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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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même entrée dans le Guinness des records avec un vol Tel-Aviv-Johannesburg qui obligeait les pilotes à effectuer vingt-cinq changements de cap pour éviter de pénétrer dans les espaces aériens de la Syrie ou de l’Irak. Avec sa durée de seize heures et une rallonge de 3 200 kilomètres par rapport à la route normale, ce trajet était considéré comme le plus aberrant de toute l’histoire de l’aéronautique.
    On distingue déjà les lumières de Tel-Aviv. Dans quelques minutes, l’avion va se poser sur la piste de l’aéroport Ben Gourion. Déjà, dans la cabine, des prières d’action de grâces s’élèvent qui forcent Yohan à ouvrir les yeux.
    « Et maintenant, me lance-t-il avec un sourire complice, à nous de jouer ! »
     
     
    L’aéroport s’est considérablement modernisé depuis mon dernier voyage en Israël : structures, lumières, écrans plasma d’indications horaires, tout va désormais beaucoup plus vite, avec un vrai sens de l’efficacité. Ce qui n’a pas changé, en revanche, ce sont ces quelques voyageurs qui, sitôt débarqués, baisent le sol de la Terre promise. Sans doute un premier voyage, la concrétisation d’un vœu ou une réelle émotion : si nous l’avions oublié, ces démonstrations de foi viennent nous rappeler que nous avons atterri dans un pays très singulier.
    « Combien de temps comptez-vous rester en Israël ? »
    L’officier de police examine mon passeport constellé de visas. Il doit avoir une quarantaine d’années, il est brun, impeccable dans sa chemise blanche galonnée.
    « Une semaine… Dix jours tout au plus.
    — Tourisme ? »
    Il me pose la question en relevant son visage. Ses yeux sont verts, transparents. Et perçants. On ne voit que ça en lui. Je devrais répondre « oui » et l’affaire serait réglée. Par bravade ou inconscience, je lui lance :
    « Tourisme oui… Mais avec quelques questions à l’esprit. »
    Est-ce mon angoisse inhérente à ce voyage ? Ou alors le ton de ma voix empreint de préoccupation et de sincérité ? Un large sourire envahit alors son visage, et pendant qu’il tamponne mon passeport il me lance :
    « Ne vous en faites pas… Vous repartirez avec des réponses ! Welcome to Israel! »
    Le jour est à peine levé lorsque Yohan frappe à ma porte pour me réveiller. Il m’annonce d’emblée qu’il a une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c’est que le Pr Neugroschel, notre sésame pour le décryptage de la Meguila , ne peut pas nous recevoir avant demain soir. La bonne, c’est que Jérusalem fête aujourd’hui Pourim et que nous partons dans moins d’un quart d’heure écouter la lecture du Livre d’Esther au mur des Lamentations, au « Kotel », comme il dit.
    Je n’ai pas vraiment le temps de m’appesantir sur le contretemps. Il faut vite prendre une douche, m’habiller et courir le ventre creux vers la Vieille Ville. Yohan a déjà repéré un raccourci : une galerie marchande, hymne à la société de consommation, construite avec de vraies pierres blanches de la Ville sainte que l’on a numérotées pour mieux les démonter et les assembler, et qui débouche sur la citadelle de David.
    À cette heure, les ruelles sont désertes. Les magasins du souk sont encore fermés, et nos pas résonnent sur les dalles glissantes qui descendent vers le mur. Seuls quelques petits vendeurs de pain ont pris place aux endroits stratégiques et donnent de la voix pour encourager les rares passants à goûter leurs galettes chaudes à peine sorties du four. Les voûtes sont noires, crasseuses, encombrées de fils électriques et « truffées de caméras et de micros, me glisse Yohan, pour mieux surveiller les alentours du Kotel ». À chaque croisement, des hommes se pressent, le livre de prières à la main, souvent accompagnés d’enfants encore tout ensommeillés. Nous sommes bientôt une vingtaine à nous présenter devant le portillon de sécurité que gardent deux policiers avant de déboucher sur l’esplanade.
    Et, brusquement, à l’étroitesse et à l’obscurité des ruelles succèdent l’espace et la lumière aveuglante du parvis, une immense dalle pavée de pierre claire qui conduit à l’unique vestige du deuxième Temple, considéré par les Juifs comme l’endroit le plus saint du judaïsme. Le soleil n’a pas encore touché la muraille blanche trouée çà et là par quelques herbes folles qui ont réussi à se frayer un passage dans

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