Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
oiseaux.
    — Morgennes…
    Cette fois, Yahyah tremblait de peur. Alors Morgennes le
serra contre lui, lorsque, tout à coup, Babouche aboya : ils étaient
encerclés. Une vingtaine de guerrières en armure d’airain, armées d’arcs longs,
d’épées courtes et de fins javelots, les menaçaient de leurs armes. Pareilles à
des hamadryades, elles avaient surgi de tous les côtés de la jungle à la fois.
Certaines étaient montées sur des gazelles ivoirines, et les regardaient avec
animosité. Celles qui les visaient de leur arc avaient le calme des pierres et,
si elles n’avaient pas bougé pour les ajuster tandis qu’ils avançaient, on
aurait pu les prendre pour des statues.
    — Suivez-nous, dit pourtant l’une d’elles sur un ton
peu amène.
    Morgennes talonna doucement Isabeau et, peu de temps après,
ils arrivèrent à l’oasis proprement dite. C’était un endroit magnifique !
Dire que certains avaient parlé de Damas comme d’un paradis, alors qu’il était
là ! L’oasis, c’était les jardins sans Babylone, l’Éden sans Adam, la
pomme sans Lucifer. Figurez-vous une immense crevasse en forme de delta
inversé. Des arches mousseuses en relient les hauteurs, où sont incrustées,
telles des émeraudes, une myriade de grottes débordantes de verdure. Elles
tiennent lieu de salles communes, de pièces à vivre, d’ateliers, d’entrepôts,
d’observatoires et de chapelles… Des galeries à flanc de roche et des escaliers
taillés dans la pierre permettent de circuler de salle en salle et de
surveiller l’oasis. Çà et là, ainsi que des coulées de lave reverdies par le
temps, des jardins suspendus étagés en terrasse prolongent les grottes jusqu’au
fond de la crevasse, où cascade une rivière. Morgennes ne voyait pas l’amont de
ce petit torrent, perdu dans le brouillard, mais son aval se jetait dans une
anfractuosité de la terre, par où il s’échappait en chuintant dans une
floraison de vapeurs.
    En vérité, c’était la main de Dieu.
    Les ayant fait descendre de cheval, les femmes casquées et
en armure, le regard farouche, les emmenèrent sous un dais verdoyant. Quelques
lianes y pendaient, ajoutant à la beauté des lieux ; une guerrière coupa
l’une d’elles avec son sabre, et s’en servit pour leur attacher les mains.
    — Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
demanda-t-elle ensuite, d’une voix claire.
    Elle avait les traits d’une adolescente. Mais on lisait sur
son visage une réelle dureté ; dureté renforcée par les lignes acérées de
son casque, surmonté d’une tête de hyène.
    — Je m’appelle Morgennes, et voici Yahyah, répondit
Morgennes. Nous sommes venus en paix reprendre un bien qui m’appartient et
retrouver nos amis.
    — De quoi, de qui parlez-vous ?
    — D’une épée, de deux hommes et d’une jeune femme, qui
ont dû arriver peu de temps avant nous.
    — Ils sont nos prisonniers. Nous ne voulons avoir de
contact avec personne. Donnez-nous une bonne raison de ne pas faire de vous nos
esclaves…
    Morgennes réfléchit. Il pensa parler de Massada, mais
ignorant les termes dans lesquels celui-ci était avec les Moniales, il préféra
s’abstenir. C’est alors qu’il remarqua sur la poitrine d’une des guerrières un
médaillon en forme de palmier, identique à celui que Fémie lui avait remis, peu
avant de mourir.
    Fouillant sous sa cotte de mailles avec ses mains liées, il
dit aux jeunes femmes :
    — Attendez, regardez ceci.
    Tant bien que mal, il extirpa le bijou de Fémie et le leur
présenta. Il brillait doucement à la lumière des torches des Moniales.
    — Où avez-vous eu ça ? demanda une autre
guerrière.
    — C’est une amie qui me l’a donné, répondit Morgennes.
    — Son nom !
    — Fémie.
    Une rumeur passa de Moniale en Moniale. Elles parlaient une
langue étrange, faite de sifflements et d’intonations variées.
    — Suivez-moi ! dit la première guerrière.
    Après les avoir libérés, la soldate conduisit Morgennes et
Yahyah dans un dédale d’escaliers étroits qui serpentait de terrasses en
grottes, et de grottes en terrasses, allant toujours plus haut, traversant des
salles où s’affairaient des Moniales auprès de fours, de forges et de creusets,
de métiers à tisser, d’alambics, d’athanors ou de tours de potier. On aurait
dit une ruche humaine, aux alvéoles aussi mystérieuses qu’insondables, toutes
bourdonnantes d’activité.
    — Entrez là ! ordonna la

Weitere Kostenlose Bücher