Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
cuisinier ?
    – Oh, il est si jaloux de ses secrets que nous ne les connaissons qu'imparfaitement. Tout juste sommes-nous parvenus à lui tirer quelques détails. Il convient de mélanger de la cannelle, du poivre, un peu de gingembre et du bon vin rouge allongé de bouillon de bœuf puis de hacher menu dans cette mixture des oignons, du foie de porc, sans oublier du pain rassis.
    Sans même qu'elle le veuille, elle s'entendit prononcer :
    – J'attends, chevalier.
    Leone leva un insondable regard vers elle. Il aurait pu feindre l'incompréhension. Pas avec elle. Cette créature inouïe méritait tout son honneur.
    – Ma mission consiste à chercher et à trouver Clément, madame. Jusque-là, toutes mes tentatives se sont soldées par un échec.
    – Les miennes aussi. Pourquoi cette mission ? Qui vous l'a confiée ?
    Elle avait peine à reconnaître sa voix, douce, presque détachée. La voix d'une étrangère.
    – Le prieur de Limassol. D'autres cherchent Clément. Activement. Nos ennemis, madame, même si Arnaud de Viancourt pense qu'ils ne sont que ceux de l'ordre hospitalier. Clément souhaitait cacher les manuscrits que je lui ai confiés, n'est-ce pas ?
    – À l'évidence, mentit-elle.
    – S'ils mettaient la main sur votre fils avant moi… Dieu le préserve. J'avoue, j'ai d'abord cru que vous le dissimuliez. Je sais maintenant qu'il n'en est rien.
    Un océan gris bleu épia son visage.
    Dieu grand merci. J'ai tant souffert de ton absence ma chérie, mais Il veille sur nous. Il a interdit que je te retrouve afin que tu demeures protégée des sbires du camerlingue. Cache-toi, mon ange. Cache-toi bien. Ne sont-ils pas presque parvenus à m'occire ? Qu'aurais-je pu tenter pour te protéger quand je ne suis pas capable de flairer l'approche d'une vipère ?
    – Mon époux, où se trouve-t-il ? La vérité que l'on me tait depuis des jours, je l'exige.
    Leone crispa les mâchoires et baissa les yeux. Une longue ride fine barrait son haut front.
    – Monsieur ? insista-t-elle.
    – Je ne le puis, madame, murmura-t-il le visage penché vers son tranchoir.
    Le ton de la comtesse d'Authon se fit péremptoire :
    – La vérité à l'instant, ainsi que votre regard, monsieur. Ils me sont dus.
    Leone leva enfin les yeux et elle y lut un chagrin si violent qu'un frisson la parcourut. Elle se figea, s'attendant au pire. Il ne tarda pas à déferler sur elle.
    – Il s'est rendu en la maison de l'Inquisition sur ordre royal et a exigé le silence de tous afin de ne pas vous alarmer.
    Une interminable expiration, bouche entrouverte. Le songe éveillé qu'elle avait fait plus tôt. Ses souliers s'enfonçant dans la vase des cachots. Cette bouillie de chair qui enserrait sa cheville. Artus.
    – Madame, s'affola Leone. Défaillez-vous ? Vous êtes d'une pâleur de spectre.
    Le chevalier se leva, prêt à foncer quérir l'aide d'un serviteur. Elle l'arrêta d'un geste de la main.
    – Demeurez. Je fais partie de ces femmes à qui le recours d'une pâmoison, d'un éphémère soulagement d'inconscience, est refusé. Je le déplore. Chevalier, contez-moi une belle histoire de votre passé. Montrez-moi que l'honneur et le courage prévalent. De grâce.
    – À l'instant ?
    – À l'instant.
    – C'est que… je n'ai conservé que si peu de belles histoires contre tant d'intenables souvenirs. Une belle histoire, juste pour vous, madame. C'était à Chypre, il y a de longues années. J'étais de semaine de malades. Ma tâche consistait à faire le tour des fermes, des masures de la côte, à dispenser les soins les plus simples à ceux qu'une maladie usuelle alitait, à charger les autres dans le fardier que je menais afin de les ramener en notre hôpital. Voyez-vous, beaucoup ne viennent pas d'eux-mêmes. Ils sont si pauvres et craignent que nous réclamions de l'argent à leur famille qui crève déjà de manque. Malgré le battage que nous avons fait afin de les rassurer pleinement. Lorsque je suis arrivé dans la courette de cette chaumière délabrée, j'ai su aussitôt que quelque chose de terrible s'y était déroulé peu avant. Tout était saccagé. Un immense feu achevait de se consumer non loin des bâtiments. Je distinguai deux cadavres humains à son sommet, carbonisés. Je mis pied à terre…
    – Vous étiez seul. Les détrousseurs pouvaient se cacher, car il s'agissait de vils pillards, n'est-ce pas ? Ignorez-vous donc la peur ? l'interrompit-elle.
    Il

Weitere Kostenlose Bücher