Le clan de l'ours des cavernes
sous sa fourrure, Ayla regardait la vo˚te de la caverne en se demandant ce qui avait bien pu la réveiller. Elle tourna la tête pour regarder Whinney : la pouliche avait, elle aussi, les yeux ouverts mais on n'y lisait aucune inquiétude. Pourtant, il y avait quelque chose de changé.
Ayla se blottit frileusement sous ses fourrures et, profitant de la lumière qui entrait par le trou placé au-dessus de l'entrée, elle jeta un coup d'oeil à ses claies auxquelles étaient maintenant suspendues, à côté des herbes et des racines, des petites saucisses blanches qu'elle avait fabriquées en remplissant les intestins de la jument avec la graisse de l'animal, puis en pinçant et en faisant tourner la membrane à intervalles réguliers.
En voyant les saucisses, elle se mit à penser à son petit déjeuner. Un bouillon de viande séchée, un peu de graisse, quelques plantes pour assaisonner, une poignée de céréales et des raisins secs. Elle était trop réveillée pour rester plus longtemps au lit et repoussa les couvertures.
S'enveloppant dans la fourrure de lynx qui gardait encore la chaleur de son corps, elle courut vers l'entrée de la caverne, écarta le brise-vent et s'arrêta, médusée.
Les contours escarpés de la corniche étaient recouverts d'une épaisse couche de neige tombée durant la nuit, qui brillait uniformément au soleil et reflétait le ciel d'un bleu transparent o˘ subsistaient encore quelques nuages floconneux. L'air était immobile, il n'y avait plus trace de vent.
Située à cheval entre les steppes continentales plus humides et les steppes sèches, arides et recouvertes de loess, la vallée subissait l'influence des deux types de climats. Le froid était donc sec par moments, humide à
d'autres. L'épaisse couche de neige tombée pendant la nuit rappelait à Ayla les conditions climatiques qui régnaient autour de la caverne du clan. Elle avait soudain l'impression de se retrouver chez elle.
- Whinney ! appela-t-elle. Viens voir ! Il a neigé ! De la vraie neige pour une fois.
Si Ayla s'était précipitée dehors un instant plus tôt, c'était avant tout pour satisfaire un besoin naturel, aussi se dépêcha-t-elle de gagner l'extrémité de la corniche. quand elle revint vers la caverne, elle aperçut la jeune pouliche qui avançait avec précaution une de ses pattes dans cette substance immatérielle. Baissant la tête, Whinney renifla la surface gelée, puis elle s'ébroua. En voyant Ayla, elle se mit à hennir plaintivement.
- Approche-toi, Whinney ! Tu ne risques rien.
C'était la première fois que la jeune pouliche voyait autant de neige.
quand, avançant un peu plus, elle sentit son sabot s'enfoncer dans l'épaisse couche, elle hennit à nouveau en direction d'Ayla comme si elle éprouvait le besoin d'être. rassurée. Celle-ci s'approcha et l'aida à
avancer sur la corniche enneigée jusqu'à ce qu'elle se sente plus à l'aise.
La curiosité naturelle de la jeune pouliche et son go˚t du jeu finirent par prendre le dessus et elle se mit à gambader joyeusement autour d'Ayla.
- Je vais faire chauffer une infusion et préparer à manger, dit-elle en sentant qu'elle commençait à avoir froid. Je n'ai presque plus d'eau. Il va falloir casser de la glace. (S'interrompant soudain, elle éclata de rire.) Je n'ai pas besoin de glace ! Il suffit que je remplisse un bol avec de la neige. que dirais-tu ce matin d'une bouillie chaude, Whinney ?
quand elles eurent fini de manger, Ayla s'habilla chaudement et quitta la caverne. L'air avait une douceur inhabituelle à cause de l'absence de vent.
Mais ce qu'elle appréciait surtout, c'était le plaisir de marcher dans la neige. Après avoir rempli de neige des bols et des paniers, elle plaça ceux-ci près du feu pour que leur contenu fonde.
C'était tellement plus facile que de casser de la glace qu'elle se dit qu'elle allait en utiliser une partie pour se laver. quand elle vivait encore au sein du Clan, elle se lavait régulièrement avec de la neige fondue. Dans la vallée, elle avait tellement de mal à se procurer la glace dont elle avait besoin simplement pour boire et cuisiner qu'elle avait d˚
renoncer à se laver. Mais le moment était venu de renouer avec cette saine habitude.
Elle ajouta du bois dans le feu en piochant dans les réserves qui se trouvaient à l'intérieur de la caverne, puis elle ressortit et se mit à
dégager la pile de bois de chauffe qui se trouvait près de l'entrée.
Si je pouvais empiler de
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