Le Code d'Esther
mise en place de la « Solution finale », il est condamné à mort par pendaison.
Vient ensuite le théoricien du nazisme, Alfred Rosenberg, l’idéologue de la bande. Adepte des théories racistes, il publie en 1930 son Mythe du xx e siècle , dans lequel il développe son concept de la race en tant que facteur déterminant de la science, de l’art et de la culture. À l’initiative de la propagation du Protocole des Sages de Sion 2 , il est nommé en 1941 ministre des Territoires de l’Est, où il organise des massacres de masse. Il est condamné à mort par pendaison.
Protégé par ses lunettes noires, le « bourreau de la Pologne », le « boucher de Cracovie » : Hans Frank. À la tête du Gouvernement général de Pologne, il supervise les crimes contre les populations civiles et met en œuvre la politique des ghettos et d’extermination des Juifs. Il est condamné à mort par pendaison.
Il y a encore Wilhelm Frick, le nez plongé dans ses papiers. Il n’a pas cessé de prendre des notes tout au long du procès. On trouve ce nazi de la première heure à toutes les étapes de l’arrivée de Hitler au pouvoir. Ministre de l’Intérieur au début de la guerre, il devient en 1943 protecteur de Bohême-Moravie, où il s’illustre par la plus extrême des férocités. Il est condamné à mort par pendaison.
Il n’en reste plus que deux, au bout du banc. Fermant la rangée, Walther Funk, le financier, ministre de l’Économie du Reich et président de la Reichsbank. Il sera condamné à la prison à perpétuité et libéré en 1957. Il est mort en 1960. Et puis, à ses côtés, un certain Julius Streicher.
Trois photos s’étalent sur le bureau de ma chambre d’hôtel de Nuremberg. J’ai réussi à me les procurer sur Internet avant de quitter Paris, sitôt que Yohan m’eut enjoint d’enquêter sur lui. À eux trois, ces portraits constituent un raccourci saisissant de la vie de cet homme. Je viens de les punaiser sur le mur, au-dessus de l’ordinateur, afin de m’en imprégner, de les pénétrer et de tenter de percer le mystère qui entoure Julius Streicher. Mais n’allons pas trop vite et arrêtons-nous sur ces photos.
Le voici, flamboyant, dans son uniforme nazi, mains dans les poches, le bassin légèrement en avant, comme pour mieux affirmer sa puissance. Son bras gauche s’orne d’une croix gammée. Une lanière de cuir attachée à sa ceinture lui traverse le torse, comprimant sa chemise militaire. Il est chauve et arbore une petite moustache, adoptée par mimétisme ou par admiration envers le Führer, et qui accentue le rictus déformant ses lèvres. Mais ce sont les yeux qui fascinent : ils semblent défier l’objectif en concentrant dans l’iris toute la cruauté contenue sous le crâne. Un regard de tueur. C’est sans doute ainsi qu’il distillait la peur au temps de sa toute-puissance, lorsqu’il paradait dans les rues de Nuremberg, croisant sur son passage un petit garçon, Arno Hamburger, qui n’oubliera jamais l’effroi que cet homme lui inspirait.
La deuxième photo représente un vieil homme, le visage mangé par une barbe blanche, un chapeau sur la tête, se gardant bien de fixer l’objectif de l’appareil. Il préfère diriger son regard sur la gauche du photographe, comme s’il ne voulait pas que l’on découvre le secret que recèlent ses yeux. C’est ainsi qu’il a été arrêté, le 23 mai 1945, par le major Henry Blitt, de l’armée américaine. Celui-ci circulait dans son 4 x 4 en direction de Berchtesgaden lorsqu’il décida de s’arrêter quelques minutes dans une ferme, afin d’assouvir une envie de gamin : boire un grand verre de lait frais. Au beau milieu de la cour, un homme en vareuse d’artiste peintre cherche l’inspiration devant une toile représentant les Alpes autrichiennes. Mû par une intuition qu’il ne s’est jamais expliquée, Blitt, qui est juif, décide de lui parler en yiddish. Surprise : le vieil homme le comprend et lui répond dans la langue choisie par le militaire américain. La conversation s’engage, lorsque tout à coup, pour plaisanter, Blitt lui dit : « Vous savez que vous ressemblez à Julius Streicher ? » À ces mots, le vieil homme prend peur, laisse tomber son attirail d’artiste peintre et lui répond : « Comment m’avez-vous reconnu ? » C’est ainsi que l’un des nazis les plus redoutés de Bavière a été arrêté.
La troisième photo a
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