène s'éloigna de son pas traînant et disparut en direction des steppes. Whinney s'approcha d'Ayla en hennissant doucement et la poussa de la tête. Prenant la jeune pouliche par l'encolure, Ayla se dirigea vers la caverne.
Allongée
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