Le clan de l'ours des cavernes
Broud en écartant du coude le vieil homme.
Zoug recula, foudroyant du regard l'arrogant jeune homme. Chacun, médusé, se figea. Brun était furieux de l'insolence de Broud envers le meilleur tireur à la fronde du clan. C'était la raison pour laquelle il avait confié
au vieil homme le soin d'initier Vorn à cette discipline. Le jeune garçon devait recevoir le meilleur enseignement, et Broud savait que la fronde n'était pas son arme favorite. Broud devait apprendre qu'un bon chef utilisait au mieux le talent de chaque homme. Zoug était non seulement le plus apte à former Vorn mais encore avait-il le temps de le faire pendant que les autres chasseurs étaient en expédition. Broud commence à se montrer un peu trop prétentieux et arrogant sous prétexte qu'un jour il sera chef, se dit-il.
Broud prit la fronde des mains de l'enfant, ramassa un caillou, le plaça au creux du cuir, et tira aussitôt. Il visa trop court et le caillou tomba bien avant d'avoir atteint la cible. A la fois furieux et vexé d'avoir manqué son coup, Broud prit une autre pierre et la lança précipitamment pour bien montrer toute sa dextérité au maniement de la fronde. Il sentait tous les regards braqués sur lui. La fronde était plus courte que celle à
laquelle il était habitué ; la pierre partit beaucoup trop à gauche et atterrit aussi loin du but que la première fois.
- As-tu toujours l'intention de faire une démonstration à Vorn ou bien préfères-tu prendre toi-même quelques leçons à sa place, Broud ? lui demanda ironiquement Zoug. Je peux rapprocher la cible, si tu veux.
Broud s'efforça de garder son sang-froid, furieux de se voir tourné en ridicule et d'avoir encore raté son objectif. Il lança une autre pierre, mais cette fois-ci l'envoya trop loin.
- Si tu veux bien attendre que j'en aie terminé avec Vorn, je me ferai un plaisir de te donner une leçon à toi aussi, insista Zoug, sarcastique. Tu en aurais besoin à ce que je vois.
- Comment Vorn peut-il apprendre à tirer avec cette fronde pourrie ? lança Broud en jetant l'arme par terre d'un air dégo˚té. Personne ne pourrait tirer convenablement avec ça. Vorn, je vais te fabriquer une nouvelle fronde. Tu n'apprendras jamais rien avec une vieillerie pareille appartenant à un vieillard qui n'est même plus capable de chasser !
Alors Zoug se mit réellement en colère. Il avait été longtemps second avant de céder la place au fils de sa compagne et il se sentait profondément blessé dans son orgueil par la remarque insolente de Broud. Par ailleurs, tout chasseur souffrait dans sa fierté de ne plus avoir la force d'accompagner les jeunes hommes aux grandes chasses dans les steppes. Enfin Zoug, qui avait à coeur d'être utile au clan, s'était durement entraîné au tir à la fronde pour devenir le fin tireur qu'il était et un honnête pourvoyeur de petit gibier.
- Mieux vaut être un vieillard qu'un gamin qui se prend pour un homme, répliqua Zoug.
L'affront infligé à sa virilité était plus que Broud n'en pouvait supporter. Hors de lui, incapable de se contrôler davantage, il bouscula violemment le vieil homme. Surpris, Zoug perdit l'équilibre et tomba lourdement à la renverse, regardant autour de lui d'un air stupéfait. Ce geste était bien la dernière chose à laquelle il se serait attendu.
Dans le clan, les chasseurs ne s'agressaient jamais physiquement ; ce traitement était réservé aux femmes, incapables de comprendre des remontrances exprimées de manière plus subtile. L'énergie bouillonnante des jeunes gens se dépensait lors de tournois de lutte, de concours de lancer de l'épieu ou encore dans les compétitions de tir à la fronde et aux bolas à l'occasion desquels ils en profitaient pour perfectionner leur adresse à
la chasse. Broud, presque aussi surpris que Zoug par sa propre audace et mesurant la gravité de son geste, se détourna, rouge de honte.
- Broud !
Tel un grondement rauque, le nom sortit de la bouche de Brun. Broud leva la tête craintivement. Jamais de sa vie il n'avait vu Brun dans une telle colère. Le chef s'approcha de lui d'un pas lourd et décidé et, en quelques gestes rapides et précis, se mit en devoir de le tancer vertement.
- Cette manifestation de mauvaise humeur on ne peut plus puérile est impardonnable ! Si tu ne te trouvais déjà au dernier rang des chasseurs, je t'y aurais relégué sur-le-champ. qui t'a demandé de te mêler de la leçon de Vorn ? T'ai-je chargé de son
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