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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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de lui décrire ce
qu’il voyait.
    — Un œil immense, blanc, regardant vers le ciel…
    — Quoi ?! s’exclama Morgennes, interloqué.
    — Non ! Ce n’est pas ça… Ce sont, c’est… Des
centaines de palmiers blancs !
    Des palmiers blancs ! Morgennes n’en avait jamais vu.
De loin, leurs frondaisons ondulaient comme des tentacules d’anémones de mer
remués par le courant. À présent, il sentait leur odeur huileuse et entendait
le vent caresser leurs feuilles, joignant son haleine aux courbes de l’oiseau.
    De hautes plantes vertes donnaient l’impression d’immenses
fourreaux, d’où sortaient les palmiers.
    — Ils sont si serrés qu’on ne peut pas passer !
s’exclama Yahyah.
    — Il doit pourtant y avoir un moyen…
    Babouche aboya. Dans un palmier, non loin de là, une
oscillation agita les branches avec un bruit mystérieux : un couple de
petits singes blancs, à tête plate auréolée d’une crinière soyeuse, l’avait
escaladé et regardait dans leur direction en se grattant le menton, l’air
songeur.
    — Quelle douce chaleur ! dit Morgennes en
souriant. As-tu remarqué comme il fait aussi de plus en plus humide ? Il
doit y avoir une source d’origine volcanique, quelque part…
    En effet, une mince colonne de fumée blanche montait au-dessus
des palmiers, et se perdait, vaporeuse et légère, dans le soir.
    — C’est l’oasis de la Main, dit Yahyah…
    — Comment l’appelles-tu ? demanda Morgennes. Les
autres l’appelaient l’oasis des Moniales…
    — C’est l’oasis de la Main, l’oasis des Palmiers blancs…
Massada l’appelait comme ça. Parce qu’elle ressemble à une main aux doigts
tendus vers le ciel…
    — Je ne vois pourtant que des palmiers environnés
d’herbes…
    — Justement, ce sont les doigts. La source, les
habitations, se trouvent dans la paume, dans une sorte de creux.
    — Comment y accède-t-on ?
    — Massada a parlé d’une route. Il dit que l’oasis est
parcourue par des sentiers, qui sont comme les lignes de la main…
    — Lequel faut-il prendre ?
    — Celui de la ligne de vie.
    Morgennes étudia sa main, et observa, songeur, les sillons
qui s’y entrecroisaient, se longeaient ou se divisaient.
    — C’est très étrange, remarqua Yahyah. Ta ligne de vie
s’arrête à un endroit, disparaît un instant, et repart sur une courte distance.
N’est-ce pas curieux ?
    Morgennes le regarda d’un air indifférent.
    — Je n’entends rien à ces choses-là, répondit-il.
Viens, faisons le tour de l’oasis. Tâchons de trouver ce qui tient lieu
d’entrée.
    Ils longèrent donc l’oasis, qui avait bien les contours
d’une main. Au bout de quelque temps, ils s’arrêtèrent devant un mince
raidillon qui paraissait plonger dans un abîme de verdure. Babouche jappa. Du
haut des arbres, une dizaine de singes blancs les observaient, immobiles, les
mains nouées sur le ventre comme de vieux sages, une sorte de sourire aux
lèvres.
    — Ils sont ici comme au spectacle ! s’esclaffa
Yahyah.
    Sur le qui-vive, Morgennes mena Isabeau le long de la pente
qui descendait, souvent abruptement, entre les fûts étroits aux hautes palmes
entremêlées. Çà et là, quelques lianes coupées témoignaient du récent passage
de Taqi, Simon et Cassiopée. Ailleurs, un tronc enfoncé dans la boue, des
traces jumelles de roues ponctuées de trous creusés par de petits sabots,
figuraient les vestiges de la venue de Massada. L’air était plein de cris de
perroquets, dont ils apercevaient parfois – l’espace d’un éclair – le
trouble plumage blanc. De loin en loin, des singes leur répondaient d’une voix
presque humaine. Il y en avait maintenant des dizaines, qui suivaient
furtivement Isabeau, se faufilant derrière un tronc ou s’aplatissant dans la
végétation dès que Morgennes ou Yahyah regardaient vers eux. On se serait cru
en pleine jungle, et Morgennes se rappela effectivement avoir traversé des
endroits similaires. Puis la moiteur s’intensifia jusqu’à devenir étouffante.
Les palmiers cédèrent peu à peu la place à d’épais bosquets de fleurs
exotiques, dans une luxuriance sans cesse renouvelée de blancs, de roses et de
jaunes. Beaucoup servaient de perchoirs aux perroquets. Ils n’hésitaient pas à
venir s’y poser, parfois à portée de main, en longues lignes de part et d’autre
de Morgennes et Yahyah – qui eurent la curieuse impression de passer en
revue un bataillon de l’armée des

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