Le clan de l'ours des cavernes
les yeux et essaya d'oublier la sensation de froid qui la pénétrait maintenant jusqu'aux os.
Elle sentit soudain quelque chose de chaud et d'humide sur son visage et entendit le hennissement d'un cheval. Comme elle ne bougeait toujours pas, la pouliche se mit à la pousser de la tête. Ouvrant les yeux, elle aperçut les deux grands yeux noirs du petit cheval. Levant les bras, elle entoura le cou de l'animal et cacha son visage dans ses longs poils.
- Tu veux que je me lève, n'est-ce pas, Whinney ? demanda-t-elle en l‚chant la pouliche.
Whinney leva la tête, puis la baissa comme si elle avait compris la question d'Ayla et y répondait par l'affirmative. Cela suffit pour que la jeune femme reprenne courage. C'est vrai qu'elle se sentait seule. Mais ce n'était pas une raison suffisante pour renoncer à la vie. Même lorsqu'elle vivait au sein du clan, entourée d'affection, elle était si différente des autres qu'elle avait appris très vite ce que c'était que la solitude. Et sa seule force avait été l'amour qu'elle prodiguait aux autres. A Iza, quand elle était tombée malade, à Creb, dans sa vieillesse, à son jeune fils. Le fait qu'ils aient besoin d'elle lui avait toujours fourni des raisons de continuer de vivre:
- Tu as raison, Whinney. Il vaut mieux que je me lève. Je ne peux pas te laisser seule. que deviendrais-tu sans moi ? Regarde comme je suis mouillée, ajouta-t-elle. Je vais mettre d'autres vêtements et te préparer une bouillie bien chaude. Cela te fera plaisir, n'est-ce pas ?
Ayla observait deux renards polaires en train de se montrer les dents et de se mordre. Ils se battaient pour une renarde et leur odeur de m‚les en rut était si forte qu'elle parvenait jusque sur la corniche o˘ la jeune femme se trouvait. Leur pelage était magnifique en hiver alors qu'en été il était d'un brun terne. Si je veux une fourrure blanche, c'est le moment ou jamais, se dit Ayla. Mais au lieu de prendre sa fronde, elle continua à les regarder. Le combat était terminé et le m‚le victorieux exigeait son d˚.
quand il grimpa sur la femelle, celle-ci lança un cri perçant.
Je me demande si elle aime ça, se dit Ayla. Moi, même quand cela a cessé de me faire mal, je n'ai jamais aimé ça. Les autres femmes m'ont dit qu'elles éprouvaient du plaisir. Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? Est-ce parce que je n'aimais pas Broud ? Peut-être est-ce différent quand on aime un homme. Cette renarde aime-t-elle le m‚le qui la monte ? Apprécie-t-elle ce qu'il est en train de lui faire ? En tout cas, elle n'essaie pas de lui échapper.
Ce n'était pas la première fois qu'Ayla se retenait de chasser pour pouvoir observer des renards ou d'autres carnivores. Elle avait passé des journées entières à observer les proies que son totem lui avait donné la permission de chasser, afin de connaître leurs coutumes et leurs habitats, et elle s'était rendu compte que c'était des animaux intéressants et attachants.
Les hommes du Clan chassaient presque exclusivement des herbivores, pour se nourrir, et ne tuaient des carnivores que pour se procurer des fourrures.
Ils les connaissaient donc beaucoup moins bien qu'Ayla.
En regardant les deux renards en train de s'accoupler, elle pensait à ce qui allait suivre. Elle savait que l'accouplement avait toujours lieu à la fin de l'hiver et que la renarde mettait bas au printemps quand son pelage tournait au brun. Je me demande si elle va s'installer tout près d'ici à
l'abri du tas d'ossements et de bois flotté ou si elle va creuser sa renardière ailleurs, songeait-elle. J'espère qu'elle leur fera manger de la viande qu'elle régurgitera pour eux. Ensuite elle leur apportera des proies mortes, des souris, des taupes, des oiseaux et, de temps à autre, des lapins. Dès qu'ils seront un peu plus grands, elle leur amènera des proies encore vivantes et leur apprendra à chasser. A l'automne, les renardeaux seront devenus adultes et, l'hiver prochain, les renardes se mettront à
nouveau à glapir quand un m‚le les approchera.
Pourquoi font-ils ça ? se demanda Ayla. qu'est-ce qui les pousse à
s'accoupler ? Je pense que ce m‚le met en train les petits renards. Si, pour avoir des petits, il suffisait que la femelle avale un esprit, comme Creb me l'a toujours dit, pourquoi ces renards s'accouplent-ils ainsi ?
Tout le monde croyait que je n'aurais jamais d'enfant, car l'esprit de mon totem était trop fort. Mais j'en ai eu un. Si Durc a été
Weitere Kostenlose Bücher