Le clan de l'ours des cavernes
du bateau sur le premier banc.
Jondalar s'absorbait toujours dans la contemplation de l'embarcation quand son regard fut attiré par un tronc d'arbre, poussé par le courant contre la proue. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Il regarda à nouveau pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Mais non. A l'avant de la proue, prise dans les branches de l'arbre, il y avait sa tunique d'été souillée de sang.
- Ne sois pas si gourmande, Whinney, conseilla Ayla en voyant que la jeune pouliche était en train de lécher les quelques gouttes d'eau qui restaient encore au fond du récipient en bois. Si tu bois tout, je vais être obligée de faire fondre à nouveau de la glace.
Whinney s'ébroua, secoua la tête et replongea son museau dans le récipient.
- Bon, puisque tu es vraiment assoiffée, il va falloir descendre chercher de la glace. Tu viens avec moi ?
Vivant seule avec la jeune pouliche, Ayla avait pris l'habitude de converser avec elle. Au début, elle avait surtout utilisé les gestes, les mimiques et les différentes postures qui composaient le langage du Clan.
Puis elle s'était rendue compte que Whinney était aussi très sensible aux sons qu'elle émettait et cela l'avait amenée à communiquer plus souvent de cette manière avec elle.
Contrairement aux membres du Clan, Ayla n'avait aucune difficulté à
utiliser toute une série de sons et d'inflexions. Son fils en était lui aussi capable et pour eux deux, c'était devenu un jeu d'imiter les syllabes dépourvues de sens qu'ils émettaient chacun à leur tour. Et, à force, certaines de ces syllabes avaient fini par acquérir une signification précise.
Depuis qu'Ayla conversait avec le jeune cheval, sa tendance à verbaliser s'était encore accrue. Elle imitait les sons émis par l'animal et inventait de nouveaux mots en combinant des sons dépourvus de sens qu'elle s'amusait à prononcer devant son fils. Comme il n'y avait plus personne pour lui reprocher d'émettre des sons inutiles, son vocabulaire oral était plus étendu qu'avant. Mais ce langage n'était compréhensible que pour elle - et dans une certaine mesure pour Whinney.
Après avoir enfilé ses jambières taillées dans la peau de la jument, elle mit son capuchon et enfila ses moufles. Passant les mains à travers la fente de ses moufles, elle attacha sa fronde à sa ceinture et plaça son panier sur son dos. Puis elle alla chercher l'os qu'elle utilisait pour casser la glace. Pour fabriquer ce pic à glace, elle avait utilisé un des fémurs de la jument : après en avoir retiré la moelle, elle l'avait taillé
en pointe et meulé contre une pierre.
- En route, Whinney, dit-elle en écartant la lourde peau d'aurochs qui, avant, lui servait de tente, et faisait maintenant office de brisevent à
l'entrée de la caverne, solidement attachée à des pieux enfoncés dans le sol.
La pouliche trottant derrière elle, elle emprunta le sentier qui menait à
la rivière. En arrivant près du cours d'eau, elle baissa un peu la tête pour se protéger du vent qui soufflait avec violence. Dès qu'elle eut trouvé un endroit o˘ la glace semblait moins épaisse, elle s'y attaqua avec son pic.
- Il est plus facile de ramasser de la neige que de casser la glace, Whinney, expliqua-t-elle à la jeune pouliche en plaçant les blocs de glace à l'intérieur de son panier.
Elle s'arrêta au pied de la falaise pour prendre quelques morceaux de bois flottés dans la pile qui se trouvait là et remonta vers la caverne.
- L'hiver est sec par ici, expliqua-t-elle à la pouliche. Plus froid aussi. La neige me manque, Whinney. Les petites chutes de neige que nous avons eues jusqu'ici ne me suffisent pas. Elles n'ont apporté que du froid.
Ayla plaça les blocs de glace dans un grand bol qu'elle posa à côté du feu.
Il fallait que la glace fonde légèrement avant qu'elle puisse la transvaser dans un récipient en peau pour la mettre à chauffer audessus du feu. Sans eau au fond, le récipient en peau risquait de br˚ler.
Puis elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et examina différents objets en cours de fabrication. Lequel allait-elle choisir aujourd'hui ? Aucun de ces travaux ne la tentait.
Et si j'allais chasser ? se dit-elle en apercevant les épieux qu'elle avait fabriqués récemment. Cela fait un bon bout de temps que je ne suis pas allée dans les steppes. Inutile de les emporter, ajouta-t-elle aussitôt en fronçant les sourcils. Jamais je ne pourrai m'approcher suffisamment d'un animal
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