Le Code d'Esther
Condamné à la prison à perpétuité, il est libéré en 1955 et meurt cinq ans plus tard, en 1960.
Baldur von Schirach est le plus jeune de tous les accusés : il n’a que 38 ans au moment où s’ouvre le procès. Chef des Jeunesses hitlériennes de 1931 à 1940, il joue un rôle important dans l’embrigadement de la population par le parti. Même s’il n’en est pas l’auteur, c’est lui qui a popularisé la célèbre phrase : « Quand j’entends le mot “culture”, je sors mon revolver ! » En 1940, il participe directement à l’arrestation et à la déportation de Juifs autrichiens mais tombe en disgrâce en 1943 après avoir protesté contre l’extermination systématique des Juifs de l’Est. Il se rend en mai 1945 aux Américains, ne supportant pas de rester caché dans un village du Tyrol alors que ses subordonnés se font arrêter. Il écopera de vingt ans de prison.
Avec Fritz Sauckel, on entre dans le registre de la terreur. Petit, chauve, une misérable moustache soulignant des lèvres minces, il a fait trembler d’effroi l’Europe entière. Il adhère dès 1923 au parti nazi, et le petit ouvrier d’usine, ancien marin sur les navires de commerce, devient chef du gouvernement de Thuringe en 1932. Dix ans plus tard, en 1942, il est nommé ministre plénipotentiaire pour l’Emploi de la main-d’œuvre. À ce titre, il sera responsable de la déportation de centaines de milliers de travailleurs des pays occupés vers l’Allemagne. Il est condamné à mort par pendaison.
Voici Alfred Jodl, impeccable dans son uniforme de général en chef du Bureau des opérations du commandement suprême de la Wehrmacht. Il supervise personnellement la préparation de la campagne contre l’Union soviétique, l’opération Barbarossa . En 1941, il donne l’ordre aux Einsatzgruppen de rendre « inoffensifs » les commissaires soviétiques et les chefs bolcheviques. Sa directive fera des milliers de morts. Il est condamné à mort par pendaison.
À ses côtés, le baron Franz von Papen, jambes croisées et regard hautain. C’est l’homme de l’ombre, celui qui permit à Hitler de nouer des contacts avec les plus hautes instances en Allemagne mais aussi à l’étranger. Il est en particulier l’artisan du Concordat signé, en juillet 1933, entre le Führer et le cardinal Eugenio Pacelli, le futur Pie XII. Ambassadeur à Vienne de 1934 à 1938, il passa la guerre à Ankara à la tête de l’ambassade du Reich de 1939 à 1944. Il fut acquitté à Nuremberg mais condamné ensuite, par un autre tribunal allemand, aux travaux forcés. Libéré en 1949, il meurt vingt ans plus tard.
Vient ensuite Arthur Seyss-Inquart, auquel des lunettes à monture d’écaille et des cheveux en bataille donnent des allures d’intellectuel. Avocat à Vienne en 1921, il entre au parti et gravit rapidement tous les échelons avant de devenir gouverneur de l’Autriche en mars 1938. Ministre du gouvernement nazi en mai 1939, il est à la tête de la région de Cracovie au moment du choix de l’emplacement du futur camp d’Auschwitz. Nommé commissaire du Reich pour les Pays-Bas en 1940, il porte la responsabilité des crimes et déportations qui eurent lieu jusqu’à la fin de la guerre. Il est condamné à mort par pendaison.
Il y a encore Albert Speer, l’artiste, l’architecte qui traduisit en plans et en pierres les rêves mégalomaniaques du Führer. En dehors de la « folie Nuremberg », on lui doit la nouvelle chancellerie du Reich en 1939. Intime de Hitler, il devient son ministre de l’Armement en 1942. Vers la fin de la guerre, il prend conscience du désastre engendré par la personnalité de celui-ci et envisage un attentat contre lui au moyen de gaz toxiques répandus dans son bunker. Grâce à cet attentat manqué, il sauvera sa tête. Mais pour avoir conspiré en vue de réduire en esclavage des millions de personnes dans les usines d’armement, il est condamné à vingt ans de prison. Il mourra en 1981.
Au bout de la rangée, Konstantin von Neurath, un aristocrate perdu dans la folie du nazisme. Il occupe plusieurs postes d’ambassadeur avant de devenir ministre des Affaires étrangères puis protecteur de Bohême-Moravie. En 1941, jugé peu efficace, il est destitué et remplacé par Heydrich. Les juges estimeront que l’homme s’était égaré dans l’aventure nazie et le condamneront à quinze ans de prison. Libéré en 1954, il mourra deux ans plus tard.
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