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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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pas…
    Morgennes regarda au-dessous de lui, et vit un homme en noir
monté sur un cheval de couleur rouge. Son visage était invisible, dissimulé par
un heaume ; mais il lui sembla que les flancs de sa monture étaient, au niveau
des éperons, anormalement humides. Comme tachés de sang. L’homme, un géant,
avait à ses côtés le jeune Templier qui tout à l’heure avait tenté de
l’arrêter. Il brandissait à présent une bannière de saint Pierre exactement
semblable à celle perdue par Morgennes, à l’exception des salissures. Enfin,
Kunar Sell tenait sa hache danoise plaquée sur la gorge de Fémie, n’attendant
qu’un ordre de son maître pour la lui trancher.
    — Ridefort et ses faux Templiers peuvent venir, je les
attends, poursuivit l’homme en noir. C’est pour eux que je suis là. Tout comme
toi, j’imagine…
    — Qui êtes-vous ? demanda Morgennes.
    — Qui nous sommes ? Ceux qui vont récupérer la
Vraie Croix, pour la plus grande gloire du Temple.
    — Et toi, insista Morgennes, qui es-tu ?
    — Qui je suis ? Tu ne me reconnais donc pas, mon
beau doux frère Morgennes ?
    Morgennes l’étudia avec attention. Il chercha à croiser son
regard, mais ses yeux disparaissaient dans l’ombre de son heaume. Sa voix,
cependant, lui était familière ; ainsi que la morgue avec laquelle il
s’adressait à lui. D’autre part, l’épée qu’il avait au côté était d’un type qui
ne lui était pas inconnu. C’était une épée bâtarde. Peu de guerriers savaient
l’utiliser correctement. Enfin, il y avait ces traces de sang, à la hauteur de
ses chevilles et de ses poignets et, surtout, ce lourd surcot de chaînes autour
de son torse…
    — Sire Renaud. Tu devrais être mort…, dit Morgennes,
qui se demandait par quelle sorcellerie cet homme était encore en vie.
    — Qui te dit que je ne le suis pas ? répondit le
cavalier noir en relevant la ventaille de son heaume.
    C’était effectivement Renaud de Châtillon, monté sur
Sang-dragon, une jument que lui avait donnée Sohrawardi.
     
    Quelques instants plus tard, Morgennes se laissa conduire
dans les sous-sols du château de La Fève. De loin en loin, des puits grillagés
s’ouvraient sur il ne savait quelles autres obscurités et profondeurs
insondables, d’où jaillissaient parfois un cri sourd, une plainte. Deux hommes
avaient été chargés de l’escorter : un turcopole et le jeune chevalier
blanc. Celui-ci marchait rapidement devant eux, d’un pas assuré malgré
l’obscurité que dissipait à peine la torche du turcopole qui suivait Morgennes.
Il donnait l’impression d’anticiper chaque pouce de terrain, de savoir
parfaitement quand baisser la tête pour éviter un plafond trop bas, allonger la
jambe pour descendre plusieurs marches à la fois ou lever le pied pour éviter
un éboulis – qu’il sautait prestement. Morgennes en conclut qu’il devait y
passait le plus clair de son temps…
    Le jeune Templier s’arrêta de courir. Morgennes esquissa un
sourire et ralentit à son tour. C’était donc là ! Il regarda attentivement
à l’intérieur des cellules devant lesquelles ils passaient. Ici, le corps
dégingandé d’un adolescent, à moitié dénudé, les vêtements déchirés.
Probablement un malheureux, que des soldats en mal d’instruction avaient
torturé pour s’entraîner. Peut-être était-ce Olivier, l’esclave abandonné par
Massada ? Là, quelques cellules vides. Ailleurs, l’image fugitive d’une
jeune femme allongée à même la pierre de son cachot, la tête posée sur ce qui
semblait être un tapis de selle. Telle une icône, elle apparut dans le
flamboiement de la torche. Morgennes en eut le souffle coupé :
Cassiopée !
    À son passage, la jeune femme tourna la tête, et une lueur
de surprise brilla dans ses yeux. Il lui sembla qu’elle aussi l’avait reconnu.
    — Où m’emmenez-vous ? demanda Morgennes.
    — Silence ! ordonna le turcopole, tout en faisant
un geste obscène à Cassiopée – pour l’avertir de ce qui l’attendait si
elle faisait mine de bouger.
    Quelques cellules plus loin, le jeune chevalier blanc
déverrouilla une lourde porte de bois, qui s’ouvrit dans un grincement de gonds
rouillés. La pièce sentait l’urine, la merde et le vomi de plusieurs jours.
Morgennes fut invité à entrer dans cette salle de torture, où l’habituel
chevalet, le brasero et la cage à clous trônaient à côté d’un bric-à-brac de
poulies et de chaînes, de

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