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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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cap, pour toi, c’est cette fameuse pendaison de crémaillère où tu entends parler pour la première fois de la prophétie d’Esther qui le provoque ?
    — Absolument ! Je me suis dit : qu’est-ce que je vais faire de tout ce que j’ai appris auprès du Rav Bloch ? Et comme il n’y a pas de hasard, je crois que tu commences à le savoir, cette interrogation survient au moment où la téléréalité envahit tous les écrans et que mon métier perd de son intérêt. Je suis assez impulsif, tu t’en es aperçu [rires], et je décide sur un coup de tête de tout lâcher pour m’engager dans cette aventure. J’allais le payer très cher ! Et pourtant, la première personne à qui je raconte mon histoire se passionne pour ce projet. Elle décide d’engager des fonds pour me permettre de faire mon enquête, qui doit déboucher sur un documentaire de télévision. Génial ! Ça commence bien ! Je ne doute pas un seul instant que j’ai fait le bon choix.
    — Sauf que, si je me souviens bien de ta mise en garde avant que je ne décide de travailler avec toi, on ne joue pas impunément avec des sujets comme celui-là…
    — Justement : au fur et à mesure que j’avance dans l’enquête, les difficultés s’accumulent. Je te fais grâce des détails : ma petite structure qui fait faillite, des tonnes de dettes, pas d’Assedic, tes amis qui se détournent de toi – une véritable descente aux enfers ! Ceux qui ont vécu cette expérience savent de quoi je parle : économiquement, rien ne va plus, et socialement je suis devenu un pestiféré !
    » Et pourtant, cette période a été l’une des plus intenses de ma vie. Je me suis peu à peu détaché des biens matériels pour mieux me rapprocher du spirituel.
    — Ne me dis pas que tu es devenu ascète et que tu es parti vivre dans le dénuement le plus total, loin de toute contingence…
    — Non, je te rassure ! J’ai continué à me battre pour remonter la pente, et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme. Et j’ai fait une découverte : lorsque tu n’as plus rien à donner, ceux qui viennent vers toi le font pour ta personnalité, tes qualités, mais pas par intérêt. Ça change tout ! J’ai aussi appris à conjuguer le verbe “patienter” à tous les temps… ce qui m’a permis d’attendre ton irruption dans ce projet, dans ma vie.
    » Mais parlons un peu de toi, de notre rencontre… À l’époque, tu es ce que l’on appelle un “Juif de Kippour”…
    — Oui, autrement dit un Juif laïc, qui jeûne le jour du Grand Pardon et respecte les autres fêtes (Pourim, Roch Hachana, Pessa’h) parce qu’elles sont synonymes de réunion de famille autour de la figure maternelle. C’est ma mère le noyau central, le ciment de notre fratrie, c’est elle qui fait vivre la religion à travers ses plats et sa bonne humeur dans un judaïsme bon enfant, elle qui assure la transmission.
    » Juif, donc, doté d’une force tranquille acquise au contact de ma mère, mais victime parfois de vexations relevant plus de la bêtise que du véritable antisémitisme (“Ah, vous êtes juif ?… Vous n’en avez pas l’air…”, ou encore : “Vous allez bien prendre un pseudonyme en tant que journaliste… Vous y avez droit ! Parce que votre nom est un peu… lourd !”). Rien de très marquant, juste quelques petites pierres qui vont jalonner tout mon parcours, me rappelant à point nommé, au cas où je l’aurais oublié, que je suis juif. Jusqu’à ce jour où, au cours d’un dîner, cinq mille ans d’histoire m’ont rattrapé… Écoute ce qui s’est passé.
    » Ils étaient tous là autour de la table, psychanalystes, universitaires ou journalistes, à refaire le monde ainsi que le veut la tradition dans le milieu intellectuel. Soudain, après la blanquette de veau et en attendant le dessert, la discussion s’était focalisée sur les Juifs, sans animosité ni préjugés, autour d’une question : pourquoi y avait-il tant de Juifs dans les milieux médical et musical ? Je les entendais, un léger sourire aux lèvres, émettre des hypothèses farfelues, tenter une explication cohérente, esquisser un début de solution… Décidément, il fallait que je les éclaire, pauvres égarés en manque de sociologie historique ! Et dans un grand esprit humaniste, me voilà brassant les siècles et l’antisémitisme intrinsèque à l’Église catholique, expliquant que

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