Le Code d'Esther

d’Aman !
    — Et vous avez une explication ?
    — Oui… Mais laissez-moi auparavant vous exposer le deuxième mystère du Livre d’Esther…
    — Vous voulez parler des fameuses lettres ?
    — Tout à fait ! Une remarque préliminaire : dans tous les textes de la Torah, il existe quantité de mots écrits comportant une lettre plus petite ou plus grande que les autres. C’est quelque chose de très commun !
    — Et ces différences de taille entre les lettres ont un sens…
    — Elles ont toutes un sens ! Soit il s’agit d’une indication d’ordre liturgique, soit elles font référence à un commentaire explicatif délivré par l’un de nos érudits au fil des siècles.
    — Et dans le Livre d’Esther ?
    — Rien ! Pas une seule explication logique, pas un commentaire judicieux, pas l’ombre d’une indication… Le brouillard le plus total ! Et, là encore, cela fait deux mille ans que cela dure – ou durait , mais nous verrons cela plus tard… À vrai dire, il n’y en a qu’un qui ait risqué une explication globale, l’un de nos plus maîtres les plus respectés : le Gaon de Vilna, qui a vécu au xviii e  siècle. Il a l’intuition que toutes ces anomalies de lettres dans la Meguila ont un lien avec les guerres que nous imposent nos ennemis.
    — Quelles sont ces lettres ?
    — Attendez… Je ne veux pas faire durer le suspense, mais je dois vous préciser le cadre dans lequel s’inscrivent ces anomalies. Elles interviennent dans l’énoncé des prénoms de trois des dix enfants d’Aman. Et là, il se produit quelque chose de tout à fait remarquable dans la forme du texte.
    » Je m’explique : avant ce passage, le rouleau se compose de dialogues et de paragraphes compacts racontant l’histoire d’Esther. La forme relève du plus pur classicisme. Or, lorsqu’il s’agit de nommer les enfants d’Aman, le texte prend une autre allure : il est composé en colonnes, comme si le scribe avait utilisé, au début, un traitement de texte normal avant d’introduire un nouveau logiciel, type Excel, pour écrire ce passage précis. Résultat : nous avons l’énoncé des dix enfants d’Aman, l’un au-dessus de l’autre, précédés, sur une autre colonne, d’un mot hébreu que l’on pourrait traduire par : “Et puis, il y a aussi…”
    — Et qu’est-ce que vous en déduisez ?
    — Que la forme a un lien avec le fond. C’est unique dans tous les livres qui composent la Torah ! On a voulu établir une correspondance entre la forme graphique et la façon dont les choses se sont passées. Pourquoi ? Il y a forcément une raison ! Rien, dans la Torah, n’est dit, écrit ou représenté sans qu’il y ait un sens que nous devons découvrir à la force de l’étude !
    — Et vous l’avez découvert ?
    — Oui… Mais à présent je vous invite à considérer les dix noms des enfants d’Aman. Pour un œil averti, quatre anomalies sont manifestes.
     
    » Prenez le troisième nom : “Parshandata”… La sixième lettre du nom, le tav , est plus petite que les autres…
    » Maintenant, examinez le septième nom : “Parmashtah”… Sa quatrième lettre, le shin , est écrite en petit caractère.
    » Enfin, le dernier nom de la liste : “Vaïzata”… La troisième lettre, le zayin , est plus petite que les autres alors que la première, le vav , est beaucoup plus grosse !
    — Et là encore, pas d’explication…
    — Aucune ! Comme pour le reste des anomalies du livre ! Et là, il faut reconnaître que la tâche est beaucoup plus ardue, car nous sommes en présence de noms babyloniens… Je veux dire que la structure de la langue ou ses racines peuvent nous servir à décrypter un nom commun… Pas un nom propre !
    — Écoutez… Cela fait près d’une heure que j’ai l’impression d’être sur un gril, attendant la délivrance. On va arrêter là la séance de torture. Vous avez réussi à percer ces mystères…
    — Pas moi ! Quelqu’un qui vit tout près de chez moi à Jérusalem. Un homme brillant, d’une prodigieuse culture, un historien. Il a trouvé la clé que tout le monde cherchait depuis deux mille ans.
    — Et quelle est cette clé ? »
    Un immense sourire illumine son visage.
    « Je m’attendais à cette question ! Mais je crains que Skype soit inapproprié pour dévoiler ce genre de mystère. Il va falloir venir nous voir en Terre promise. Vous ne le regretterez pas. Ce que vous y