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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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qui
est toujours vivant… Quel étrange cortège ! Est-il à mon image ?
Aujourd’hui, je n’ai plus de certitudes sur rien – si j’en ai jamais eu.
Je sais que vous devez juger Massada, mais il n’appartient pas au tribunal de
pénitence des Hospitaliers de le faire. J’aimerais que vous le laissiez partir.
Il mérite des soins…
    — Mais les larmes d’Allah ?
    — Un éléphant les a dévorées.
    Alexis de Beaujeu regarda longuement Morgennes.
    — Explique-moi.
    Morgennes raconta donc à Beaujeu comment, étant sortie de
l’oasis des Moniales, la petite troupe composée de Massada, Yahyah, Yemba,
Taqi, Cassiopée, Simon, lui-même, de plusieurs reliques (dont une tête
parlante) et d’un bon nombre d’animaux (chien, cheval, âne, éléphant, faucon)
décida de prendre vers le couchant, afin de rejoindre au plus vite le krak des
Chevaliers, d’où ils comptaient repartir vers le sud pour tenir la promesse
faite aux Moniales et à Guillaume de mettre à l’abri leurs précieux parchemins.
    — Tout le long du trajet, reprit Morgennes, Massada ne
cessa de prier, de geindre, de pleurer, de se lamenter sur son sort et sur
celui de Jérusalem, la Ville sainte, sa chérie, celle que nous – les
chrétiens – lui avions interdit d’habiter.
    — Évidemment, nota Alexis. Chaque fois que la ville
était menacée, les Juifs en donnaient les clés à ses ennemis !
    — Bref, continua Morgennes, il en fit tant que je fus
pris de pitié pour lui. Je ne parvenais pas à oublier ce qu’il nous avait fait,
à nous, les Hospitaliers, au petit roi Baudouin, à sa femme, à ses jeunes
esclaves, ce qu’il avait voulu faire à Yahyah… Mais ce fut plus fort que moi.
Je ne voulais pas être celui qui le condamnerait à mort, ayant moi-même échappé
à cette même condamnation de la façon que tu sais… J’ai donc ouvert le pommeau
de Crucifère pour en extraire les larmes d’Allah. Cela faisait bien des années
que je ne les avais pas vues, et je peux t’assurer qu’elles étaient exactement
telles qu’au jour où je les ai découvertes.
    Morgennes avait tendu la relique à Massada, qui s’était mis
à trembler de joie en la voyant. Il n’avait osé la prendre tout de suite. Puis,
s’étant enfin décidé, au moment même où il s’en saisissait, une longue trompe
grise s’était avancée et la lui avait arrachée ! Aussitôt prise, la
relique avait disparu dans la gueule de l’éléphanteau, qui la mâcha avec une
moue de contentement indéniable – de ces rassasiements que seule apporte
la contemplation, ou l’appropriation, des choses saintes.
    — Comment ! s’indigna le commandeur du krak. Vous
l’avez laissé faire !
    — Qu’y pouvions-nous ? se récria Morgennes. Je ne
suis pas plus fort qu’un éléphant, même jeune. Quant à le tuer pour les
récupérer… il les avait déjà broyées.
    — Il les a mangées !… Enfin, soupira Beaujeu, ce
qui est fait est fait. Il faut croire que tu es plus clément que Dieu, qui ne
pardonne pas à qui tu as pardonné.
    — Je ne lui ai pas pardonné, rectifia Morgennes. Mais
il est vrai que j’ai eu pitié de lui.
    — Il est encore plus mal en point maintenant…
    Les deux hommes se regardèrent gravement, un certain temps.
    Puis ils laissèrent échapper un léger rire, et se
resservirent de ce vin de Damas, dont les Hospitaliers venaient d’intercepter
une cargaison sur la route d’Homs.
    — Dieu t’a visiblement en Sa sainte garde, nota
Beaujeu. Je n’aimerais pas t’avoir pour ennemi, et je voudrais que nous
trouvions un stratagème – je sais que je pèche en disant cela – pour
te permettre, beau doux frère, d’échapper à ton châtiment…
    — On ne reviendra pas là-dessus, dit Morgennes.
    — Non, mais on peut y revenir en partie… Ce n’est pas
toi qui mérites de nous perdre, Morgennes, c’est nous qui sommes indignes de te
garder.
    Le commandeur du krak se leva, réfléchit un instant, et
lâcha :
    — Et si tu n’avais pas livré la Vraie Croix ?
    Morgennes tressaillit de tout son corps :
    — Que dis-tu là ?
    — Pardonne-moi, beau doux frère, je me suis mal fait
comprendre. Laisse-moi t’expliquer : tu avais droit à quarante jours pour
nous la rapporter, il ne t’en a pas fallu dix. Tu as accompli un exploit digne
des plus grands héros de l’Antiquité. À vrai dire, je ne connais pas d’homme
plus méritant que toi en Terre sainte…
    Morgennes n’entendit pas ce

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