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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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larges cercles nonchalants,
suivis de lents vols planés, que le faucon traçait dans le ciel : il
s’élevait sans battre des ailes, sans effort apparent, puis, les pattes
plaquées sous son corps trapu, se ramassait sur lui-même et se laissait tomber
comme une pierre, rouvrait les ailes et remontait en spirale dans la lumière
avec un sifflement aigu. Son vol était fait de voltes et de feintes, ponctuées
de longues plaintes. Pourquoi, pour qui dansait-il ainsi ? Car il n’y
avait aucun doute, l’oiseau ne chassait pas, il dansait.
    Saisi par la curiosité, Simon se pencha par-dessus les
créneaux, et regarda dans la plaine, jusqu’au pied du mont Thabor. Il vit un
homme en noir sur un cheval noir, suivi d’une carriole tirée par un petit âne.
    Simon avait failli à son devoir, et se morigéna
aussitôt : il serra la pierre des créneaux jusqu’à s’en faire blanchir les
articulations. Puis il saisit le cor qu’il avait pris aux Hospitaliers et sonna
l’alerte. Des bruits de pas retentirent dans l’escalier. Quelqu’un montait les
marches en courant.
    Kunar Sell le rejoignit au sommet du donjon et
l’interrogea :
    — Que se passe-t-il ?
    — Un homme en noir, avec une carriole.
    Kunar les observa un certain temps, puis dit à Simon :
    — Ce ne sont pas ceux que nous attendons…
    Simon lui demanda à qui il faisait allusion, mais Kunar ne
l’écouta pas et se tourna vers le cavalier noir, qui n’était plus qu’à quelques
arpents. Il le héla de toute la force de ses poumons :
    — Qui êtes-vous ?
    L’homme ne répondit pas. Peut-être n’avait-il pas entendu.
Kunar et Simon crièrent ensemble, après avoir pris une profonde
inspiration :
    — Qui êtes-vous ?
    Le cavalier ne répondait toujours pas, et continuait vers
eux.
    Alors, ils dévalèrent à toute vitesse l’escalier de la tour,
traversèrent en courant la salle des chevaliers, et se hâtèrent vers la
barbacane, à l’avant du château, où se manœuvrait la première herse.
    L’homme en noir et la petite carriole étaient à portée de
lance lorsque Simon demanda, sur un ton impérieux :
    — Qui êtes vous ? Par le Christ, allez-vous
répondre !
    Le cavalier tira sur les brides de son cheval et
répondit :
    — Je m’appelle Morgennes !
    — Par le Christ tout-puissant ! jura Simon, qui
n’en revenait pas.
    Déjà, à ses côtés, Kunar Sell actionnait avec frénésie la
roue qui relevait la herse.

 
18.
    « Ayez à cœur d’employer la
tromperie dans la guerre, car elle vous permet d’arriver au but d’une façon
plus certaine que la bataille dans un corps à corps sanglant. »
    (Le grand stratège
al-Mouhallab,
    dans son testament.)
     
    Morgennes regarda la herse se lever, et fit faire quelques
pas à Isabeau. De l’autre côté de la barbacane se trouvait un espace de terrain
vierge, qui donnait sur les murailles de La Fève et une seconde herse, qui
commença à s’effacer. Des hommes en armes, sur les premiers créneaux, vinrent à
sa rencontre en courant, la main sur l’épée ou la lance au poing ; tandis
qu’au sommet du chemin de ronde principal des arbalétriers et des archers se
mettaient en position – sous la houlette d’un individu à la peau sombre,
au chef coiffé d’un turban. Morgennes ne s’expliqua pas cette agitation. Qui
étaient ces gens ? Étaient-ce les Sarrasins ? Si tôt ?
    — Je viens en ami ! Je ne suis pas armé !
cria-t-il en levant une main.
    Mais des turcopoles lui arrachèrent les rênes d’Isabeau et
s’approchèrent de la carriole pour la mener à l’écart. Massada, qui avait sauté
à terre peu avant, fut rattrapé par des cavaliers sortis précipitamment. Il fut
ramené à la pointe d’une lance, s’égosillant :
    — Morgennes ! Tu me le paieras !
    On le traîna par une poterne à l’intérieur du château, où
ses cris s’éteignirent. En un instant, la carriole, Carabas, Fémie, Yahyah,
Babouche, Massada… s’éclipsèrent comme s’ils n’avaient jamais existé. Morgennes
resta seul au milieu des soldats. En quête d’un peu d’espoir, il leva son œil
au ciel – mais le faucon n’y était plus.
    — Pied à terre ! ordonna l’un des Templiers qui
l’avaient encerclé.
    Morgennes l’examina, et vit qu’il s’agissait d’un tout jeune
homme. Son uniforme ne portait pas la croix rouge des Templiers ordinaires. Il
essaya de deviner ses intentions, et se demanda jusqu’où cette jeune oie
blanche irait

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