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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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personne, qui n’a jamais donné l’ordre de tuer quiconque mais qui a encouragé par ses écrits cette folie meurtrière contre les Juifs qui s’est abattue sur l’Allemagne. Tous les juristes que j’ai interrogés sont formels : cet homme serait aujourd’hui poursuivi pour incitation à la haine raciale et encourrait plusieurs années de prison. Pas la mort. Or, Julius Streicher a été condamné à la pendaison à l’unanimité des juges, sans qu’aucune discussion ne s’engage sur son cas. Comprenons-nous bien : il n’est pas question de réhabiliter cet individu qui s’apparente plus à un détritus de l’histoire qu’à un représentant de l’espèce humaine ! Il s’agit simplement de tenter de comprendre sa destinée, d’examiner tous les mécanismes qui vont le conduire à son exécution, à l’occasion de laquelle une énorme surprise, tel un coup de tonnerre, nous attend.
     
     
    16 octobre 1946. L’aile de la prison de Nuremberg abritant les accusés est éclairée a giorno . Les coups de marteau et le bruit de la scie se sont tus depuis quarante-huit heures. Chacun des condamnés à mort est, à présent, seul avec sa conscience, attendant qu’on vienne le chercher. Dans sa cellule n o  25, Streicher n’espère plus rien. Il a même refusé de faire appel de sa condamnation à mort sitôt le verdict prononcé : c’est son avocat qui en a pris l’initiative. En vain. Cela fait onze mois qu’il évolue dans un espace d’environ 10 m 2 où l’on a avancé la cuvette des toilettes afin que le détenu n’échappe pas une seule seconde à la vue des gardes américains. Depuis minuit, il entend régulièrement des pas dans le couloir et des portes qui claquent, brisant le silence de la nuit. Il sait ce que cela veut dire. Il a même peut-être compté le nombre de ses camarades de détention qui sont déjà partis à la potence. Mais il ne connaît pas l’ordre prévu par les juges, il ne sait pas à quel moment on va venir le chercher à son tour. Enfin, à 2 heures du matin, deux membres de la police militaire se présentent à sa porte. Manchettes blanches aux poignets, casques aux reflets d’argent, ils sont là pour le faire sortir de sa cellule et le conduire de l’autre côté de la cour de la prison, au gymnase, que l’on a transformé en salle d’exécution. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu : Streicher pleure, crie comme une vieille femme et supplie qu’on le laisse en vie. Il a refusé de s’habiller et ne veut pas non plus marcher. Les deux militaires américains se regardent brièvement et décident d’un même mouvement de le prendre par les aisselles. Il est en tricot de corps et caleçon long. Il va se laisser traîner sur toute la longueur du couloir par deux colosses qui serrent les dents et donnent du muscle. Une trentaine de mètres les séparent de la porte débouchant sur la cour. Ils y sont enfin. Le froid vif de cette fin octobre les saisit. Streicher lance des cris déchirants et refuse toujours de marcher. Tous les projecteurs de la prison sont concentrés sur cette portion pavée d’une cinquantaine de mètres menant au gymnase. Enfin, à l’entrée de la salle, Streicher se redresse. Il est 2 h 12.
    Il renifle à présent ce parfum mêlé de whisky, de cigarettes blondes et de sciure qui flotte dans l’air. À l’autre bout du gymnase, dans l’ombre, quatre généraux américains, huit journalistes sélectionnés et le D r  Hoegner, ministre-président de Bavière, qui représente le peuple allemand. Sur le côté, deux médecins chargés de constater la mort. Devant lui, trois échafaudages peints en noir comportant treize marches menant aux plates-formes surmontées chacune d’une potence. Au pied de celles-ci, le bourreau, le sergent-chef John C. Woods, de San Antonio (Texas), et ses deux assistants. Ces derniers s’avancent déjà vers Streicher. On lui lie les mains derrière le dos avec un épais lacet noir et on le pousse vers les marches de la potence n o  1, celle qui se trouve le plus à gauche en entrant dans la salle. Un arrêt pendant lequel Streicher en profite pour crier Heil Hitler! , puis un colonel américain s’adresse à un interprète pour qu’il demande au prévenu de dire son nom.
    « Vous connaissez parfaitement mon nom, répond Streicher.
    — Votre nom ! répète l’interprète.
    — Julius Streicher », consent-il à lâcher doucement.
    Ce qui se passe ensuite

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