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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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tiens pas du tout l’alcool ! Voilà un point sur lequel j’ai encore des progrès à accomplir ! »
    Et il éclate de rire.
    Nous devons traverser toute la ville pour rejoindre le quartier de Sanhédria, au nord de Jérusalem. Avi Bloch nous explique que les voitures n’y circulent pas pendant le Shabbat mais qu’on est loin de l’ultraorthodoxie de Méa Shéarim, le plus célèbre des quartiers religieux de la Ville sainte.
    « Vous vous êtes préparés à la rencontre ?
    — Que voulez-vous dire par là ?
    — Vous vous apprêtez à entreprendre un grand voyage dans le temps, nous répond-il d’un ton solennel. Vous risquez de ne pas en ressortir indemnes… Mais je vous invite à poser toutes les questions qui vous passeront par la tête. Profitez-en : vous aurez devant vous un homme d’une culture inouïe doté d’une rigueur intellectuelle impressionnante. Ce n’est pas par hasard qu’on l’appelle “le Professeur” ! Ne laissez pas passer cette chance ! »
    Il est tout juste 22 heures, mais la circulation reste très dense. La température est quasi estivale. Sur les trottoirs se presse une foule joyeuse ; les terrasses des cafés sont bondées. Tous semblent vouloir prolonger encore cette soirée de Pourim qui, comme chaque année, marque le début du printemps avant la célébration de Pâques. L’avertissement du Rav Bloch nous a plongés, Yohan et moi, dans un état de grande excitation et d’angoisse. Quels sont les secrets que l’homme que nous allons voir détient ? Que va-t-il nous apprendre ? Pourquoi risquons-nous de ne pas en sortir indemnes ?
    Déjà nous arrivons. Ici, les rues sont désertes et mal éclairées. Nous avons délaissé le centre de la ville, d’où nous parviennent encore, étouffés, des coups de klaxon et le vrombissement des moteurs. Nous croisons quelques personnes qui se hâtent de rentrer chez elles tandis que le Rav Bloch nous guide vers le porche d’un immeuble auquel mènent une série d’escaliers.
    « Nous sommes en avance de cinq minutes, nous prévient-il. Pas la peine de se dépêcher. Ici, on n’arrive pas chez les gens avant l’heure convenue. On risquerait de les gêner… »
    La construction est typique de Jérusalem, avec ses pierres blanches devenues grises avec le temps et ses panneaux solaires sur le toit que l’on devine au quatrième étage. Le quartier fut fondé en 1926 puis évacué en 1929 après le massacre d’Hébron, au cours duquel 67 Juifs furent assassinés par des civils et des policiers arabes. En 1948, à la création de l’État d’Israël, et malgré la frontière jordanienne qui passait à quelques dizaines de mètres, il fut réinvesti par des communautés religieuses.
    « Allez, on y va. Vous êtes prêts ? »
    Yohan et moi jetons un regard irrité au Rav Bloch. Son insistance ne fait qu’ajouter à notre tension. Je décide d’ignorer sa remarque : après tout, nous venons ici chercher des réponses à certaines questions que nous ne manquerons pas de poser. Pour le reste, je me cramponne à mon carnet de notes, prêt à le noircir de révélations.
    C’est sans doute sa femme qui est venue nous ouvrir. Belle, dans son caftan noir brodé d’or, les cheveux maintenus cachés par une coiffe de la même couleur qui part du front et descend vers la nuque. Elle nous fait passer dans ce qui semble être la pièce principale, meublée modestement, au centre de laquelle trône une lourde table de bois ciré. Surtout, ce qui attire l’œil en entrant, c’est la bibliothèque couvrant tous les murs, donnant l’impression au visiteur d’être enserré dans les livres. Elle nous demande de patienter quelques minutes. Son mari ne va pas tarder, et, si nous le souhaitons, elle se propose de nous servir quelques rafraîchissements en attendant.
    Enfin, le Pr Neugroschel apparaît. C’est ma première surprise de la soirée : j’imaginais un homme barbu à grand chapeau et veste noire, un clone de tous les Ravs que nous avons rencontrés jusqu’à présent. Or, nous voici serrant la main à un intellectuel d’une soixantaine d’années, les cheveux grisonnants, sans un poil sur les joues, des yeux bleus derrière de fines lunettes. Tel qu’il nous reçoit, il fait plus penser à un universitaire de Cambridge qu’à un rabbin de Jérusalem.
    Nous convenons rapidement d’utiliser l’anglais pour l’entretien, le Rav Bloch se tenant prêt à tout moment pour assurer une traduction du

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