Le clan de l'ours des cavernes
les esprits pour servir de seconde mère à cette enfant née un peu tardivement. Mais, outre son ‚ge, sa mauvaise santé épuisait Iza, qui pourtant jamais ne parlait de cette douleur qu'elle ressentait dans la poitrine ni du sang qu'elle crachait après avoir toussé. Elle savait que Creb avait deviné qu'elle était beaucoup plus mal qu'elle ne voulait l'admettre. Comme il vieillit, lui aussi, songea-t-elle en observant le vieux sorcier. La chevelure hirsute du vieil homme était parsemée de fils argentés. L'arthrite, jointe à son infirmité, lui rendait tout déplacement horriblement douloureux. Ses dents usées commençaient à le faire souffrir. Mais Creb, depuis longtemps habitué à la douleur et à la souffrance, s'inquiétait pour Iza. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer combien elle avait maigri, les traits tirés et les yeux profondément enfoncés dans les orbites, les bras décharnés et les cheveux grisonnants.
Mais c'était sa toux qui le tourmentait le plus. Le vieil homme souhaitait ardemment lui aussi le retour du printemps et de ses douces journées ensoleillées.
L'hiver libéra enfin la terre de son étreinte glacée et le printemps déversa sur elle des pluies torrentielles. La fonte des neiges dans les montagnes environnantes grossit la rivière et transforma les abords de la cabane en un vaste bourbier. Seules les pierres plates qui en pavaient l'entrée protégeaient la grotte des infiltrations d'eau.
Mais toute la boue du monde n'aurait pu retenir le clan à l'intérieur de la caverne. Après leur longue réclusion, tous se précipitèrent dehors pour saluer les premiers rayons du soleil et la douce brise marine. Ils n'attendirent pas que la neige e˚t complètement fondu pour se dégourdir les jambes en pataugeant dans une mélasse glacée qui transperçait leurs chausses malgré la double couche de graisse qui les enduisait. Iza était plus occupée à soigner des rhumes en ces premiers jours de printemps qu'elle ne l'avait été de tout l'hiver.
Le paisible hiver nonchalant, consacré aux récits de légendes, aux bavardages, à la fabrication des outils et des armes, ainsi qu'à toutes sortes d'activités propres à passer le temps, faisait enfin place à
l'agitation affairée du printemps. Les femmes partaient à la recherche des jeunes pousses et des tendres bourgeons, tandis que les hommes s'entraînaient pour la première grande chasse de la saison.
Uba s'accommodait parfaitement de sa nouvelle alimentation et ne tétait que de temps à autre, par habitude ou pour le plaisir de retrouver la chaleur et la sécurité du sein maternel. Bien que faible encore, Iza toussait moins. Cependant, elle ne s'éloignait guère de la caverne quand elle partait en quête de plantes. quant à Creb, il reprit ses lentes promenades le long de la rivière, seul ou en compagnie d'Ayla, ravie par le renouveau de la nature.
Depuis qu'lza se déplaçait moins, Ayla découvrait le plaisir des longues promenades solitaires o˘ elle se sentait pour la première fois libérée des regards inquisiteurs du clan. Iza s'inquiétait de la savoir seule dans les bois, mais les autres femmes avaient pour t‚che de ramasser de quoi manger, et les plantes médicinales ne poussaient pas toujours aux mêmes endroits que les espèces comestibles. De temps à autre Iza accompagnait la fillette, dans le but, surtout, de parfaire son apprentissage de la flore. Bien qu'Ayla port‚t Uba, ces sorties n'en fatiguaient pas moins la guérisseuse, qui finit par laisser à Ayla le soin de veiller à l'approvisionnement en plantes médicinales.
La fillette se joignait fréquemment aux autre femmes quand elles partaient en cueillette, mais, dès qu'elle en avait l'occasion, elle s'empressait d'exécuter au plus vite les t‚ches qui lui incombaient pour filer ensuite seule, dans les bois, d'o˘ elle rapportait non seulement des végétaux qu'elle connaissait mais également d'autres qui lui étaient étrangers.
Brun ne fit à cela aucune objection directe ; il fallait bien que quelqu'un se charge d'apporter à Iza ce dont elle avait besoin pour préparer ses remèdes. Par ailleurs la maladie d'lza ne lui avait pas échappé. Mais l'empressement d'Ayla à s'éloigner seule ne lui plaisait aucunement.
Ce n'était pas dans les habitudes des femmes du clan. Ayla ne manquait jamais à ses devoirs domestiques, se tenait toujours correctement, et Brun n'avait aucun reproche à lui faire. Il sentait seulement confusément
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