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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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reverraient jamais. Puis deux Moniales arrivèrent, l’une tenant Isabeau et
Carabas par la bride, l’autre Massada, au bout d’une chaîne. Le petit homme ne
cessait de sangloter, se lamentant sur son sort, pleurant sur Jérusalem, dont
il n’arrêtait pas de répéter le nom, inlassablement :
    — Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem !
    Quand il aperçut Morgennes, Massada tomba à genoux, lui
baisa les pieds, lui demanda pardon, l’implora d’avoir pour lui la clémence de
Dieu.
    — Demande pardon à Dieu, dit Morgennes. Pas à moi.
    Massada leva vers lui son visage baigné de larmes. On aurait
dit que la lèpre y avait creusé de nouveaux sillons, plus profonds, qui
n’épargnaient pas un pouce de sa peau. Le Juif était quasi méconnaissable.
    — Pardon ! Pardon, pardon, pardon !
    — Si Dieu veut que tu sois guéri, tu le seras !
lâcha froidement Morgennes. Mais pour l’instant je n’ai pour toi que du mépris…
    Puis il se détourna pour vérifier son équipement et
s’entretenir une dernière fois avec Guillaume, lorsqu’un aboiement résonna dans
la caverne : Babouche ! Elle était suivie de Yahyah, qui portait
Rufinus dans ses bras.
    — Morgennes ! s’exclama l’enfant. J’ai cru qu’on
ne vous retrouverait jamais !
    — Et Cassiopée ? demanda Morgennes.
    — Elle est avec Simon et Taqi…
    Morgennes regarda l’enfant, puis les Moniales.
    — Notre reine leur a dit de partir, expliqua l’une d’elles.
Mais ils n’en font qu’à leur tête et ne veulent pas quitter le champ de
bataille.
    — Allons les chercher, dit Morgennes.
     
    Comme la lèpre ou les sarcoptes (ces insectes fouisseurs),
les Maraykhât envahirent les galeries et les grottes des Moniales, semant le
trouble et la mort dans chaque salle, dans chaque corridor. Les voyant
approcher du terre-plein où se tenaient Cassiopée et les Moniales armées de
leurs frondes, Simon sauta de selle, laissant à Taqi le soin d’entraîner au
loin l’éléphant – ce qu’il fit d’autant mieux que son cheval avait moins à
porter.
    — Par ici ! cria Simon en faisant de grands
gestes. Avec moi !
    Cassiopée l’aperçut et sauta à terre, mais des Maraykhât se
dirigèrent dans sa direction. Il fallait se hâter ! Avisant une gazelle qui
courait sans cavalière, Simon la saisit par la bride, l’enfourcha et la mena
vers son amie – que plusieurs Maraykhât pourchassaient, sans chercher
cependant à la tuer.
    La jeune femme sauta sur la croupe de la gazelle, que Simon
talonna de plus belle.
    — Vite ! souffla-t-elle. Allons rejoindre
Taqi !
    Autour d’eux, des flèches sifflèrent sans les toucher. Simon
se courba en avant, cherchant à se faire le plus léger possible, tandis que
Cassiopée s’accrochait à lui, s’écriant :
    — C’est la gazelle de Zénobie ! La reine des
Amazones est morte !
    Elle avait, en effet, reconnu la selle frangée d’or.
    — Raison de plus pour filer !
    Mais aux efforts des Maraykhât, qui les poursuivaient à
cheval, se joignirent ceux d’un gigantesque éléphant blanc, probablement le
mâle dominant. Ce monstre tenait dans sa trompe le corps dégingandé d’une
Amazone, dont il se servait pour frapper sur tout ce qui passait à sa portée,
la réduisant en une abominable bouillie d’os, de chair et de sang. Enfin, dans
son howdah, protégé par des boucliers, Cassiopée vit avec horreur l’homme dont
elle avait lacéré le visage à Hattin. Ce même homme qui l’avait violée à
plusieurs reprises avec ses camarades.
    — Je les tuerai ! s’écria-t-elle.
    Malheureusement, son carquois était vide.
    Les Maraykhât avaient décoré leur éléphant en l’honneur de
l’Islam, et notamment des Batinis. Des amulettes et des grelots étaient piqués
dans ses flancs, une grande main était peinte sur son poitrail, et des draps de
soie rouge cousus à ses pattes lui faisaient comme des chausses de géant. Les
Maraykhât poussèrent de violents éclats de rire, leurs yeux roulant dans leurs
orbites. Ils battirent des mains, tapèrent sur la tête de leur éléphant avec un
bâton crocheté pour le faire avancer plus vite, l’injurièrent, lui meurtrirent
le crâne jusqu’à le lui fendre. Du sang coula sur sa trompe. L’un des Maraykhât
enfin, plus fou que ses deux comparses, s’amusa à secouer le howdah en tous
sens, menaçant de les faire basculer.
    « Leur manière de faire est celle des Assassins »,
pensa Cassiopée.
    Elle retint un

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